Chapitre 23

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  Quelques buissons se mouvaient tranquillement au gré du vent qui traversait par moments la forêt. Le calme régnait, les oiseaux chantaient avec entrain, les biches et les cerfs bondissaient gracieusement à la recherche de jeunes pousses à manger. Mais soudain, une forme frôla les buissons et brisa la sérénité de cet espace. Sa course était effrénée, son souffle, parfois, était sifflant.

Link courait à en perdre haleine : il avait quitté l'elvësch depuis une vingtaine de minutes et il s'approchait rapidement de Panahpolis. Mais au loin, quand il aperçut des bâtiments militaires, il ralentit et fronça les sourcils. Il arrivait enfin à un endroit difficile. Sa tablette ne lui donnant aucune carte des lieux, il ne put savoir s'il existait une autre route pour accéder à la ville. Seulement, celle-ci était la plus courte. L'Hylien tira sa capuche un peu plus en avant, l'air grave, et quitta le chemin pour se diriger vers l'arrière d'un des édifices, à l'abri des regards. Il fit le moins de bruit possible et veilla à ce qu'il ne croise personne.

De nombreuses caisses étaient entreposées contre les murs, du matériel militaire bordait le chemin et le rendait inquiétant. Link arriva au niveau des écuries qui renfermaient quelques chevaux peu vigoureux. Il se demanda quel pouvait être leur rôle sachant que les elvëschs restaient les meilleures montures imaginables. Alors qu'il longeait les box, une silhouette se dressa à côté de lui et ses sourcils se froncèrent aussitôt. Mais quand son regard croisa celui d'une jeune femme châtaine, le héros crut que son sang allait cesser de couler. Les yeux d'Astrid s'écarquillèrent de stupéfaction en reconnaissant le plus grand ennemi de son peuple. Avant qu'il ne puisse réagir, elle bondit sur le jeune homme, lui attrapa une épaule et traça un demi-cercle dans l'air autour d'eux. Immédiatement, une sphère bleutée apparut pour les encercler puis disparut.

- Viens vite ! s'écria-t-elle en l'entraînant vers une cabane isolée, plus loin.

Link n'eut pas le temps de comprendre qu'il se retrouva l'instant d'après entre les murs de bois.

- Tu es suicidaire ou quoi ? Qu'est-ce que tu fous là ?! lui hurla Astrid en le prenant par le col.

- Tais-toi, on va nous entendre...

- Imbécile, j'ai créé une sphère insonorisante ! Ici, tout le monde veut te tuer, tu le sais ça ?!

   Elle le fit reculer jusqu'à le plaquer contre un mur et elle sortit un coutelas avant de placer la lame sous sa gorge. Le blond serra les dents en lui jetant un regard noir. Jamais il ne s'était confronté à une femme avec autant de force.

- Je suis venue chercher Olympe ! Après tout ce qu'elle m'a raconté, je ne peux pas la laisser ici.

- Les affaires de Panah ne te concernent pas !

Astrid exerça une pression plus forte sur sa peau.

- Maintenant, tu vas payer le prix de ton imprudence !

- Si tu voulais vraiment me tuer, tu n'aurais pas créé cette sphère, et tu ne m'aurais pas emmené ici, répliqua-t-il en gardant son calme.

La soldate tiqua en plissant méchamment les yeux, prête à lui trancher la gorge. Mais son visage s'adoucit soudainement et elle laissa son bras tomber le long du corps, l'air attristé.

- C'est vrai... Je n'arrive pas moi-même à comprendre pourquoi j'ai fait ça.

Link se détendit un peu, bien qu'il restât méfiant vis-à-vis d'elle.

- Si je ne t'avais jamais vu, je ne t'aurais pas reconnu derrière cette nouvelle coupe et nouvelle teinture, affirma-t-elle en rangeant son coutelas. Mais tu devrais quand même rentrer chez toi. Ce qu'il se prépare à Panah te dépasse complètement.

À l'orée de l'AubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant