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- Thomas, il faut qu'on discute, lâcha Newt le cœur tambourinant dans sa poitrine.

Le concerné releva les yeux de son ordinateur de travail, arquant un sourcil.

- Si c'est à propos de l'ampoule de la cuisine, je ne suis pas encore allé en acheter. Si tu n'es pas content, vas-y toi mê...

- Il faut qu'on se quitte, le coupa Newt la gorge serrée.

Le visage de Thomas changea d'expression du tout au tout mais Newt fixa ses yeux. Des yeux d'un marron qui lui parurent alors étonnamment foncé. Il espérait qu'en ne regardant que ses yeux morts de toute émotion, il garderait le courage qu'il avait réussi à se trouver pour l'affronter.

Thomas s'était levé, délaissant son ordinateur, et Newt n'avait pas senti sa main s'enrouler autour de la sienne. Il avala sa salive avec difficulté, répétant ce qu'il avait déjà annoncé peu avant.

- Mais pourquoi ? demanda simplement Thomas, sa voix se brisant.

Ne regarde que ses yeux, ici il ne peut pas mentir.

- Thomas tu te rends bien compte que ça ne va pas... On peut pas continuer comme ça, on se fera que du mal.

- T'es tombé amoureux de lui, hein ?

Sa voix semblait pleine de venin, crachant ce 'lui' avec haine. Newt ne détourna pas le regard des deux orbes ambrées face à lui. Les portes de l'âme, là où se trouvait la vérité.

- Je ne veux pas en parler avec toi, répondit Newt maitrisant sa voix tant bien que mal.

- Dis-le moi clairement.

- Dire quoi ?

- Dis clairement que tu ne m'aimes plus.

Un air de défi habilla les yeux de Thomas, se joignant à sa posture. Il avait croisé les bras, se tenant droit face à Newt qui voulait s'enterrer pour ne pas vivre cette situation.

- Je ne t'aime plus, Thomas.

Et Newt fut incapable de déchiffrer ce qui se déroula sous ses yeux. Peut-être que Thomas n'avait pas envisagé cette possibilité et qu'il comprenait qu'il perdait à son jeu, ou bien peut-être qu'il eut réellement le cœur brisé et qu'une part, aussi infime puisse-t-elle être, aimait Newt. Newt n'en savait rien mais il sentit sa persévérance s'ébrécher lorsque les yeux de Thomas s'emplirent de larmes.

- Tu peux pas me quitter, Newt ! s'écria-t-il, tentant de reprendre la main de Newt qui quittait la sienne. T'as pas le droit de me faire ça !

- Tommy, s'il te plait... Je te laisse et on en reparlera quand tu te seras calmé d'accord ?

Newt commençait à se diriger vers la porte, prenant le sac qu'il avait fait au préalable. Des bras l'entourèrent alors dans l'étreinte la plus tendre et suppliante qu'il n'ait jamais vue. Il pouvait sentir la tête de Thomas se poser dans son dos et il ferma les yeux à la seconde où Newt se rendit compte des soubresauts qui secouaient l'homme dans son dos.

- S'il te plait Newt... Me quitte pas, chuchota-t-il d'une voix blessée.

Les doigts de Newt glissèrent de la poignet, ses bras se retrouvant ballants le long de son corps. Il prit une grande inspiration et se rappela que s'il ne le faisait pas aujourd'hui, alors il ne le ferait jamais.

- Je suis désolé.

Et sa main se retrouva de nouveau sur la poignet, ouvrant la porte. L'air frais de l'extérieur fit virevolter ses longs cheveux blond et il se dégagea des bras de Thomas. A peine eut-il fait quelque pas dans la cour qu'il entendit la voix de Thomas crier dans son dos.

- Reste, tu peux pas me faire ça ! T'es tout ce qu'il me reste Newt !

Il fit de son mieux pour l'ignorer, continuant de marcher.

- Je peux pas vivre sans toi Newt. Si tu me laisses, je vais pas pouvoir m'en remettre. J'ai déjà perdu Chuck, je veux pas te perdre toi non plus. J'y survivrai pas.

- C'est faux et tu le sais. Au revoir, Thomas.

- Si tu t'en vas je me fous en l'air, et ça sera ta faute !

Newt se figea, comme gelé sur place. Il fit alors l'erreur de se retourner. Thomas était à genoux au sol, le visage rouge et ruisselants de larmes. Il n'était pas un beau pleureur. Ce qui le frappa, c'est que jamais il n'avait vu autant de désespoir chez Thomas. A vrai dire, il n'avait jamais vu grand-chose si ce n'est la colère et l'indifférence. Les mots pénétrèrent sa peau comme des balles, laissant des marques invisibles. Il ne voulait pas y croire, Thomas avait cette fâcheuse manie de mentir.

Mais si cette fois il disait vrai ? Si de toutes les menaces que Thomas lui avait lancé, celle-ci s'avérait vraie ? Newt se laissa tomber sur ses genoux devant Thomas, ses bras l'entourant et le serrant fortement contre sa poitrine. Peu importe à quel point il voulait partir, peu importe à quel point son être entier appelait Minho... Il ne pouvait pas prendre ce risque. Newt ne vivrait pas avec la mort de Thomas sur la conscience. Si Thomas était un monstre, Newt se refusait d'en devenir un.

Ses deux mains encadrèrent le visage de Thomas comme il ne l'avait plus fait depuis si longtemps. Il déposa un baiser atrocement doux sur son front et se leva, tendant la main à Thomas pour l'inviter à faire de même. Ensemble ils rentrèrent à l'intérieur et prirent place sur le canapé.

- Je suis désolé Tommy, je sais pas ce qu'il m'a pris, s'excusa Newt.

Entre temps, Thomas s'était calmé et son visage reprenait ses trait habituels. Si ce n'était le rouge de ses yeux, il semblerait que la scène précédente n'ait jamais eu lieue.

- Je vois même pas comment tu as pu croire une seconde qu'il puisse t'aimer. Personne, Newt, personne ne t'aimera à part moi. Tu es cassé. Instable. Personne ne veut de ça. Mais moi, moi je peux t'aider, je peux te reconstruire. Tu n'étais rien quand on s'est connu. Si tu me quittes, tu le redeviendras.

Newt déglutit, gardant le silence. Que pouvait-il répondre ? Son petit-ami avait raison. Il n'était rien sans Thomas. Minho ne lui avait jamais rien promis. Il ne lui avait jamais dit qu'il l'aimait. Peut-être s'était-il monté un film seul ?

Et dans l'éventualité que Thomas mente, qui voudrait d'un homme fissuré par son passage ? Si Newt n'était pas déjà brisé avant lui, il l'était désormais. L'ouragan Thomas emportait tout sur son passage. Il ne se rendit pas compte qu'il était le prochain à disparaitre. Comment Newt aurait pu croire un instant que Thomas allait être sa fin ?

Thomas mentait souvent. Mais d'une façon étrange et obscure, Newt ne voulait pas croire qu'il ne l'aimait pas. Il le lui disait, alors ça ne pouvait qu'être vrai. Deux ans à se faire répéter les mêmes mensonges, ceux-ci se déguisent en réalité. Aux côtés de Thomas, Newt voyait la vie aux travers d'un filtre.


NdA : Petite note pour prévenir que je vais ralentir le rythme de publication. J'ai pu publier aussi souvent parce que j'avais beaucoup d'avance sur les chapitres mais j'ai moins de temps maintenant pour écrire. L'avance s'est donc considérablement rétrécie, et je n'ai pas envie de totalement perdre le rythme que je m'étais trouvé. J'essaierai maintenant de poster une fois par semaine, le vendredi. :)

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