IV) Jamais sans ma fille

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Depuis ma dispute avec Pauline, il s'était écoulé uniquement 24 heures. Disons, presque 24 heures. Je me dirigeais vers le lycée, et plus précisément, vers ma salle de cours. Je voulais que personne ne me voie sans amis. Déjà que ma réputation en avait pris un coup, ce n'était pas le moment d'empirer les choses. Bref, je n'avais pas trop envie de parler de cette dispute ni d'y penser, seulement c'était plus facile à dire qu'à faire: je croisais Pauline systématiquement. J'allais même jusqu'à croire qu'elle le faisait exprès.

Nous rentrions dans notre salle de cours. Je m'asseyais à ma place quand je remarquai Pauline qui parlait discrètement avec notre prof de physique. J'étais surprise, cela ne lui arrivait jamais. J'étais d'autant plus surprise quand elle partit s'asseoir à côté d'un autre élève -Kevin le boutonneux- qu'elle déteste alors que sa place était à côté de moi.
Il fallait que je m'y habitue, ma vie allait vraiment devenir déprimante.

12h00.
Je sortais enfin du lycée. En précipitation, car nous étions mercredi, et je devais préparer le sac d'Andrea pour Jules. Je montai alors dans la voiture de ma mère.

-Salut ma chérie, tu vas pas dire au revoir à Pauline ? Elle est derrière, lança t-elle.

J'observai Pauline à travers le rétroviseur. Elle était en train de rigoler avec Lucy, une des filles les plus populaires du lycée et qu'elle, apparemment, détestait. J'étais verte de rage. Elle n'avait vraiment aucune parole.

-Paloma ! Je te parle !

-Ah, oui pardon maman j'étais perdue. Non non, elle a un truc important à faire.

Je ne voulais pas mettre ma mère au courant de ma dispute avec Pauline. D'abord, ça ne la regardait pas, et puis j'avais peur qu'elle se sente coupable.

14h30.
Quelqu'un sonna à la porte. Je dévalai les marches des escaliers et m'empressai d'ouvrir. C'était Jules.

-Salut, je viens chercher Andrea, dit il en souriant.

-Ah Saluuut, répondis-je en souriant ( bon j'avoue, j'ai rougi aussi) , ben entre, je vais la chercher.

Je redescendis, quelques minutes plus tard avec Andrea dans son landau, ainsi que trois énormes sacs. Jules fit des yeux ronds :

-Tu es sure que j'ai besoin de tout ça ? Ma mère a acheté tout ce qu'il faut.

Ma mère, justement, débarqua également dans le couloir:

-Enfin, Paloma, je t'avais dit de ne pas prévoir autant de choses! Ça ne sert à rien !

Jules rigola. Sans prêter aucune attention à ce que dit ma mère, je lui donnais les sacs :

-Alors dans celui ci tu as le mouche bébé si besoin et les couches, et dans les deux autres tu as les peluches, les biberons et le lait.

Il prit alors les sacs et partit les déposer dans la voiture de ses parents. Il revient ensuite, et prit le landau dans lequel Andrea était endormie.

-Coucou ma puce! Tu vas venir avec papa, tu vas voir, tu vas bien t'amuser. Allez, on dit au revoir à maman !

Sentant mes larmes monter, je fis une avalanche de bisous à ma petite fille, puis mes « adieux » à Jules. Je ressentais tellement de peine à présent. Cependant j'allais être un peu tranquille et pouvoir me mettre à mes révisions de bac. J'étais ravie.

15h.
J'essayais de me concentrer sur mes révisions, mais Andrea me manquait déjà. Je n'avais vraiment pas l'habitude de ne pas m'occuper d'elle.

16h.
Je me mis à pleurer. Je n'avais pas du tout réussi à réviser. Andrea hantait mes pensées. J'imaginais sans cesse le pire : « Est ce que tout se passe bien ? » « Et si elle avait faim? » « Et si je lui manquais ? »

17h.
Ma vie n'a plus de sens.

18h.
Je pleure toujours.

19h.
Je décide d'appeler Jules. Il me rassure au téléphone en disant qu'Andrea a mangé et n'arrête pas de sourire. Je suis soulagée mais en même temps bouleversée :Et si j'étais en train de trop couver mon enfant ? Si j'étais une mère poule au point de devenir pénible ?
Il fallait que je m'y fasse après tout, je serais encore amenée à être séparée de ma fille.

Maman trop tôt - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant