WHEN THE PARTY'S OVER - BILLIE EILISH

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Calypso ne savait plus quel jour de quel mois de quelle année elle était, elle divagait depuis quelques temps déjà. Son esprit oscillait entre fiction, rêves et réalité, elle voyait tour à tour ses pires cauchemars se concrétiser, ceux qu'elle aimait mourir, comme si on la torturait pour l'éternité, puis le visage inquiet d'Alec ou du médecin ou de Clary ou de Raphaël se pencher sur elle. Elle avait tantôt chaud, tantôt froid, elle ne contrôlait plus rien. Elle se demanda un instant si ce n'était pas la dernière chose qu'elle verrait avant de mourir.

Finalement, ses yeux s'ouvrirent. La faible lumière de la lampe accroché au plafond lui fit froncer les sourcils mais péniblement, sa vision s'acclimata et elle vit enfin plus clair. L'infirmerie, la blancheur immaculée de ses murs, le matériel médical sur la table en métal, le bip continuel de son moniteur cardiaque, Alec assis sur une chaise à côté de son lit, regardant sans enthousiasme à travers la fenêtre. Le moniteur cardiaque se mit à biper un peu plus vite.

- Alec, croassa-t'elle d'une voix faible.

Il tourna son visage vers elle et ils se regardèrent une poignée de secondes sans rien dire. Leurs yeux exprimaient à eux seuls toute une conversation.

- Tu m'as tellement manqué, murmura-t'il d'une voix étranglée. Je... j'ai cru que plus jamais...

Sa voix se brisa et il baissa la tête sans pouvoir terminer sa phrase. Tant bien que mal, Calypso leva le bras pour venir essuyer avec délicatesse la larme solitaire qui dévalait sa joue. Il s'abandonna à son contact en fermant les yeux et posa sa main sur la sienne. Il effleura ses doigts de ses lèvres, les embrassa doucement.

- Depuis combien de temps est-ce que je suis ici ?, lui demanda-t'elle en le regardant faire.

- Trois jours, répondit-il en reposant sa main contre les draps sans la lâcher pour autant. C'était le temps qu'il fallait pour éliminer l'effet de la rune de jumelage de ton organisme, expliqua-t'il en voyant son air surpris.

Calypso tourna la tête sur le côté, songeuse. Elle ferma les yeux et serra les paupières fort, pour cnasser les images qui naissaient derrière celles-ci. Le sang, la souffrance, la peur. Elle referma brusquement son poingt pour empêcher ses doigts de trembler et pour le cacher aux yeux d'Alec, en vain.

- Alec, je... Combien de personnes est-ce que j'ai blessé ?, voulut-elle savoir.

Alec soupira et se mordit la lèvre.

- Tu n'as pas à t'infliger ça.

- Dis-moi, le coupa-t'elle en se tournant vers lui. S'il te plaît.

Alec baissa les yeux vers ses mains qu'il s'était mit à triturer nerveusement.

- 43, lâcha-t'il. Quatre dans un état critique, les autres plus ou moins légèrement.

- Et... et les morts ?, murmura-t'elle en écarquillant les yeux.

- Il y en a 9, souffla Alec d'un air désolé.

Les lèvres de Calypso s'entrouvrirent légèrement et elle réalisa l'horreur de ses actions. Des gens étaient morts par sa faute, elle les avait tué de sang-froid. Elle n'était rien de plus qu'une meurtrière, comme son frère, comme Valentin, comme toutes les personnes qu'elle méprisait le plus au monde.

- Ce n'était pas ta faute, tenta Alec pour la consoler. Tu étais sous l'emprise de Jonathan.

- Tu ne peux pas comprendre ce que c'est, déclara-t'elle en secouant la tête. Quelqu'un entre dans ta tête et tu dois obéir à ses moindres ordres. Ça te détruit intérieurement Alec.

- Caly...

- Mais le pire dans tout ça, reprit-elle avec un regard de folle, c'est que j'étais consciente de mes actes. Je savais ce que je faisais, et tu sais quoi ? J'en ai même pris du plaisir !, éructa-t'elle d'un air profondément dégoûté. Je voyais ces gens se tortiller dans tout les sens comme des putains de serpents, je les voyais se vider de leur sang et qu'est-ce que ça me rendait heureuse !

- Arrête, lui dit Alec d'une voix ferme.

- Ça me rendait tellement heureuse, poursuivit-elle comme s'il n'avait rien dit. Comme rien d'autre sur Terre ne le pouvait. Par l'Ange, c'était devenu jouissif. Tu vois, je ne suis qu'une tueuse, une putain de psychopathe. Je tue des gens, j'exécute les ordres, peut-être que je suis un soldat finalement ou une tueuse à gages, j'aurai de l'avenir dans le métier ! Pas une goutte de sang, pas une trace, juste un bon vieux cadavre puant déposé devant votre porte, frais de port inclus bien sûr. Seigneur, comment je pourrai encore me voir dans une glace après tout ça ?

Alec prit doucement son menton entre son pouce et son index pour tourner son visage vers lui. Il vit ses yeux pleins de larmes amères, il vit son expression d'enfant terrorisée ( ce qu'elle était devenu finalement ), il vit sa détresse transparaître dans tout son être.

- C'est fini maintenant tout ça, lui assura-t'il'il d'une voix calme. Jonathan n'a plus aucune emprise sur toi, ne le laisse pas t'atteindre alors qu'il est loin.

Calypso hocha la tête et resta silencieuse un moment avant de froncer les sourcils.

- Vous l'avez arrêté j'espère ?

- Il s'est échappé, déclara Alec en baissant à nouveau la tête. Mais toutes nos équipes disponibles sont sur le coup et des renforts arrivent d'Idris. Où qu'il soit, nous l'attraperont.

- Il le faut Alec, affirma-t'elle en aggripant son bras. Il est capable de tout.

Il hocha la tête et, rassurée, elle déssera sa poigne en laissant sa tête retomber contre les oreillers. Hésitante, elle se mordit la lèvre inférieure en laissant ses doigts se promener sur la main d'Alec.

- Tu... tu m'aimes toujours ?, le questionna-t'elle prudement.

La puérilité de sa question le fit sourire. Il se pencha vers elle et, avec un geste empli d'amour, remit une mèche de cheveux blond qui lui tombait devant les yeux derrière son oreille.

- Rien au monde ne pourrait changer tout ce que je ressent pour toi. Même si je le souhaitais, je ne pourrais jamais cesser de t'aimer.

T2: For you/ Alec LightwoodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant