Vision

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Le don de Vue était une chose étrange.

Certains disaient qu'il s'agissait d'un troisième œil braqué sur l'avenir, un œil magique capable de percer les voiles impénétrables du temps. D'autres prétendaient que les Voyants recevaient en quelque sorte des "souvenirs" du futur. Mais toutes ces personnes s'accordaient sur une chose : la Vue était un don. Une bénédiction.

Nous nos devons de préciser une chose: aucune de ces personnes n'étaient un véritable Voyant.

Si vous demandiez à Gellert Grindelwald ce qu'il pensait de son don, il hausserait peut-être une épaule et répondrait quelque chose comme : conneries. Parce qu'aucune de ces suppositions ne s'approchaient pas même un peu de la réalité de Voyant.

Personne ne savait d'où venait le don de Vue, et personne ne savait à quoi il servait au juste. Mais il y avait une chose que Gellert pouvait vous dire avec certitude: c'était un cauchemar. Littéralement, puisque les visions arrivaient le plus souvent dans son sommeil.

Il arrivait de plus en plus souvent que le blond reste debout à des heures indues de la nuit, juste pour repousser le moment fatidique. Certaines fois, il arrivait à tenir. Et d'autres, non.

Ce soir appartenait à la deuxième catégorie.

Le jeune sorcier était penché sur un livre à moitié moisi ―la faute aux générations de bibliothécaires incompétents― qu'Albus lui avait prêté. Une thèse assez pointue sur l'effet des potions de Bavardages et leur utilité dans un contexte d'interrogatoire.

Peut-être Gellert n'aurait-il pas dû demander un livre aussi soporifique.

Les heures passaient, et il sentait ses paupières s'alourdir. Il jeta un regard à la fenêtre d'en face, chez les Dumbledore : pas de lumière. Il ne pouvait même pas écrire à Albus pour se distraire. Dans un soupir, il reprit sa lecture.

Il ne sentit pas le sommeil venir, comme un poison insidieux qui monterait de la chaleur des draps sur lesquels il était allongé pour forcer ses yeux à se fermer.

En revanche, il comprit très bien qu'il était prisonnier d'une vision, lorsqu'il se retrouva en pyjama en plein Londres.

Il avait subi ces rêves assez de fois pour comprendre qu'il n'y avait rien à faire. Aussi, il poussa un soupir résigné et inspecta les environs. Il faisait nuit, mais il devait être assez tôt dans la soirée. De gros flocons de neige dansaient devant la lumière des lampadaires. Gellert avisa la chorale au coin de la rue, les branches de houx accrochées aux portes, et grinça des dents. Noël. Il détestait Noël.

Souhaitant en finir le plus vite possible, il chercha du regard le motif de sa vision. Il avait remarqué que chacun de ses rêves se focalisait sur une personne ou un évènement précis. Plus vite il le trouverait, plus vite il serait libéré.

― Scheisse, marmonna-t-il en se mettant en marche d'un pas vif.

Ses pieds nus s'enfonçaient dans la neige boueuse, mais il ne sentait pas la morsure du froid.

Soudain, il repéra le sujet de sa vision. C'était comme si le reste était gris jusque-là, sauf cet homme élégant au long manteau et au chapeau de dandy. Il portait un cartable de professeur, et marchait à longues enjambées tranquilles.

Gellert le suivit, notant la force sereine qui se dégageait de l'homme. Il irradiait de puissance pure. Et il disait quelque chose au jeune autrichien, sans qu'il puisse mettre le doigt dessus.

L'homme semblait pressé, ce qui pouvait se comprendre, un soir d'hiver pareil. Sans doute allait-il rejoindre sa famille. Il s'arrêta néanmoins afin de donner quelques pièces aux enfants de la chorale, qui le remercièrent avec joie.

Grindeldore One ShotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant