Elle - Chapitre 7

8 6 0
                                    

Une fois à l'extérieur du bar, un frisson me parcourut, sans entamer ma bonne humeur.

— Vous avez froid ?

— Non. C'est juste qu'il y a une grande différence de température, ris-je.

— Alors, qu'avez-vous pensé de cette soirée, Mademoiselle ?

— C'était amusant. Vous avez des amis originaux...

— Faites-moi plaisir la prochaine fois : restez vous-même et remettez Éric à sa place...

— ... mais ils ont l'air globalement sympathique. Et ce n'est pas si facile d'être naturelle avec des inconnus. Je vais vous laisser jouer mon chevalier servant encore un peu..., dis-je en battant des cils.

Hakyeon cacha son sourire d'une main et pris une expression vexée.

— Je n'ai pas eu le droit à ce traitement la première fois que nous nous sommes vus...

De la main droite, je lui donnais un léger coup de poing dans l'épaule droite.

— Nous ne devrions pas parler de cet étrange jour... Il faut le laisser se perdre dans les limbes de l'oubli...

— Nope. Certainement pas. Vous allez en entendre parler longtemps, très longtemps...

— S'il vous plaît, suppliais-je en faisant la moue.

Mon voisin hocha négativement la tête avec un petit sourire fier.

— Tsk... Finalement, ce sera peut-être ma dernière sortie avec vous alors...

— Et c'est ainsi que prit fin une amitié naissante... Quelle tristesse..., dit-il en secouant la tête d'un air abattu.

J'étais stupéfaite : c'était tout ? Pas de pourparlers, pas d'excuses ? Mon voisin mima le trajet d'une larme sur sa joue, et je me mordis les lèvres pour ne pas sourire. Un grand éclat de rire me prit soudain, que je ne réussis pas à réprimer. Bientôt nous atteignîmes la porte de l'immeuble et je me forçais à me calmer – pas la peine de réveiller les voisins...

— C'est donc la fin..., dis-je en essuyant une larme de rire.

— Il reste un moyen de sauver cette relation : le tutoiement... J'imagine bien que ça doit représenter une terrible épreuve, dit-il en levant un sourcil taquin.

J'exagérais mon air déterminé, et me postais au garde-à-vous entre lui et la porte. Ses yeux étaient justes à la hauteur des miens avec mes talons.

— J'y arriverais, chef. Viens donc soigner ta lèvre, Hakyeon.

J'entrais le digit-code de la porte et nous entrâmes dans le hall de notre petit immeuble le plus silencieusement possible. Je marchais sur la pointe des pieds, en tâchant de ne pas faire résonner mes talons dans les couloirs.

Une fois troisième étage, je sortis mes clés de ma poche droite et en enfonçait une dans la serrure. Hakyeon posa la main droite sur la poignée ronde de la porte pour la pousser pendant que je maintenais la clé. A cet instant seulement, je me rendis compte que nos mains étaient toujours liées.

Amitié naissante...

J'ignorais cette pensée et le tirais dans mon appartement. Je le lâchais finalement à regret, fermant et ouvrant ma main maintenant vide.

— Je vais chercher la crème, j'arrive. Assieds-toi où tu veux.

Il hocha la tête et tira une chaise de la table de la cuisine en observant mon intérieur. Quand je revins avec la crème, il me sourit légèrement.

— Tous les sourires et les rires sont bannis jusqu'à ce que tu sois guéri, dis-je en me lavant les mains.

— Oui, ma'am, dit-il en continuant de sourire.

Je m'assis à côté de lui en levant les yeux au ciel, et déposais un peu de crème sur mon petit doigt. La main gauche sous son menton, je guidais son visage pour avoir le meilleur angle de vue sur sa blessure, avant d'appliquer la crème.

Je trouvais ça sexy. Définitivement... Je fis de mon mieux pour chasser ces pensées de mon esprit.

— Voilà !

— Merci.

— Est-ce que je peux te poser une question personnelle ?, dis-je en m'appuyant sur le dossier de la chaise, les bras croisés.

— Je ne sais pas... Ne suis-je pas sensé conserver une part de mystère pour rester intéressant ?

— Foutaises... D'où viens-tu ?

— Ah, ça ! Je suis né à Paris, dit-il avec un sourire en coin.

— Sourire interdit ! Et tu ne réponds pas pleinement à la question...

— Eh bien techniquement, si...

Le coude sur la table, il posa sa tête sur sa main. Ses yeux en amande ne lâchaient pas les miens, remuant mon estomac.

— Mais je vois ce que tu veux dire. Mon père est coréen et ma mère est hongkongaise.

Je hochais la tête en souriant.

— Deuxième question personnelle. Pourquoi habites-tu ici ? Non pas que je m'en plaigne, bien au contraire.

Hakyeon haussa les épaules.

— Les gens déménagent généralement pour suivre leur travail. Ce que fit ma mère. Et mon père a suivi. Je suis déjà allé à Hong Kong et en Corée, mais j'aime le pays dans lequel je suis né. Donc j'y reste pour l'instant.

— Moi aussi, je l'aime. Je n'aime pas le fait d'être obligée de partir à l'étranger dans mon cursus, grimaçais-je. Enfin bon, c'est un autre sujet de conversation..., dis-je en regardant l'horloge de la cuisine.

3 h 12. Okay, ne pas paniquer. NE PAS PANIQUER.

— Si tard !!! Excuse-moi Hakyeon, je déteste mettre les gens dehors, mais il faut vraiment que j'aille me coucher...

Mon voisin était déjà debout, son manteau sur les épaules.

— Et moi, je déteste m'imposer chez les gens, me rassura-t-il d'une voix douce en se dirigeant vers ma porte.

Je l'accompagnais en me tordant les mains, mal à l'aise.

— Je suis vraiment désolée...

— Pas de stress, Alessia ! Tout va bien, notre relation a été sauvée, dit-il en séparant mes mains avant d'ouvrir ma porte. Bonne nuit.

Sans réfléchir, j'agrippais sa manche.

— Je-je déteste vraiment... Bonne nuit Hakyeon, balbutiais-je en rougissant.

Hakyeon se pencha et m'embrassa la joue.

— Bonne nuit Alessia.


Le Voisin du DessusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant