-J'ai fini.
Je sursautais de surprise face au retour de Mathieu, étant complètement avachie sur le canapé après une longue et pénible heure d'attente, voire deux...À vrai dire, j'avais perdu la notion du temps lorsque je mettais mise à réciter mon cours de droit des libertés fondamentales à tue-tête, essayant ainsi de rentabiliser ces précieuses heures que je perdais, mais ne vous méprenez guère c'était pour une bonne cause. Puis écouter PLK en live studio ferait saliver bon nombre de personnes, moi la première.
Pour tout vous dire, la mélodie qui tournait en boucle dans le studio m'était devenue bien moins insupportable à l'instant même où je m'étais mise à rapper mon cours dessus. Putain j'aurais finir par devenir complètement aliénée si cela avait duré ne serait-ce que quelques minutes de plus.
Je soufflais un bon coup, puis me mis à passer mes mains sur mon visage, essayant de reprendre contenance face au rappeur qui venait de faire sa soudaine apparition.
Il s'approcha lentement de moi, de par son attitude on pourrait presque croire qu'il avançait à reculons : s'en était limite dérisoire.Je voulus me lever afin de le rejoindre mais il m'en dissuada promptement en balançant sa tête de droit à gauche. Ses yeux fixant avec intensité les miens, sans un mot, il me fit comprendre que je devais rester assise. J'obtempérais, non sans lorgner sur ses foutues crevasses qui lui servaient dorénavant de cernes, et le laissais retourner la chaise sur laquelle je reposais, afin de pouvoir faire face à la table de mixage.
Mathieu refit le même tour de magie que tout à l'heure avec les boutons en s'inclinant légèrement vers la table, je ne pus résister et me mis à le détailler lorsque sa joue frôla la mienne inconsciemment. Ses traits tirés ainsi que ses cheveux complètement désordonnés me firent brutalement froncer les sourcils.
Cette musique lui en avait demandé tant que ça ?
Croisant les bras contre ma poitrine, en attendant de pied ferme que le rappeur lance le résultat, nous nous fixâmes d'une drôle de façon pendant plusieurs minutes. Seules nos respirations firent écho dans la pièce, et nos yeux quant à eux s'exprimèrent à notre place. Il hésitait. Voilà ce que me criaient ses yeux, à défaut que cela soit sa bouche.
Le faux blond brisa le silence quelque peu morbide dans lequel nous baignions en pressant ses lèvres l'une contre l'autre puis affirma, en jouant nerveusement avec ses bagues :
-Je t'ai dis que je t'ai...que t'étais la fille avec qui je voulais...la fille dont je suis raide dingue, donc... Bref j'vais pas faire de chichi, juste...écoute jusqu'à la fin.
J'avalais laborieusement ma salive, le coeur au bord des lèvres dû à son angoisse qui venait comprimer l'air que nous respirions difficilement.
Lui qui était du genre "je fuis les sentiments comme la peste" me faisait un vieux remake d'une histoire romantique niaise au possible ?Toujours silencieuse, je le laissais gérer cette situation atypique comme il le pouvait, tout en dodelinant de la tête face à son regard inquisiteur.
Ce n'était pas la première fois que Mathieu me faisait écouter un de ses sons, alors pourquoi l'atmosphère dans laquelle nous baignons paraissait être électrique limite palpable ?Le rappeur tourna les boutons bleus puis joua de façon si professionnelle avec les rouges, sa chaine en argent tout près de mon visage.
Mon Dieu, je ressemblais à une gamine de cinq ans à qui on demandait de retranscrire la scène qui s'était jouée sous ses yeux ébahis. Boutons bleus et rouges ? Sérieusement Clélia ? Tu étais vraiment digne d'être l'idiote du village, plus communément appelée la protagoniste d'une histoire à l'eau de rose.
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AFFECTION [TOME 3]
Hayran KurguMathieu et Clélia ont l'impression de se connaitre depuis la nuit des temps. Tom, cousin proche de Clélia ainsi que meilleur ami de Mathieu alias le rappeur PLK, peut en témoigner. Depuis môme, les deux sont indissociables. Rien ne les sépare. Jamai...