Maman trop tôt - Tome 2

V) Vocation

Deux semaines se sont écoulées. Je n'ai évidemment pas reparlé à Pauline, et rien de spécial ne s'est produit dans ma vie depuis. Andrea est allée chez Jules. Cela s'est très bien passé pour elle (bon j'avoue, pas pour moi) et nous nous sommes mis d'accord pour qu'elle y aille un week end sur deux ce qui me va très bien.

Nous étions le lundi 8 octobre, je sortai du bus après avoir passé une journée -comme d'habitude- épuisante. J'ouvris la porte de la maison, et la refermai bruyamment derrière moi sans m'apercevoir que ma mère m'attendait dans le couloir, tout sourire.

-Bonsoir ma puce ! Alors bonne journée ?

-Euh...oui, ça va... et toi ? Pourquoi tu souris comme ça ? Demandai-je, intriguée.

-J'ai un truc à vous annoncer hihi ! Dès que tu as fini tes devoirs, descends au salon.

C'est drôle. Je me demandais bien ce qui avait pu arriver à ma mère pour qu'elle soit aussi contente. Peut être qu'elle était enceinte ? Non non, ça ne pouvait pas être possible... Je montai alors les escaliers quatre à quatre, et jetai brusquement mon sac dans ma chambre. Il fallait que je sache ce que ma mère voulait nous dire, cela m'empêchait de me concentrer. Sur ce, je redescendis précipitamment les escaliers et m'avachis sur le canapé du salon déjà occupé en partie par mon père et Inès (Andrea était dans sa chambre, endormie).
Ma mère arriva dans le salon.

-Alors, qu'est ce que tu as d'aussi important à nous dire ? demandai-je, surexcitée.

Mon père et Inès se dressèrent sur le canapé, prêts à écouter.

-Alors voilà, je sais que ça va vous étonner mais... J'AI RETROUVÉ DU TRAVAIL !!! hurla ma mère, resplendissante.

-C'EST PAS VRAI ? Mais c'est génial mamounette ! lui répondis je ne me lançant dans ses bras.

Je savais à quel point ma mère souffrait de ne pas travailler et de rester toute la journée enfermée entre quatre murs. Le fait qu'elle retrouve du travail était un soulagement, je la savais heureuse. Inès, elle, pour qui cela ne changeait rien, dit simplement :

-Ouais, c'est cool... et partit dans sa chambre.

Un autre qui faisait une tête bizarre, c'était mon père. Complètement ébahi, il demanda à ma mère :

-Et on peut savoir quel travail tu as retrouvé, chérie? Tu ne penses pas que c'est trop tôt, tu es bien à rester ici aussi.

-J'ai été embauchée dans une entreprise de textile. Pour l'instant, je trierai les vêtements par taille, par sexe...  Mais je pourrai avoir des promotions plus tard ! Non, enfin Miguel, j'étouffe ici ! J'ai envie de gagner ma vie et de changer un peu d'air.

-Très bien, dit mon père avec un sourire très étrange (il ne semblait pas content pour elle), et tu commences quand ?

-Demain! J'ai hâte ! D'ailleurs, tu m'aideras à choisir une tenue pour mon premier jour ?

-Euh...oui, haha bien sûr ma chérie.

Ma mère partit dans la cuisine. Le sourire de mon père s'effaça aussitôt. Il était assis sur le canapé, en train de se ronger les ongles. Peut être était il en colère après ma mère. Bon après tout, ce n'était pas mon problème. J'espérais juste qu'ils n'allaient pas se disputer.

21h.
Je n'arrive pas à dormir. Mes parents se disputent depuis une heure maintenant. J'entends mon père lui dire « mais tu as perdu la tête, tu n'as pas besoin de travailler ! » ou encore « c'est n'importe quoi cette nouvelle lubie » et ma mère qui pleure. Franchement mon père abusait, il se comportait comme un gros macho. En plus, qu'est ce que ça pouvait lui faire franchement ? Je finis par m'endormir, dégoûtée.

6h30
Mon réveil sonna. Je le balançai a travers la pièce (Décidément, j'étais vraiment d'une humeur irritable ces derniers temps). Et m'habillai rapidement avant de descendre petit-déjeuner.
Ma famille était assise à table, d'une humeur maussade, mais ce qui m'attirai le plus était la tête de ma mère. Elle avait les yeux rouges, l'air fatigué.

-Ça va maman ?

-Super, pourquoi ça n' irait pas? répondit-elle.

-Maman, je sais que tu as pleuré à cause de ta dispute avec papa, (ce dernier releva brusquement la tête) et je trouve ça bête. Tu devrais te soucier uniquement de ce que toi tu veux vraiment et les autres devraient respecter ta décision. Bonne journée! Lançai-je, une tartine à la bouche.

Vu ce que j'avais lancé, j'espérais un changement de comportement de mon père.