Épilogue 2 : 35

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Je pianotais des mots sur mon clavier à toute vitesse. Je devais absolument terminer ce dossier aujourd'hui afin de l'envoyer à l'un des collaborateurs de Griffin & Woods. Seulement, quand je vis l'heure avancer plus vite que prévue, je redoublais dans ma fréquence de frappe.

Depuis que nos entreprises familiales respectives avaient fusionné, Clarke et moi misions sur un commerce écoresponsable. Nous tenions à ce que les matériaux utilisés pour la production étaient issus du commerce équitable et faisions en sorte d'investir un maximum dans le recyclage. Nous avions également rayé de la liste de nos logiciels l'obsolescence programmée et avions investi dans des services de réparations lorsque les dispositifs ne fonctionnaient plus. Tous ces projets prenaient un temps fou, d'autant plus dans un monde où tout le monde préférait jeter à la poubelle que de réparer. Mais étant toutes deux PDG d'une entreprise au commerce stable, nous étions en train d'instaurer un réel phénomène de mode. Nous financions également de nombreuses actions pour le climat et la préservation de l'environnement et ainsi, Griffin & Woods était devenu une entreprise exemplaire dans le domaine de l'écologie. Nous n'avions plus qu'à espérer que ça dure. Néanmoins, nous étions sur une bonne lancée. Parfois, je n'arrivais pas à prendre conscience de tout ce que nous avions accompli en quelques années. Le temps filait à toute allure et de nouvelles opportunités se présentaient sans cesse à nous. Cette vie était encore plus belle que je ne l'avais imaginée.

Ce jour-là, c'était à mon tour de passer chercher Madi à l'école. A tout juste six ans, je ne pouvais m'empêcher de penser que notre fille grandissait si vite. Pourtant je m'efforçais de ne pas le faire remarquer. Il n'y a que les trentenaires qui disent ça, qui regrettent le temps passé, leur jeunesse qui s'éloignait d'années en années. Mais Clarke était bien assez présente pour me rappeler que, oui, j'allais fêter mon trente-cinquième anniversaire dans une semaine.

Je conclus le dossier, l'envoyai et éteignis dans mon ordinateur. Je récupérai mes affaires et sortis de mon bureau. En traversant le couloir, je passai la tête dans l'entrebâillement de la porte du bureau de ma femme. Elle avait l'air concentrée et elle avait de quoi : depuis plusieurs années, Clarke s'était mise sur le projet de vaincre la stérilité. C'était un travail de longue haleine, mais je la reconnaissais bien là : elle n'en démordrait jamais. Ces derniers jours, elle était en bonne voie. Avec les chercheurs de l'entreprise, ils avaient trouvé récemment une nouvelle piste à aborder. L'équipe avait déjà essuyé plusieurs échecs, mais aucun d'entre eux ne baissait jamais les bras. L'infécondité n'était pas un problème que nous pouvions régler en un claquement de doigts, mais les collaborations que nous entretenions avec d'autres cabinets de recherches nous prouvaient que cette fois-ci, nous étions certainement sur une bonne voie.

-On se retrouve à la maison toute à l'heure ?

Clarke, qui ne m'avait pas vue, redressa la tête. Elle se leva et s'approcha assez pour m'embrasser tendrement. Ce baiser, comme chacun de ceux qu'elle m'offrait, me remplissait d'une douce chaleur. J'aimais Clarke comme au premier jour. Même si entre nous, il n'y avait jamais vrai eu de « premier jour ». Tout c'était fait naturellement, comme s'il s'agissait d'une évidence.

-Évidemment, répondit-elle avant de reprendre sa place derrière son bureau.

XXX

Je garai la voiture devant l'école et sortis de l'habitacle pour rejoindre la foule de parents qui venaient chercher leur enfant à la fin de la journée. J'aperçus rapidement Lincoln et Echo qui discutaient ensemble. Je les rejoignis.

-Lexa, ça fait longtemps qu'on ne t'a plus vue ici ! s'exclama Lincoln.

-En effet, j'ai des heures à rattraper. Echo, comment vas-tu ? m'enquis-je en me tournant vers elle.

La survie de la flammeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant