Main : Nouvelle vie ? #1

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L'aube venait de poindre à l'horizon. La nuit que je venais de passer n'avait été que cauchemars. En reprenant forme humaine, je fis face aux relents de vomi qui s'étalait contre la souche sur laquelle je m'étais appuyée la veille. En soupirant, je recouvrai cette immondice de feuilles mortes et d'humus. J'étais si faible et également si seule. Mes muscles réveillés, je me mis en route, dans quelle direction ? L'objectif n'était toujours pas défini, je marchais vers l'ouest. Mes piètres connaissances en géographie ne me permettait pas de savoir où je me rendais.

Pas armée, sans argent, je n'osai imaginer ce qu'il adviendrait de moi si je devais rencontrer des humains. J'évitais soigneusement les sentiers mais je ne doutais pas que n'importe qui pouvait suivre mes traces s'il le désirait. J'avais quitté si précipitamment Etioport que cela en était ridicule. Je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même, encore une fois j'avais aveuglément répondu à la peur qui me tiraillait les entrailles. Maintenant que la nuit avait passé, je m'apercevais que j'avais encore pris une mauvaise décision. J'aurais dû au moins retourner au bordel pour récupérer la dague et la bourse de cuir que je cachais dans un renfoncement de ma chambre. J'imaginais qu'il ne restait rien, mais je n'avais même pas tenté, même si je parvenais à rejoindre une ville qu'y ferais-je sans argent ?

Ma bêtise me subjuguait.

Le soleil était bien haut dans le ciel quand je vis l'orée de la forêt, j'arrivais en face d'une plaine où pâturait du bétail en tout genre. Le dragon en moi se lécha les babines devant tous ces moutons forts appétissants et mon ventre me fit savoir que mon dernier repas commençait à dater. Si je ne maîtrisais pas la moitié dragon qui m'habitait, j'aurais bondi à main nues à la gorge d'une de ses pauvres bêtes. Pour éviter d'en arriver là, je cueillis de nombreuses baies avant de quitter la forêt et les fourrai dans mes poches. La présence des ruminants me faisaient espérer que l'endroit abritait quelques fermes dans lesquelles je pourrais demander l'aumône.

En effet, après avoir traversé la prairie, j'entrai dans un charmant petit village, coloré, fleuri, heureux. Je faisais tâche dans le paysage, j'avais l'impression que j'étais entourée d'une aura ténébreuse qui coupa court à toutes les frivolités dont le village était le théâtre avant mon arrivée. Je vis du coin de l'œil des bonnes sœurs effectuer des signes religieux sur mon passage. Il était clair que je ne m'attarderais pas ici. Pourtant cette animosité ne venait que des adultes, les enfants me voyaient eux comme ce que j'étais : une personne en détresse, une magnifique personne en détresse.

— Tu crois que c'est une princesse ? Entendis-je un petit garçon s'émerveiller.

J'en souris, si j'en étais une, j'étais la pire princesse qu'il pouvait rencontrer. Ma dignité en prenait un coup. Pourquoi tant d'hostilités à mon égard ? Mon pas se fit plus rapide à mesure que je quittai le village.

Je me fis une raison, si je désirais rejoindre une ville, il était préférable que je reste sur le sentier. Ainsi, ma marche reprit. Au détour d'une pâture, je remarquai deux jeunes enfants qui regroupaient des moutons. Les animaux avaient un air terrifié et en observant les enfants,  eux aussi n'avaient pas l'air serein. Je m'approchai davantage, curieuse. Ma pupille se fendit, le monde se fit plus précis, mes sens étaient décuplés. Un prédateur rodait. Même si je ne pouvais prendre la forme d'un dragon, le peu des gènes que j'avais hérités de ma mère savait m'avertir d'un danger animal... J'avais toujours espéré que cela marche aussi sur les humains, cela m'aurait évité bien des déboires.

Je m'approchai davantage et le vit : un félin sauvage, tout de fourrure vêtue, tapi dans l'herbe haute, il épiait le troupeau. Celui-ci était trop lent à fuir. Les enfants m'aperçurent et m'enjoignirent à ne pas venir. Cependant, si je ne faisais rien, le félin pourrait faire un joyeux festin, peut-être composé d'enfants. Peu importe que je ne les connaisse pas, ces humains étaient les seuls qui n'étaient pas abjectes, je ne pouvais me résoudre à les laisser eux et leur troupeau qui devait être leur seule source de revenu, supposai-je.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 25, 2023 ⏰

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