Al-Doshi : Vers un nouveau monde

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Un vent frais fouettait mon visage et l'air marin embaumait mes narines tandis que Le Mercan, frégate sur laquelle j'avais embarqué, accostait avec lenteur et précision. Je me rendis à la proue du bateau, me délectant du grincement des planches de bois sous mes pieds. Les yeux rivés sur l'activité portuaire, je sortis ma carte de ma besace. Si l'équipage ne m'avait pas menti, je venais d'accoster à Etioport, plus grande ville portuaire d'Eclota.

J'entendis le capitaine donner des ordres et en quelques secondes à peine, les voiles immaculées furent repliées, l'ancre jetée dans l'eau claire du port, et une rampe fut installé pour décharger « la marchandise ». En effet, j'ignorais ce que transportait Le Mercan, qui, étant une frégate ne devrait pas être utilisée pour ça. Cependant, quand je m'étais enquis à ce propos, le capitaine m'avait partagé son plus beau sourire carnassier en me déclarant que si je m'entêtais à vouloir découvrir le contenu des cales, je ne verrais plus jamais la terre ferme. En toute logique, je m'étais par la suite abstenu de mener ma propre enquête, prenant les menaces de ce capitaine-contrebandier au sérieux.

Etirant mes membres engourdis par la traversée, je descendis la rampe assez précipitamment, je ne voulais plus frayer avec cet équipage. Si j'avais appris, avant de monter à bord, la nature de ces hommes j'aurais préféré mourir de désespoir sur l'île où j'avais échoué. En effet je suis originaire de l'archipel des Exilés, lieu où autrefois des mages très puissants se sont ...eh bien...exilés, comme le nom l'indique, cependant plus aucune trace de magie ne demeure sur l'île, si bien que dès ma majorité j'ai souhaité partir à la découverte du monde. En particulier, je souhaitais découvrir les forêts d'Eclota, là où, d'après les légendes, se trament des phénomènes mythiques qu'un simple mortel ne peut imaginer.

Pour mener à bien ce projet j'avais dépensé toutes mes économies dans un bateau, or étant piètre navigateur, une tempête m'a surpris et j'ai échoué sur une plage de sable fin non habitée. C'est là que le Mercan m'a recueilli après quatre jours de solitude.

Aujourd'hui, Etioport s'ouvrait à moi et bientôt les Terres des peuples de la forêt en feraient de même. Un petit sourire naquit sur mon visage à cette pensée, et, c'est perdu dans celles-ci que je percutais malencontreusement une jeune femme au teint frais et aux lèvres pulpeuses enduites de carmin. Stupéfait un instant par sa beauté, je repris de suite mes esprits :

- Mes excuses, chère demoiselle, Al-Doshi, pour vous servir ! déclarai-je avec une révérence assurée, montrant ma parfaite éducation, malgré ma maladresse.

Elle eut un mouvement de recul avant de sourire, gênée :

- Ce n'est rien, cependant j'ai mal compris, veuillez m'excuser, quel est votre nom ? Al... ?

- Al-Doshi ! répétais-je en souriant

Je savais que mon nom était quelque peu étrange pour cette contrée, mais il parut avoir une résonnance monstrueuse dans l'esprit de la jeune femme qui s'empressa de couper court à la conversation, son sourire gêné toujours suspendu à ses lèvres. Son malaise me mit moi aussi dans l'embarras et je pus juste balbutier quelques mots pour prendre congé. Les dernières politesses affublées, elle détala presque. Etait-ce possible qu'elle ait remarqué la manière dont mon regard cherchait à admirer la peau dissimulée sous des tonnes de tissus et de jupons ? Non, je m'étais fait le plus discret possible. De plus étant donné sa beauté, elle devait être habituée à ce genre de regard, je doutais que je sois la raison de sa gêne en tout cas, mes yeux de hibou scruteur n'y étaient pour rien, j'y mettrais ma main à couper.

Je secouai la tête et l'aperçus au loin, pour dernier détail, ses jupes remontaient juste assez pour laisser à l'air libre, de délicates chevilles. Elle était donc un peu revêche, puisque je m'étais renseigné, une femme qui laissait entrevoir ses chevilles entières, n'attendait que la présence des hommes dans son lit. A moins que ça soit la coutume d'une autre ville ? Al' à quoi tu penses bon sang de bois, ce n'est pas le moment de fantasmer sur la première rencontre que tu fais !

Les Chroniques d'HostoclassOù les histoires vivent. Découvrez maintenant