Touch It • ChanBaek [En pause]

Chapitre 4

    D'après ce que Chanyeol avait compris, ces quelques pauvres dossiers n'étaient pas urgents, pas nécessaires pour les jours suivants, ils pouvaient parfaitement attendre donc l'employé était libre de rentrer chez lui dès son travail actuel terminé. Mais, bien évidemment, il n'était pas question pour le géant de louper cette occasion de s'infiltrer dans la partie sombre de l'étage. Depuis leur rencontre lors de la pause déjeuner, depuis cette altercation dont il était ressorti d'autant plus perturbé et même agacé, il attendait impatiemment une raison de le revoir. Alors, dossiers au bras, il se faisait un plaisir de sortir de son bureau et d'emprunter le couloir de droite pendant que tous les autres employés prenaient le chemin de la sortie pour profiter de leur soirée. Lui, allait surement devoir rester jusqu'à tard mais c'était son propre choix, il voulait passer plus de temps près du démon, il voulait l'observer encore et encore jusqu'à comprendre ce qui pouvait bien se passer dans sa petite tête. Pourquoi ces différentes humeurs ? Pourquoi cette froideur alors qu'il était capable de sourire également ? Pourquoi tant de rumeurs négatives à son sujet ? Il ne se doutait juste pas de l'impact qu'aurait cette nouvelle rencontre. Il avait voulu comprendre, alors il allait comprendre, avec violence.

Dans ce couloir plus sombre au fil des heures, Chanyeol avait le sentiment d'être contre le courant. Tous les employés du service comptable quittaient leur bureau, ils fuyaient même, rassemblant rapidement leurs affaires pour gagner le plus vite possible la sortie et l'air interrogatif du géant ne reçut aucune réponse tant ils se montraient pressés. Pourtant dubitatif, il se douta bien vite de la raison de tant d'empressement alors qu'une voix qu'il reconnaissait très bien se frayait un chemin jusqu'à ses grandes oreilles. À chaque pas qui l'approchait peu à peu du bureau du tant redouté, il entendait le ton froid de ce dernier se faire plus distinct, cet air sec et tranchant qui faisait soudainement se mordre une lèvre le nouvel employé tant il sentait sa tension monter. Pourtant, il ne l'avait jamais craint, même après s'être fait remettre à sa place, il n'avait pas un seul instant redouté les remontrances du petit comptable, mais cette fois-ci était différente. Il était violent, sa voix était cinglante, ses remontrances fatales et sans pitié, le géant remarquait donc qu'il n'avait été qu'un agneau lors de leur première rencontre, le vrai Mr. Byun, celui que tout le monde redoutait, était certainement celui-ci. Celui qui hausse la voix, celui qui grogne, celui qui fait trembler les murs de tout son service et qui fait fuir ses employés comme de pauvres bêtes tentant d'échapper au brasier. Chanyeol aussi commençait à hésiter. Pouvait-il se permettre de se pointer à un tel moment ? Devait-il courber l'échine et fuir également là queue entre les pattes ? Ou réussirait-il à adoucir ce personnage hors norme comme il l'avait déjà fait la veille ? Pour le coup, il en doutait fortement, l'intensité des remontrances n'était pas comparable avec les remarques qu'il s'était personnellement pris. Cette fois, c'était une mise à mort.

Le couloir était vide, les bureaux désertés, la nuit s'était déjà bien installée et le géant rasait les murs avec de moins en moins d'assurance. La colère de Mr. Byun le frappait de plein fouet alors qu'elle ne lui était pas même destinée, et lui faisait désormais face la porte entrouverte du bureau du comptable d'où il détaillait une silhouette qui n'était pas celle qu'il connaissait. Se faisant discret, il s'était adossé contre le mur à côté de la porte grise, tendant l'oreille dans l'espoir de comprendre, il se pinçait les lèvres à de nombreuses reprises sans réussir à calmer son cœur qui pulsait de plus en plus fort, pris d'une panique qu'il n'aurait pas soupçonnée.

- Vous ne faites pas un travail très compliqué me semble-t-il, non ?! Non ?! Répondez-moi ! Grondait la voix portante de Mr. Byun face à de simples couinements difficilement retenus. N'importe quel abrutit serait capable de faire votre travail ! Je le fais moi-même mille fois mieux que vous et ne vous demande qu'une seule chose ! Savez-vous ce que c'est ? Cessez de bafouiller et répondez-moi, bon sang ! Qu'est-ce que je vous demande ?!
- D... D... De ne pas entrer ici... Avait difficilement répondu une voix bien plus aiguë, coupée de soubresauts et de tremblements, à peine audible.
- Et pourtant, qu'avez-vous fait ? Questionnait le petit homme avec une sévérité qui en humiliait la pauvre femme lui faisant certainement face.
- ... Je... Suis passée hier...
- BRAVO ! Vous reconnaissez donc votre erreur ?! Vous vous rendez compte de votre incapacité ?! Vos collègues ne vous ont donc rien dit à mon sujet ? Vous n'étiez pas prévenue ? On ne vous a pas correctement expliqué votre travail pourtant SI SIMPLE et à l'UNIQUE règle ?!
- S-s-s-si, monsieur, o... On m'a expliqué à mon arrivée. M-m-m-mais... Je n'ai jamais travaillé à votre étage j-j-jusqu'à hier...
- C'est votre excuse ? Questionnait-il à nouveau, avec un calme qui en devenait inquiétant et un ton pesant. Vous manquez cruellement de professionnalisme, vous n'êtes qu'une bonne à rien, incapable de vous souvenir des subtilités de votre mission malgré la nullité de votre travail, vous n'avez qu'une chose à penser mais n'êtes bonne qu'à faire de la merde.
- P-p-pardon, monsieur, j... Je pensais réellement bien faire...
- Il ne vous est pourtant pas demandé de penser plus, juste de suivre les ordres qui vont été donnés ! Cela partait d'une bonne intention, dîtes-vous donc ? Il n'en est rien !! Vous me faites perdre mon temps ! Vous me pourrissez la vie en me forçant à rattraper vos conneries ! Vous n'êtes qu'un boulet ! Sortez de mon bureau !!