La chaleur.C'était une des seules sensations que la jeune fille arrivait à distinguer à travers le vacarme régnant autour d'elle ; elle avait terriblement chaud. À tel point, que ses cheveux s'étaient retrouvés collés à son front par la transpiration, tandis que de petites goutellettes de sueur se précipitaient le long de sa nuque.
Les dents serrées si fort qu'elles en grinçaient, la gorge brûlante à force de retenir ses hurlements de douleur, elle tentait tant bien que mal de faire abstraction des voix aux accents paniqués qui tournaient autour d'elle. Ses yeux mis-clos suivaient sans réellement le voir le ballet incessant des sages-femmes affolées, tandis que les murs blancs de la minuscule pièce tanguaient de plus en plus.
Un râle étouffé franchit la barrière de ses lèvres lorsqu'une nouvelle vague de douleur déferla soudain en elle, la ramenant brutalement à l'horrible réalité. Les voix se confondaient puis se dissipaient dans sa tête, alors même qu'elle se mordait violemment la lèvre inférieure pour retenir un nouveau hurlement. Ses doigts se refermèrent une fois de plus sur les draps sous elle, crispés si fermement sur le tissu que ses jointures ne tardèrent pas à blanchir. Elle avait mal, si mal... la douleur était insoutenable. Elle était omniprésente, elle arrivait à peine à penser à autre chose.
Douleur. Douleur. Douleur.
C'était la seule chose qui, à cet instant précis, lui assurait qu'elle était bien vivante. Qu'elle n'était pas seule.
Que bientôt, une toute petite créature, une minuscule petite chose à qui elle, avait donné la vie, allait la rejoindre.
Enfin, ses années de solitudes allaient prendre fin.
— Un, deux, trois... POUSSEZ !
Alors c'était à ça, que ressemblait un accouchement. Au fond d'elle-même, à travers la brume cotonneuse qui enveloppait son cerveau, la jeune fille se permit un ricanement ironique. Cette importante étape de la vie d'une femme, que tout le monde connaissait mais que seules les personnes de sexe féminin pouvait comprendre... voilà qu'elle était en train de la vivre.
Seule, sans personne pour l'attendre dans le couloir de la maternité en faisant les cent pas, mort d'inquiétude, sans personne pour rester à ses côtés tandis qu'elle souffrait, essayant du mieux qu'elle pouvait d'expulser de son corps celui qu'elle avait porté pendant neuf mois.
Et elle n'avait que dix-huit ans.
Bien qu'elle avait toujours été seule, elle avait naïvement pensé que le jour où cela arriverait... eh bien premièrement, elle ne serait pas aussi jeune. Deuxièmement, elle imaginait qu'enfin, pour la première fois de sa vie, quelqu'un aurait été là, pour elle. Cette personne, qu'elle aimerait et qui l'aimerait en retour, se tiendrait à ses côtés en lui tenant fermement la main, la couvant du regard comme pour lui faire comprendre, silencieusement, qu'elle ne l'abandonnerait pas.
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༗ 𝐀 𝐍𝐎𝐒 𝐀𝐌𝐄𝐒 𝐋𝐄𝐒 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐒𝐎𝐌𝐁𝐑𝐄𝐒 ༗ [multifandom]
Paranormalne" Et si un jour, vous appreniez que tout ce que vous teniez pour acquis... se révélait être un mensonge ?" Pour Silver, le bonheur n'est qu'une illusion éphémère, une utopie destructrice. Le bonheur est un songe auquel elle n'a jamais eu le droit, u...