La survie de la flamme

Sauf une fois au chalet

Les flocons tombaient du ciel dans une valse tranquille, se déposant habilement sur les branches des sapins qui entouraient le complexe où nous nous apprêtions à passer les prochains jours. Je n'étais venue en Alaska que pour des voyages professionnels : ça ne me laissait pas le temps de découvrir ces contrées reculées des États-Unis. Néanmoins, c'était justement pour ça que je m'y rendais pour le travail. Dans ces habitations perdues au milieu des immenses forêts, toutes les meilleures conditions étaient réunies afin de tester de nouvelles technologies en toute discrétion.

Au programme cette fois-ci, le premier drone de Flame Industry. Sa batterie était inépuisable, puisqu'il pouvait voler en continu pendant près d'une semaine sans demander une recharge. Son but survoler une habitation afin d'agir telle une caméra de surveillance qui signalerait les éventuelles arrivées non-désirées. A l'aide de son logiciel de vidéo embarquée, nous pouvions voir ce qu'il voyait grâce à une tablette que l'on pouvait garder au chaud dans notre habitation. Nous pouvions également le piloter depuis là, ou le laisser en mode automatique pour qu'il fasse ses rondes comme elles furent programmées.

Chacun de nos petits chalets possédait son drone attitré qui surveillait les alentours. Durant la durée du séjour, rythmé par plusieurs conférences, présentations et brainstormings, nous devions tester ces nouveaux petits bijoux de technologies qui faisaient la fierté de Raven Reyes. Encore une fois, Flame Industry allait se démarquer dans le domaine des intelligences artificielles dernier cri.

Cependant, je n'avais pas encore d'idée de nom pour ce nouveau prototype. J'en avais bien eu une, mais celle-ci était tombée à l'eau le jour où Alexis avait surgi dans ma vie...

... Et dans mon chalet. Qu'est-ce qu'il m'avait pris de lui proposer de loger dans le mien ? Tout avait été malicieusement ficelé, évidemment. Mais plus ça allait et plus je me demandais si la meilleure solution était de poursuivre Bridge comme je le faisais. Cette jeune femme m'intriguait. Elle avait piqué ma curiosité à vif et aujourd'hui je ne pouvais vivre sans chercher à en savoir plus sur elle. Je comptais bien percer ses mystères lors de ce voyage. Pourtant, je ne devais pas me laisser emballer. Costia m'attendait à la maison et n'avait aucune idée des personnes qui m'accompagnaient durant ces quelques jours. Elle pensait à de simples collègues, comme ce fut toujours le cas. Le problème étant qu'Alexis Bridge n'était pas une simple collègue.

Après le souper, qui se déroulait dans une salle commune, les employés sélectionnés pour le voyage avaient pu retourner dans leurs quartiers. J'étais restée un peu plus longtemps avec Raven afin de parler de l'installation des drones que nous étions venus tester. Ils seraient effectifs dès le lendemain et ce jusqu'à la fin du voyage. Je me séparai de l'ingénieure, lui souhaitant une agréable soirée. Sur le chemin de mon chalet, j'appréhendais mon tête-à-tête avec Alexis qui devait déjà s'y trouver. Je ne savais pas où est-ce que cela allait nous mener. Je me demandais si ça n'était pas une erreur. Je franchis la porte d'entrée, retrouvant la chaleur agréable du cabanon. Il y avait un beau salon avec des peaux de bêtes sur le canapé et au sol ainsi qu'une cheminée où crépitait un feu. La chambre et la salle de bain étaient séparées du séjour par de petites portes en bois. Silencieuse, je retirai mon manteau en cherchant Alexis du regard. Peut-être s'était-elle attardée dans le chalet d'un ami, Bellamy Blake par exemple ?

Je compris que ça n'était pas le cas lorsqu'elle sortit de la salle de bain, un nuage de condensation l'entourant comme un ange tombé du ciel. Je mis un instant à réaliser dans quelle tenue elle se trouvait, puisqu'elle sortait tout juste de la douche visiblement sans vêtement. Lorsque je percutai qu'elle n'avait qu'une serviette autour de son corps, je détournai le regard. Je ne voulais pas la rendre mal à l'aise. Ou du moins, pas plus qu'elle ne l'était déjà. Ou alors, c'était peut-être moi la plus gênée des deux.