Le soir, je vérifiais ma boîte aux lettres avant de monter les escaliers, mais elle était vide. Je me mordis une seconde la lèvre d'agacement, mais me calmais vite. Après tout je n'en avais pas besoin ce soir, pas la peine de me mettre dans un état pareil.
— Bonsoir Mademoiselle Martin.
Je sursautais et mes clés m'échappèrent des mains.
— Vous venez de me faire une de ces frayeurs, dis-je en me penchant pour les ramasser avant de me tourner vers lui.
Comme ce matin, il était assis sur les dernières marches de son escalier, la tête appuyée contre la rambarde, un petit sourire étirant ses lèvres. Une vision plutôt mignonne, si vous voulez mon avis.
— Vous pouvez sourire sans crainte ce soir ?, dis-je en m'avançant un peu.
— C'est mon maximum, dit-il en fronçant le nez.
Sa manière de lever les yeux vers moi à mon approche me rendit un petit peu bizarre, plus prompte au rire et au rougissement. Ce que je ne pus m'empêcher de faire. Je me dépêchais de m'assoir à côté de lui, et me frottais l'oreille pour en cacher sa rougeur. Je sentais un peu trop le poids de son regard à mon goût, ce soir.
— Que faîtes-vous encore là ?
— Une flemmardise aigue. J'en ai profité pour vous attendre, dit-il en tendant la main vers moi.
Je récupérais mon baume à lèvres avec soulagement.
— Merci beaucoup, souris-je.
Le petit sourire de tout à l'heure apparut à nouveau sur ses lèvres et il détourna calmement la tête.
— Alors, quel est le programme pour ce soir Mademoiselle ?
— La série L'arme Fatale, ou Something in the Rain. Je ne sais pas encore. Et de votre côté ?
— Pas de pastis. Plus jamais. A part ça... Aucune idée.
— Vous sortez avec des amis ?
— Comme la grande majorité des gens qui sortent, dit-il en levant un sourcil perplexe.
— Je compare mes différentes sources d'informations, pas la peine de réagir comme ça.
— Quel travail sérieux...
— Arf... Tant que c'est un sujet qui m'intéresse ce n'est pas trop difficile.
— Sortir vous intéresse ?
— Je vous l'ai dit, vous avez attisé ma curiosité. Depuis un certain temps je me demande ce que c'est, et c'est comme si vous étiez une porte vers un nouveau monde.
— Je crois que je devrais être flatté...
— C'est totalement un compliment.
— ... Mais vous savez qu'on vit dans le même monde, n'est-ce pas ?, dit-il en se tournant vers moi.
— Ce n'est qu'une façon de parler. C'est juste que nous vivons différemment.
Un long silence s'en suivit, et je fronçais les sourcils en me tournant vers lui.
— Je n'aime pas cette espèce de barrière..., dit-il en inclinant la tête sur le côté.
Mon cœur palpita et je détournais le regard.
— Ce n'est pas vraiment une barrière..., murmurais-je.
— Tant mieux, dit-il avec un sourire dans la voix. Aïe...
J'étouffais un éclat de rire et me tournais vers lui.
— Ça va aller ?
— Pas de baisers ce soir..., dit-il en s'essuyant le coin de la bouche.
— Disons que ce ne sera pas forcément agréable pour vous, mais certaines filles trouvent ça sexy.
Mon voisin me fixa silencieusement et j'en eus des papillons dans le ventre.
— Enfin, ne vous blessez pas pour avoir l'air sexy, grimaçais-je pour cacher ma gêne.
— Je tâcherai d'éviter les ennuis à partir de maintenant, alors, dit-il en se levant.
Il me tendit la main pour m'aider à me lever, et je la pris même si je n'en avais pas vraiment besoin.
— Alors, on commence par quoi ? L'existence protégée ou la virée avec les méchants loups ?
— Comme vous voulez.
— Les loups. Dans deux jours, jeudi soir. Ça vous va ?
Je révisais rapidement mon emploi du temps, et acquiesçais de la tête. Mon voisin eut un hochement de tête satisfait et me lâcha la main.
— Jeudi donc. Je serais sur votre pallier vers 20h, mangez un peu avant de sortir.
— Oui, chef.
— Bonne soirée, Mademoiselle Martin.
— Bonne soirée, voisin !
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Le Voisin du Dessus
RomansaC'est l'histoire de deux personnes confrontées à leurs insécurités et à leur tracas du quotidien. Mais c'est aussi l'histoire banale et douce de deux personnes qui tombent amoureuses, entourées de leurs amis et de leur famille.