Tu sais Léa, on erre un peu comme des âmes en peine Sarah et moi.
Avant cela, et on est d'accord avec Sarah sur ce point, on avait pas grande certitude dans la "vie en générale", mais on avait quand même ce rôle bien établi : celui de grande sœur.
Et putain qu'est-ce qu'on aime ça être tes grandes sœurs.
C'est sur que ça veut dire savoir se remettre en question, ne pas avoir peur d'affronter ton caractère bien trempé, mais c'est aussi se confronter à ce joyau brut que tu nous offres si aisément : l' amour inconditionnel.
C était presque insensé de voir qu'une petite meuf si forte, si parfaite avait autant d'admiration pour nous.
Ça m éclatait même un peu à la tronche ton amour et ton envie de suivre mes pas. J avais pas l'impression de le mériter tellement dans ma tête c était l inverse.
C'est toi que je mettais et que je continue à mettre au dessus de tout, c est toi qui nous a ouvert les yeux avec Sarah sur tellement de choses, c est toi qui m'a appris à aimer sans mesure, à aimer sans frontière.
C'est toi qui m'a permis d'avancer et d être là aujourd'hui, parce que ma seule crainte, c était de te décevoir, de ne plus mériter ton amour si beau, si pur et si irremplaçable.
Et puis tu sais, ce ne sont pas des paroles en l'air,d'ailleurs tout le monde le sait autour de moi. Tout le monde sait l'admiration que j'ai pour toi, l'amour que je te porte. Il n'y a pas un endroit que j'ai aimé qui ne porte pas les vestiges de toi. Dans chaque petit endroit, chaque petit recoin de mon univers, il y a un petit morceau de toi. Parfois parce que tu es passée par là, parfois parce que j'ai tant parlé de toi que le monde t'imagine, parfois aussi parce que j'avais tellement envie que tu sois là que je t'y vois.
Tu as tout connu de moi, et partout je t'emmenais, des écoles où je travaillais, aux cafés que je fréquentais, au cirque d'hiver où je trainais..
Tu te rends compte, tout le monde te connais. Tu es "la petite sœur de la maitresse Anaïs" dans quelques cours d'école, tu es "l'indomptable karatéka", la "rebelle de Montgallet", "la beauté hypnotisante du cirque d'hiver... Tu es dans les pensées de tous tes proches évidemment, de tes ami.e.s, de tes rencontres, de tes amours, mais aussi de tous ces enfants qui t'admirent, de ses adultes que tu fascines, et d'au moins un jongleur et d'un dresseur que tu inspires..
Tu es une véritable petite muse de l'amour.
Partout où tu es passée, on lit encore l'admiration.
On voit au loin des sourires béats, des regards amoureux, des clins d'œil amusés.
On entend des souffles coupés, des murmures enchanteurs, des mélodies d'amour.
Et puis on s'interroge sur la suite...
On imagine, on voit, on devine : les sanglots de ton amour qui te pleure tous les jours, les regards vides et paumés de tes ami.e.s qui te cherchent encore et encore, les regrets, nos regrets de n'avoir pas su te protéger...
Tu sais c'est dur de le transformer cet amour. Parce que oui bien sur qu'on te le porte encore tous les jours, mais on a même plus le droit aux maladresses, aux quiproquo, à la légèreté d'un moment à tes cotés ; maintenant il doit toujours être pur et sanctifié cet amour.
Tu sais que c'est dur pour moi "le pur et le sanctifié", moi j'aime bien quand ça déconne un peu, quand ça déraille, quand ça n'a pas trop de sens et qu'on éclate de rire toutes les deux. J'aime bien quand tu me tires la tronche toute la journée mais que tu te glisses dans mon lit pour qu'on regarde une série de loups-garou ou de sorcières en s'empiffrant de cochonneries ou en se faisant livrer indien.
J'aime bien quand tu es en désaccord avec moi mais que d'un coup tu l'entends d'une autre bouche que la tienne et que tu es aux aboies pour prendre ma défense :"parce que c'est ma sœur et c'est comme ça". J'aime bien d'ailleurs quand tu fais tes petites leçons "ni vu, ni connu" à Lucille pour qu'elle fasse encore plus attention à moi. J'aime bien aussi quand tu me fais toutes ces petites attentions juste pour me faire décrocher un sourire et me rappeler que finalement "tout va bien".
Parce que c'est vrai que finalement tout allait bien avant cela. Il y a avait certes des choses pas agréables à gérer mais rien en comparer à l'abject sentiment que provoque l'absence de toi.
D'ailleurs tu as vu c'est étonnant la plupart du temps avec Sarah on parle de toi, ou l'on te parle à toi, au présent ; alors que lorsqu'on parle de nous c'est au passé.
Parce qu'au passé, dans le passé on pouvait avoir la chance d'être tes grandes sœurs. Quand on réfléchit un peu c'était d'ailleurs notre passe-temps favori, malgré la rudesse de la tâche, c'était une putain de fierté d'évoluer dans la vie avec toi pour petite sœur.
Alors bien sur tu restes notre petite sœur, mais au passé au moins on pouvait te toucher, t'embrasser, te serrer, t'engueuler, te faire rire, te faire pleurer, en plus que de simplement t'aimer.
Alors au passé, j'ai envie de rester.
Tous ces mots là j aurais du te les dire dans un joli discours pour tes 18 ans, ou lors de ton mariage de princesse dont tu rêvais secrètement, mais pas là, pas comme ça.
Pas avec autant de désespoir et de chagrin sur un bout de papier puis sur un site impersonnel... Mais il ne me reste plus que ce petit endroit pour les dire ces choses, que je voudrais te dire à toi. Parce que je n'ai pas la foi qui me permettrait de m adresser au ciel, ni l espoir que ta tombe soit un symbole.
Il ne me reste plus qu'à écrire partout où je vais en regardant la beauté de ce monde qui te perd.
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Les jours sans ailes
Non-FictionLéa c'est un petit coeur qui bat tellement fort pour le monde qui tourne autour d'elle, qu'un jour il s'épuise, s'essouffle et s'arrête. Le monde autour d'elle se trouve alors bien peiné par le vide immense que son départ va engendrer. Tandis que l...