Pressentiment

1.8K 147 297
                                    

En tant que voyant, Gellert avait appris à accorder de l'importance aux pressentiments. Ils étaient souvent justes, en ce qui le concernait.

Aussi, il n'aimait pas cette sensation diffuse d'angoisse qui lui étreignait le cœur depuis deux semaines. Un poids étrange qui l'empêchait de respirer normalement, accompagnée de l'étrange certitude qu'il s'agissait d'une chose importante.

C'était rageant.

Il vérifia par acquis de conscience les barrières magiques du château. La fiabilité de ses partisans. Les progrès de l'Obscurial. Ceux d'Abernathy, qui s'était infiltré parmi les proches d'un certain Hitler.

Tout était normal.

Il repoussa le sentiment dans un coin obscur de son esprit et décida d'attendre qu'il disparaisse. Gellert détestait les choses inutiles. Comme les pâtisseries. Les coussins. L'alcool. Les émotions. Ce n'étaient rien de plus que des distractions.

Il ignorait donc l'impression croissante d'alarme, avec un succès assez limité, il devait se l'avouer.

Et puis, il commença à cauchemarder de cellules sombres, de voix graves et déformées, de souffrance parfois. Il se réveillait alors en sursaut, un goût de sang sur la langue et une supplique au bout des lèvres. Comme s'il allait appeler une personne tout en sachant que cette dernière ne viendrait jamais.

Son attitude d'ordinaire impassible était difficile à maintenir. Il tournait comme un lion en cage dans son bureau, élevait la voix, et ses disciples finirent par l'éviter dans la mesure du possible. Il ne pouvait pas leur jeter la pierre. De toute façon, la compagnie l'irritait.

Pourquoi, pourquoi cette certitude qu'une chose fondamentale n'allait pas, alors qu'il vérifiait dix fois par jour que tout était parfait?

De plus, ses projets avançaient beaucoup plus vite, depuis quelque temps. Comme si on avait retiré un obstacle dont il n'avait même pas conscience.

Une autre semaine s'écoula, avant que l'illumination ne vienne le frapper. Sous la forme d'un Obscurial à pleine puissance.

Gellert eut tout juste le temps de créer un bouclier pour éviter d'être happé par la masse sombre. La surprise passée, il choisit d'attendre que l'orage passe. Il se demanda ce qui avait déclenché la rage du jeune homme. Aurelius était un jeune homme solitaire, timide. Pour qu'il ose venir exploser Grindelwald dans son bureau...

Enfin, les ténèbres se condensèrent pour former la silhouette voûtée du jeune prodige. Gellert effaça ses boucliers et se releva.

— Bonjour, mon garçon.

Aurélius fixait le sol, tendu. Le mage noir s'avança jusqu'à être assez proche pour le frôler.

— Tu voulais quelque chose?

Il prit soin de donner à sa voix des intonations douces, presque tendres. Le garçon était si sensible à la voix...

— Pourquoi ne pas l'avoir dit?

Le mage noir plissa les yeux.

— Quoi donc?

Pour toute réponse, le brun sortit un journal froissé de sa veste. Grindelwald s'en empara et le déplia d'un geste sec. Quelle nouvelle avait donc pu perturber à ce point le jeune homme?

Il n'eut pas à chercher loin: c'était écrit en caractères gras sur la première page.

En majuscules.

ALBUS DUMBLEDORE ARRÊTÉ : UN COMPLICE DE GRINDELWALD ?

— Was? s'écria Gellert.

Il s'empressa de lire l'article.

Grindeldore One ShotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant