I) Nouvelle vie

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Vous vous souvenez de moi, Paloma?
Eh bien maintenant je suis maman!

Depuis qu'Andrea est née, beaucoup de choses ont changé. Papa et maman se sont beaucoup rapprochés, et sont plus amoureux que jamais. Jules, lui, vient me rendre visite toutes les semaines pour s'occuper d'Andrea ; ses parents ont appris la nouvelle, et ont d'abord été très en colère, mais sont finalement ravis d'avoir une petite fille.
Bref, nous étions rentrées à la maison depuis maintenant une semaine. Le temps a passé si vite!
Andrea dormait dans la chambre de mes parents; ma mère ne travaillait pas et pouvait se lever la nuit en cas de besoin. Mon père, lui, pour qui l'adaptation de cette nouvelle vie a été plus difficile, n'appréciait pas trop être réveillé toutes les nuits par les pleurs du bébé.
Quand à moi, je revenais au lycée le lendemain. Après tant d'absence, je sentais que j'allais devoir me donner à fond pour remonter mes notes...

Lundi 6 mars. Mon réveil sonna tellement fort qu'il m'en fit sursauter. Décidément je n'avais vraiment plus l'habitude du réveil à six heures trente! Je descendis à la cuisine, encore les yeux fermés, et m'asseyais à table avec ma famille.
Ma mère préparait des pancakes tandis que mon père donnait le biberon à Andrea. Inès, elle, était en train d'engloutir une énorme tartine de beurre -plus grosse que mon poing- et était visiblement plus endormie que moi.
Je dis bonjour à tout le monde, et donnais le biberon moi même à ma fille, pour permettre à mon père d'avoir plus de temps pour se préparer.

-Maman, j'peux pas aller à l'école aujourd'hui steuplé ? bougonna Inès.

-Dis moi pourquoi tu n'irais pas à l'école aujourd'hui ? répondit mon père.

-J'ai pas dormi d'la nuit à cause des pleurs du bébé...

-Non mais attends ! C'est pas d'sa faute, c'est qu'un bébé ! aboyais-je à mon tour.

-Ta sœur a raison, Inès, un bébé ça pleure, et Andrea fera ses nuits d'ici quelques semaines, j'en suis sure, enchaîna ma mère.

-De toute façon elle a toujours raison depuis qu'elle a accouché ! Espèce de garce! cria Inès en quittant la table.

J'étais choquée. Jamais ma sœur n'avait réagi comme ça, même en étant casse-pieds. Vexée, je quittais la table à mon tour, et montai dans la voiture de ma mère.

-Tu sais il faut pas en vouloir à Inès, je crois qu'elle se sent vraiment mise de côté avec l'arrivée d'Andrea, dit ma mère.

-Peut-être mais c'est pas une raison pour réagir comme ça, répondit mon père.

Triste et inquiète pour ma petite sœur, je montais à l'étage la voir dans sa chambre. Arrivé près de sa porte je l'entendais soudain pleurer, mais pas vraiment les pleurs de gamin qu'elle pouvait avoir d'habitude, non, des vrais pleurs. On sentait cette fois ci quelque chose n'allait vraiment pas. Je poussais sa porte et la vis effondré sur son lit:

-Ça va Inès ? Pourquoi tu réagis comme ça ?

-laisse-moi tranquille ! De toute façon tu comprends jamais rien ! Dit-elle en se mettant la tête sous son oreiller.

Je la pris par le bras et lui dit:

-Oh oh, dis moi ce qu'il se passe!

Inès se releva sur son lit, le visage plein de larmes.

-Depuis l'arrivée d'Andrea je n'existe plus plus personne ne fait attention à moi je me sens toute seule... bafouilla t-elle.

-Oh ma puce... je lui répondis-je en relevant la mèche de son visage, mais tu sais c'est pas parce que Andrea est arrivée qu'on te laisse de côté, tu restes toujours notre petit bout d'amour!

-Oui mais personne s'occupe de moi...

Je la pris dans mes bras jusqu'à ce qu'elle se calme. Ma mère vint également dans la chambre nous chercher pour nous amener à l'école.
Décidément, cette nouvelle vie de famille s'annonçait plus compliquée que prévu. Inès souffrait, on devait faire ce qu'il faut pour qu'elle se sente bien avec l'arrivé d'une nouvelle petite fille dans la maison.

Dans la voiture, après avoir déposé Inès à l'école, ma mère me confia:

-J'espère qu'Inès ne souffre pas trop de la situation... qu'est ce qu'elle t'a dit?

-Je crois qu'elle est tout simplement jalouse d'Andrea, elle trouve que plus personne ne s'occupe d'elle...

-Je vois, dit ma mère, je vais essayer de lui accorder plus de temps, essaye de faire pareil, tu sais bien que ta sœur est fragile.

-Oui oui, mais entre le bac blanc et ses révisions, m'occuper d'Andrea, et sortir avec Pauline, ça risque d'être compliqué.

Ma mère fit les yeux ronds:

-Alors déjà tu peux enlever les sorties avec Pauline, tu auras plus de temps.

-Quoi! Maman! J'ai le droit de sortir pour m'amuser un peu quand même! Suppliais-je ma mère.

- Il en est hors de question, tu as des responsabilités maintenant. Et puis je te signale que c'est la ou tout a commencé. Si nous ne t'avions pas laissé sortir n'importe quand, tu ne serais pas allée rejoindre Jules et tu ne serais pas tombée enceinte. Allez, à ce soir, dit-elle en tendant sa joue.

Très remontée, je lui claquais la portière au nez et me dirigeais furieusement vers le lycée.

Maman trop tôt - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant