AFFECTION [TOME 3]

7.

Je me ruai sur la Volkswagen noire que je ne connaissais que trop bien, le regard inquisiteur sur les trois garçons à l'intérieur qui fumaient, fenêtres ouvertes et musique un chouia trop forte.

-Laissez-moi deviner,  y en a un qui a finalement décidé de se repentir en s'inscrivant à la fac de droit après ses multiples gardes à vue ?

Leur demandais-je mes yeux fixant avec intensité ceux de mon cousin lorsqu'il sortit de son véhicule, accompagné des deux autres zigotos.

-Ahahah, mais dis donc t'a avalé un clown aujourd'hui ! Souffla Lesram en m'envoyant en pleine figure la fumée de son joint. Je tressaillis, sentant la colère s'immiscer en moi avec perfidie. 

Je me mis à rire jaune en les regardant tous les trois prendre appui sur la voiture, l'air fière et les yeux complètement explosés. 

Seigneur, toute la bande savaient que je détestai les voir débarquer de nulle part, les yeux rouges et le teint blafard, pour venir me chercher après les cours. S'ils voulaient fumer cette merde, alors soit, mais qu'ils restent chez eux et qu'ils ne prennent pas la route putain c'était carrément dangere...

-Je vous l'avais dit les gars, venir la perquiz était une mauvaise idée. Il ne faudrait pas que la jolie et élégante Clélia soit aperçue avec des zonards de notre genre.

Aoutch. En plein coeur. Non, uppercut en plein visage plutôt. 

Je me tournai vers Mathieu, joint en bouche, qui me dévisageait avec une intensité qui me fit littéralement perdre les mots. Il...que se passait-il ? Je pensais qu'après ce que nous avions vécu ensemble au concert, nous serions plus...proches et que nous conjuguerons toutes nos fautes au passé. Avec lui c'était plutôt un pas en avant et dix en arrière !

-Ferme ta gueule frérot, tu racontes n'importe quoi ! On est pas du touuuuut des zonards, on a la classe tu veux dire !

 Tom lui asséna un coup sur la tête, sourire aux lèvres, l'esprit divaguant complètement. 

La bouche pâteuse et les poings serrés, je me surpris à quémander aux cieux leur disparition soudaine. Hâtivement, je voulus faire demi-tour optant pour le silence comme seule réponse, cependant Lesram n'en fut pas du même avis.

-C'était qui le mec en costard avec toi ? 
Demanda-t-il en saisissant mon bras avec vivacité. Ma mâchoire se crispa et mes yeux presque assassins lui firent défaire sa poigne.

-Ça ne te regarde pas !
Lui pestais-je au visage, les joues certainement rouges de colère. Bordel, il fallait que je me casse d'ici au risque que j'en prenne un et que je le cogne contre les deux autres.

-T'a un mec maintenant !? Et qui plus est, fils à papa !?
Compléta Tom en tirant une longue taff, n'effaçant guère ce stupide sourire de son faciès. 

-Bon les gars je dois vraiment aller boss...

-Laissez-la faire ce qu'elle veut les gars. Puis si elle veut se faire trouer le cul par un p'tit bourgeois du seizième qu'elle le fasse elle est...

Ce fut les mots de trop. 

 Je m'avançai dangereusement vers Mathieu qui avait clamé ces paroles salaces haut et fort, puis attrapai rudement le col de son pull. 

-Vas-y répète ça pour voir !?
Hurlais-je en le secouant d'une violence qui ne me ressemblait guère. 

Je vrillais...je...ses mots me faisaient devenir une tout autre personne avec une rage si intense. Il n'avait pas le droit de dire ça...il...on se connaissait depuis tout petit, il était celui qui me connaissait mieux que quiconque et me balancer ce genre de truc en pleine figure faisait de lui une enflure de première.