Grindeldore One Shot

Feuille d'arbre

Une feuille d'un ocre magnifique se détache de la branche d'un érable sous une légère brise. En douceur, par à-coups, elle descend, avant d'être brusquement emmenée plus haut, vers le ciel nuageux. Gellert la suit des yeux, le visage immobile. Il sait que ce n'est qu'un sursis. Tout finit toujours par tomber.

Quand, enfin, la feuille s'échoue sur le sol, c'est à ses pieds. Le sorcier la ramasse et la fait tourner entre ses doigts, sans se presser. Il veut admirer chacune des nuances de cette œuvre d'art naturelle.

C'est une feuille d'érable, d'une symétrie remarquable. L'un de ses bouts est un peu racorni. Le long de ses nervures coure une ligne d'un roux sombre, qui vire à l'or sur les côtés.

Quand Grindelwald comprend ce qui a attiré son regard sur cette feuille, un rictus étire sa bouche. Bien sûr.

Si on lui avait dit dans sa jeunesse qu'il passerait cinq minutes à admirer une feuille morte, il aurait offert à cette personne son meilleur regard glacial. Si on lui avait dit qu'il le ferait parce qu'il était amoureux, il ne sait pas quelle aurait été sa réaction.

Et pourtant, il est là. Debout au milieu de la rue, avec la preuve du délit entre les doigts.

Il hésite entre laisser la feuille s'envoler (si théâtral) ou laisser parler sa frustration et froisser le végétal dans son poing. Finalement, il la laisse tomber comme si ce n'est qu'une chose sans importance.

Cela ne l'est pas.

Parce que la feuille a exactement les mêmes teintes que les cheveux d'Albus Dumbledore.