Maman trop tôt - Tome 2

III) Amitié et compromis

Le soir même, après avoir pris le bus comme l'adolescente normale que j'étais avant, je rentrais chez moi. Ma mère et mon père étaient assis dans le canapé, et Inès jouait bruyamment dans sa chambre. Je montais alors dans la chambre et découvris Andrea en train de pleurer dans son berceau. Folle de rage, je la pris dans mes bras et allai d'un pas décidé dans la chambre de ma sœur.

-OHHHHH! TU PEUX PAS FAIRE MOINS DE BRUIT! Andrea n'arrive pas à dormir!

-MAIS TU T'ES PRIS POUR QUI A ME CRIER DESSUS COMME ÇA ? J'AI BIEN LE DROIT DE JOUER NON ?! Cria Inès, furieuse.

-MAIS T'ES PAS TOUTE SEULE BON SANG !

-Oui, ben j'y suis pour rien, un bébé ça pleure. Débrouille toi, salut ! chantonna Inès en me claquant la porte au nez.

19h30.
Après avoir passé une heure trente à endormir Andrea, je descendis dîner avec mes parents. En m'asseyant, je lançais un regard noir à ma soeur. Ma mère amorça alors la conversation :

-Dis donc, je vous ai entendu vous disputer tout à l'heure, qu'est ce qu'il s'est passé?

-Rien, rien du tout, répondis je, toujours en lançant un regard noir à Inès. Au fait, j'ai quelque chose à vous dire, Jules veut prendre Andrea mercredi jusqu'à vendredi, sympa non ?

-Euh... oui sympa, mais dis moi tu crois pas que c'est trop tôt pour te séparer d'elle aussi longtemps ? Tu te sens prête ? dit ma mère.

-Ben, la vérité c'est que non, je trouve qu'elle est encore trop jeune, elle n'a que 6 mois. Mais bon, après tout, Jules est son père et il a le droit de passer du temps avec elle aussi, sachant qu'il l'a toujours vu ici depuis sa naissance. C'est peut être le moment.

-Je crois aussi que c'est une bonne idée. Dans ce cas c'est d'accord.

Très bien. J'espérais quand même au fond de moi que ma mère donne son désaccord. Je ne voulais vraiment pas laisser Andrea, j'avais l'impression de l'abandonner.

Le lendemain, après avoir passé une nuit agitée comme d'habitude, j'étais déterminée à annoncer à Pauline que je ne pourrais plus sortir la semaine, même si cela me brisait le cœur. Après être descendue de la voiture, je m'avançais vers le lycée, la boule au ventre. Pauline m'attendait dans la cour, tout sourire.

-Salut Palo ! Tu devineras jamais, je te jure, tu devineras jamais !

-Euh, non, qu'est ce qu'il y a ? répondis-je, perplexe.

-Tu sais Kevin, l'autre boutonneux, il sort avec Julie la grosse intello! Non mais j'y crois pas !!! s'esclaffa Pauline.

Il est vrai qu'elle aimait vraiment  les potins du lycée. Elle savait toujours tout. Et à vrai dire, je m'en fichais vraiment aujourd'hui. Je décidais de me lancer d'une traite :

-Écoute Pau' , faut que j'te dise un truc. Mes parents m'interdisent de sortir la semaine, on pourra plus se voir a part au lycée.

-Quoi ?! Mais ils ont pas le droit de faire ça ! T'as rien dit? Mais t'es plus une gamine, tu t'es pas laissé faire ?! cria Pauline.

-Ben non, et en ce moment c'est dur de gérer Andrea, les cours...

-Ah non ! me coupa Pauline, arrête de toujours rejeter la faute sur Andrea! A chaque fois c'est la même excuse ! La Paloma que je connais ne se serait jamais laissé faire, surtout pour sa meilleure amie!

-EH BEN FAUT CROIRE QU'ELLE A CHANGÉ ALORS! répliquai-je, furieuse.

Je sentis la déception sur le visage de Pauline.

-D'accord. T'es plus la même, je crois qu'on a vraiment plus rien à se dire.

- VAS Y! CASSE TOI ! J'AI PAS BESOIN DE TOI DE TOUTE FAÇON ! Hurlai-je.

Voilà. J'étais officiellement brouillée avec ma meilleure amie. Suite à ça, je partis me réfugier dans l'abri-bus devant le lycée pour pleurer, là où personne ne me verrait. Manque de chance, je vis des chaussures s'avancer vers moi. Je relevai le visage plein de larmes pour dévisager la personne de la tête aux pieds. C'était Jules.
Il me prit dans ses bras, pour me consoler. C'est drôle, je n'aurais jamais pensé pouvoir me confier à lui.