À l'orée de l'Aube

Chapitre 28

Trois mois plus tard...

Le royaume d'Hyrule se reconstruisait peu à peu, aidé par les pays voisins dont Panah qui investissait beaucoup dans les réparations. La princesse Zelda, épaulée par Impa, avait repris le trône de son royaume et le dirigeait dorénavant avec justesse et droiture. Dès la défaite de Ganon le Fléau, le château fut en restauration, les derniers monstres avaient été chassés grâce à l'aide précieuse des soldats de Panah, notamment. De nombreux Hyliens se portèrent volontaires pour rebâtir ce qui avait été détruit, les différents peuples s'attelaient à faire renaître Hyrule de ses cendres. Les Créatures Divines, désormais inutiles, entrèrent dans un très long et paisible sommeil.

Les efforts et la persévérance de Zelda furent admirés de tous : elle consacrait ses journées à diriger son peuple, à organiser la reconstruction et à parlementer avec certains chefs d'état. En définitive, ce furent de très longues journées qu'elle vivait depuis son retour. Bientôt était prévu son couronnement pour devenir reine. Trois mois après avoir scellé Ganon, elle pouvait constater la restauration d'une partie du château, à présent habitable par ses nouveaux domestiques et intellectuels. La salle du trône, entièrement refaite, fut tout aussi belle qu'un siècle auparavant.

Quant à Astrid, ce fut elle qui dirigea Panah puisqu'elle avait libéré son pays des dix dirigeants et qu'elle avait lancé une attaque pour soutenir le héros. L'armée lui avait laissé la responsabilité de son peuple. La jeune femme décida de participer au financement de la reconstruction d'Hyrule ainsi qu'à l'annihilation des dernières créatures maléfiques. Souvent, elle venait rendre visite à la future reine et signait des décrets entre les deux pays, installant des relations diplomatiques. La paix revenait doucement et sûrement. Une ère de prospérité voyait le jour.

Une question se posait alors. Tout le monde était-il heureux ? La réponse ne pouvait être positive. Depuis la défaite de Ganon, un être vivait en permanence dans l'isolement. La mort violente et subite de la personne la plus chère à ses yeux l'avait totalement détruit. Plus rien ne comptait pour lui. Peu importe ce que devenait le royaume. Peu importe ce qu'il devenait lui-même, en tant qu'individu. Link avait perdu l'envie de vivre. Il restait tous les jours cloîtré chez lui, les volets fermés, et ne sortait que très rarement pour acheter parfois de quoi manger. Et encore... les habitants le voyaient de moins en moins. Son comportement les inquiéta tellement qu'un courrier fut envoyé à la princesse Zelda pour l'avertir. Mais elle était déjà au courant... Elle savait que Link ne se remettait pas de la mort d'Olympe. Il ne s'en remettrait jamais.

Ses dix-huit ans furent passés dans la souffrance. Une barbe était apparue sur son visage devenu pâle; ses yeux, cernés, ne reflétaient plus qu'une immense tristesse et fatigue. Zelda avait déjà compris qu'il se laissait lentement mourir. Maintes fois, elle avait tenté de le raisonner, en vain. La princesse avait l'impression de s'adresser à un mur glacial. Le mutisme de Link était total. Rien ne pouvait l'en tirer. Bien entendu, la mort d'Olympe avait grandement affecté sa jumelle, sa mère et son oncle. Pourtant, après avoir eu accès à la lettre par l'intermédiaire de Zelda, ils parvinrent à faire leur deuil et à continuer de vivre. Alors pourquoi le héros baissait-il les bras... N'allait-ce pas à l'encontre du souhait de la défunte ? Elle voulait que Link poursuive sa vie. Pas qu'il se laisse entraîner par la mort, chaque jour.

Il demeurait inconsolable. Inconsolable... Tous les soirs, la marque et le collier qui brillaient lui rappelaient douloureusement son amante et le faisaient pleurer. Son état faisait beaucoup de mal à la princesse. Un jour, dans un excès de colère due à son renfermement, elle lui avait dit d'abréger ses souffrances, si ça pouvait l'aider. La blonde le regretta bien vite... Mais ses paroles n'avaient même pas atteint le héros. Plus rien ne pouvait l'atteindre.