Chapitre 9

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Au centre d'une cour située à proximité du château royal, deux chevaliers s'exerçaient au combat rapproché, à l'aide de leur épée respective. On pouvait apercevoir des cheveux blonds sortir du casque de l'un d'eux, flottant avec grâce à chaque coup porté. Tout autour d'eux, leurs semblables les observaient avec attention et commentaient par moment une attaque impressionnante, ou une parade inattendue. Aucun des adversaires n'avaient l'avantage sur l'autre, mais leurs efforts n'étaient pas les moindres... Un serviteur ouvrit à la volée l'une des lourdes grilles qui menaient à la cour et se précipita vers les deux combattants.

-Che... Chevalier Karl ! l'appela-t-il en s'arrêtant, essoufflé. C'est au sujet de votre femme !

L'homme blond cessa aussitôt de se battre, imité par son camarade, et fit brusquement face au valet en affichant une expression grave.

- Elle vient d'accoucher...

Il ne fallut qu'une vingtaine de minutes au chevalier pour rejoindre sa maison, pris par une sorte de panique qu'éprouvait n'importe quel homme qui devenait père. À peine chez lui, il monta les marches quatre à quatre, poussa la porte de sa chambre et découvrit son épouse entourée par deux sages-femmes, et tenant dans ses bras un frêle bébé aux fins cheveux blonds. Le souffle court, Karl déglutit alors que ses forces le quittaient peu à peu, puis s'avança lentement vers sa femme émue. 

- Regarde notre fils, comme il est magnifique...murmura son épouse Adélaïde en frottant avec douceur la joue de son nouveau-né.

Bien qu'elle fut exténuée par l'accouchement, elle trouva la force de sourire à son mari et l'invita même à venir toucher son enfant. Le chevalier se plaça près d'Adélaïde puis posa une main sur la tête de son fils.

- Cette nuit, un rêve m'est apparu, annonça-t-elle d'une petite voix. Une femme m'a murmuré un prénom qui m'a marquée...

- Que t'a-t-elle dit ?

- Link.

Elle serra un peu plus contre elle le bébé avant de regarder tendrement son époux.

- Appelons notre fils Link.

___

Neuf ans plus tard, un jeune garçon s'entraînait au tir à l'arc dans son jardin, sous le regard pesant de son père. Ce dernier avait les bras croisés et tapait nerveusement du pied. Finalement, il claqua de la langue puis posa ses mains sur ses hanches, le visage grave.

- Fils, je t'ai déjà dit cent fois que la paume de ta main qui tient la corde doit se trouver à l'intérieur ! le sermonna-t-il durement. Je ne comprends pas pourquoi tu la tournes vers l'extérieur.

- Mon maître ne cesse de me le répéter à l'école de chevalerie.

Link décocha sa flèche qui vint se planter à quelques centimètres du centre de sa cible.

- Je me sens plus à l'aise en tirant ainsi.

Karl soupira.

- Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi... Tu n'écoutes même pas les conseils de ton père.

L'enfant plaça une nouvelle flèche dans l'encoche, le brandit en fermant un œil puis lâcha la corde après avoir bloqué sa respiration. Elle vint se loger à côté de la précédente.

À l'orée de l'AubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant