TROP BEAU - LOMEPAL

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Calypso retournait la quasi-totalité des bouquins de la Bibliothèque de Verre, elle en tournait frénétiquement les pages, les refermait brusquement avant de les jeter par terre. À chaque fois, ils s'envolaient avant d'atteindre le sol et revenaient à leur place initiale dans les rayonnages. Elle avait perdu le fil du temps, mais elle supposait que cela faisait plusieurs heures qu'elle était enfermée dans la Bibliothèque sans en sortir.
Elle ne croyait pas les Frères Silencieux lorsqu'ils lui disaient qu'il n'existait pas de remède connu pour effacer la rune de jumelage. Si elle existait, c'est que quelqu'un l'avait déjà eu, et l'avait enlevée. Le meilleur moyen d'en trouver une quelconque trace était de fouiller dans les livres contenus dans la Bibliothèque de Verre, la plus complète du monde.

Calypso ferma un énième livre et en se dirigeant vers un autre rayonnage, elle vit brusquement des tâches noires danser devant ses yeux. Elle tituba en arrière et dut se cramponner à la table pour ne pas tomber en arrière. Elle s'assit finalement sur un des fauteuils, il lui fallut plusieurs secondes pour reprendre ses esprits. Évidemment que son corps finirait par la lâcher, elle n'avait rien avalé et n'avait pas dormi depuis plus de 24 heures. Elle posa doucement la main sur sa rune de jumelage et la sentit pulser sous ses doigts comme si son coeur était dessous. La nausée la submergea, elle se pencha en avant pour vomir, mais son estomac était vide, c'était peine perdue. Tant bien que mal, elle finit par se relever pour revenir à sa table et continuer ses recherches. Elle devait trouver quelque chose, elle n'avait plus le choix à présent.

Son téléphone vibra sur un des guéridons, elle y jeta distraitement un coup d'oeil.

De Alexander
Je suis devant la porte, ouvre-moi.

Elle claqua des doigts et une fumée mauve s'échappa de ceux-ci pour traverser l'appartement jusqu'à la porte. Quelques secondes plus tard, Alec apparut à l'embrasure de la pièce et s'adossa au chambranle sans qu'elle ne réagisse. Le silence dura et dura longtemps et permit à Alec de relever son teint blême, ses cernes lourdes ses lèvres sèches.

- Ne t'attend pas à ce que je dise quelque chose, dit-elle finalement sans le regarder.

- Qu'est-ce que tu fais ?, demanda-t'il sans relever sa phrase.

- Je cherche une solution pour enlever cette putain de rune, répondit-elle sur le ton de l'évidence.

- Caly, si les Frères Silencieux disent que ça n'existe pas, tu ne risques pas de trou...

- Tu as déjà entendu parler de la bataille entre l'Archange Michel et Lucifer ?, le coupa-t'elle en levant la tête vers lui.

Alec fronça les sourcils et se retrouva à côté d'elle en quelques enjambées. Elle lui désigna une illustration dans un livre ancien représentait l'Archange Michel et le démon Lucifer en train de se battre. Sur leurs torses dénudés, on pouvait apercevoir la même rune que celle qu'avait Calypso, exactement au même endroit.

- Michel enfonça la Glorieuse à travers la peau de Lucifer ; leur lien fut ainsi rompu à jamais, lut-il à voix haute. La Glorieuse envoya Lucifer en Enfer et disparut pour l'éternité.

- Donc la Glorieuse serait une sorte d'épée ?, demanda Calypso à voix haute. Où pourrait-on la trouver ?

- Attend, tu... tu es sérieuse ?, s'exclama Alec en se mettant face à elle. C'est de la pure folie, on parle d'Anges, on ne sait même pas si c'est vrai, tu vas vraiment risquer ta vie pour ça ?

- Oui, je vais le faire !, hurla-t'elle si brusquement qu'Alec recula de plusieurs pas d'instinct. Parce que je n'ai pas le choix. À chaque putain de seconde qui passe, je sens ce truc sous ma peau, comme s'il vivait à travers moi, c'est comme si Jonathan est en permanence avec moi et ça me rend folle ! Je ne veux pas devenir comme lui, je ne veux...

Calypso s'interrompit, les sourcils froncés. Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose et, d'une manière abrupte, elle s'affaissa au sol, comme si ses jambes ne pouvaient plus supporter son poids. Alec la rattrapa de justesse avant qu'elle ne s'effondre totalement. Les yeux à moitié clos, elle ne réagit pas et fronça à nouveau les sourcils en respirant plus vite que d'ordinaire. Le coeur d'Alec s'emballa dans sa poitrine.

- Bon Dieu de merde, grogna-t'il en glissant un bras sous ses genoux et l'autre dans son dos pour la porter, qu'est-ce que tu t'es fait ?

- Je vais bien, dit-elle en clignant plusieurs fois des yeux, comme aveuglée par une lumière inconnue

Il l'amena jusqu'au canapé et la déposa dessus avec mille précautions. Elle se redressa aussitôt en position assise, la main cramponnée au tissu jusqu'à rendre ses jointures blanches. Elle tremblait, son visage blême était recouvert d'une fine pellicule de sueur. Alec se redressa et se mit à arpenter nerveusement la pièce en se passant les mains sur le visage de manière complétement excédée.

- Alec, chuchota doucement Calypso.

- Tu n'as pas le droit, non, tu n'as vraiment pas le droit..., répétait-il sans même l'écouter.

- S'il te plaît, arrête !, dit-elle un peu plus fort cette fois-ci alors que des larmes salées commencèrent à dévaler ses joues à toute vitesse.

- Non !, hurla-t'il comme possédé. Tu n'as pas le droit de te laisser dans un état pareil putain ! Je ne peux pas te perdre, je... Je ne suis rien sans toi, tu n'as pas le droit de me faire ça putain !

- Pourquoi est-ce que tu es aussi égoïste, murmura-t'elle de manière presque inaudible en baissant les yeux.

Alec se calma aussi vite qu'il s'était emporté et, choqué, il avisa son visage déformé par les sanglots, émacié.

- Va-t'en.

- Calypso, je...

-JE T'AI DIT DE T'EN ALLER !, s'écria-t'elle en se relevant brusquement.

Il ne bougea pas. Elle leva la main vers lui, lui lança un dernier regard qu'il ne sut pas déchiffrer et ramena sa main vers elle. En à peine un quart de seconde, il attérit dans sa chambre à l'Institut, complètement sous le choc.

Prise d'une rage folle et démesurée, Calypso s'empara du cadre contenant la photographie d'elle et ses parents quand elle était bébé et la jeta de toute ses forces sur le mur où elle se brisa en mille morceaux.

Ils avaient raison. Elle n'était rien de plus qu'un monstre.

- Toi et moi, on est pareils, lui susura la voix de Jonathan dans sa tête. Exactement pareils.

T2: For you/ Alec LightwoodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant