Eden

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J'ai dû choisir entre sauver mon honneur ou ma vie

Nous sommes actuellement en l'an 1239, dans un pays où règne la terreur pour mon peuple. Ce pays se nomme Eclota, et moi, je me nomme Eden. Je suis un homme-fée, enfin plutôt un demi homme-fée. Eh oui, ces créatures sorties tout droit de contes pour enfants existent bel et bien. Elles peuplent les forêts d'Eclota, au même titre que les licornes ou encore les naïades. Cependant, toutes ses créatures mythiques sont, pour les humains, surtout ceux de famille royale, un objet de convoitise. Ainsi, depuis des décennies une guerre oppose les peuples des forêts aux humains. Il va s'en dire que ces derniers gagnent peu à peu du terrain sur les forêts, grâce à leur armée, mais aussi, et j'en ai affreusement honte grâce aux personnes comme moi. Je suis un paria pour mon peuple, j'utilise les pouvoirs que j'ai hérités de ma mère fée, pour aider les humains dans leur macabre entreprise. J'y suis contraint depuis quelques mois déjà, j'en ai honte, c'est pour cela que je profite de mon temps libre pour expliquer le pourquoi du comment je suis dans cette situation et j'espère de tout cœur que mon peuple pourra un jour mettre la main sur cet écrit et comprendre que je n'avais pas le choix.

Bien, déjà, il y aurait de nombreuses choses à dire rien que sur l'histoire d'Eclota, comme on s'y attend, avant qu'un homme du nom de Kion mette en place la féodalité, les peuples des forêts et les humains vivaient en parfaite harmonie. Ce Kion est mort depuis longtemps désormais, cependant son ordre de meurtriers, qu'il a appelé sobrement Les Chevaliers de l'Espoir, et son goût pour les ressources rares que lui apportent les peuples des forêts ne sont pas morts avec lui. Ses descendants ont perpétué ces coutumes et contre mon gré je suis moi-même devenu un Chevalier de l'Espoir. Actuellement c'est le reine Loretta qui règne sur Eclota, étant la première femme à régner depuis...eh bien c'est la première fois qu'une femme à le pouvoir à vrai dire, elle paraît beaucoup plus laxiste à entendre les dires et le mécontentement de nombreux humains. Cependant, elle n'a pas arrêté les massacres que perpétuent ses chevaliers. A titre d'exemple, la semaine dernière, ils ont exterminé trois cents fées, douze sylphides, un elfe, deux licornes, et un bébé dragon. Et moi dans tout ça ? Eh bien comme je l'ai dit, je suis un de ces chevaliers, mais je ne me suis pas résolu à abandonner mon peuple, je n'ai fait que blesser quelques fées, il vaut mieux que je passe pour un piètre meurtrier plutôt que pour un traître, je n'ose imaginer ce que mes « frères d'armes » me feraient subir s'ils avaient des doutes sur mes intentions.

En y repensant, je ne serais pas dans cette situation, si j'avais écouté mon peuple, et surtout ma défunte mère. J'ai passé mon enfance dans la forêt, avec elle et des centaines d'autres fées, cependant n'étant qu'une demi-fée de sexe masculin, je n'ai pas ces jolies ailes filandreuses que les fées ont. Par conséquent, il m'a toujours été impossible de voler, et de partager le quotidien de mon peuple. Néanmoins, je ne suis pas complètement dépourvu, puisque j'ai hérité d'un fabuleux don de guérison que même de nombreuses fées aguerries ne possèdent pas, ainsi, enfant je passais mon temps à tenter de dompter des dragons sans jamais y parvenir. Je n'obtins que de nombreuses blessures, que je soignais rapidement grâce à mon pouvoir. Cependant, cela m'a vite lassé puisque je n'arrivais à rien, alors, je me suis peu à peu tourné vers le monde des humains, un monde dans lequel ma mère m'avait formellement interdit de me rendre, aujourd'hui je comprends mieux pourquoi. Et si je voulais m'y rendre ce n'était que pour une simple et bonne raison, je voulais rencontrer mon père, que je n'ai jamais pu voir, je me rappelle que, quand ma mère me parlait de lui, elle avait toujours des étoiles dans les yeux, il semblait si formidable; pour un humain j'entends. A huit ans, j'en ai vingt-cinq aujourd'hui, mon unique désir était de le rencontrer, cependant à chaque fois que j'en parlais à ma chère mère, celle si paraissait terrifiée, elle ne souhaitait vraiment pas que je cherche à le rencontrer, j'en ignorais la raison, puisqu'à la voir, tout portait à croire qu'elle ne souhaitait que le revoir elle aussi, puisque elle ne l'avait plus revu depuis ma naissance, hormis quand je lui en parlais, ce qui arrivait très souvent, elle ne semblait pas vouloir se retrouver en face de lui, elle ne paraissait pas se soucier non plus du fait que lui ne soit plus jamais venu prendre des nouvelles d'elle. Cependant, je voyais parfois des larmes brillées aux coins de ses yeux, signe que malgré les apparences, il lui manquait. Elle était aussi inquiète car elle ne savait même pas s'il était encore en vie ou non. Etant donné mon jeune âge, je n'osais pas m'impliquer dans ces affaires d'adultes, par conséquent, je ne lui ai jamais demandé pourquoi elle n'allait pas d'elle-même le voir, à l'époque je prenais même ça pour un manque de courage car j'ignorais ce qui lui faisait si peur dans le monde des humains, quand on sait qu'elle a réussi à concevoir un enfant avec l'un d'entre eux. Dorénavant, je sais que ma mère ne manquait pas de cela, elle était juste consciente du danger qui la guettait en dehors des forêts, elle tenait à sa vie, et aussi elle tenait à être là pour moi, le seul fils qu'elle n'ait jamais eu.

Les Chroniques d'HostoclassOù les histoires vivent. Découvrez maintenant