Je suis arrivé au Paradis. Un ange est penché au dessus de moi. Il est sûrement la pour me guider. Peut-être est-ce mon guide spirituel. Ma vision devient nette et je distingue une magnifique chevelure rousse. Mon ange a des traits fins, ainsi que des yeux verts pomme sublimes. Il a un visage de femme. Et un corps de femme. Il… pardon, elle est magnifique avec sa peau pâle. Elle me rappelle vaguement quelqu'un… Puis je la reconnais. C'est mon infirmière ! Ou du moins, sa réincarnation au Paradis. J'ouvre la bouche pour parler mais mes poumons me brûlent. Je me retourne pour vomir le contenu de mon estomac et c'est de l'eau qui sort. Je me rallonge, haletant et à bout de souffle. Je ne savais pas que l'on souffrait autant après la mort. Je regarde mon ange-gardien. Elle a les cheveux et les vêtements mouillés. Ces derniers lui collent au corps et la rendent magnifique en faisant apparaître ses formes qu'elle cherche tant à cacher aux yeux de tous. Une fois avoir repris mon souffle, je lui dit :
-Le Paradis ressemble à chez moi. Toi, tu ne connais pas, t'es un ange. Je suis sûr que t'es jamais venue sur Terre.Elle éclate de rire et soupire. Je la regarde et la questionne mais elle me répond seulement par un rire de soulagement. Ensuite, elle se couche dans l'herbe et s'étale dessus.
-Je te croyais mort. Tu m'as fait une frayeur quand je t'ai vu sauter dans l'eau.Alors je suis encore en vie ? Je suis à la fois déçu et content. Content d'avoir été sauvé par mon infirmière super sexy. Le fait que ce soit elle qui m'ai sauvé me fait rougir. Je n'aurai pas pu rêver plus belle sauveuse. Je… je crois que je suis amoureux. Elle se relève et s'assoit en tailleur à côté de moi. Ensemble, on regarde la rivière. Mais mes yeux ne cessent de la regarder. Elle me regarde en coin et rougit.
-A-arrête de me regarder comme ça, tu me rends nerveuse.
-Mais comment réussir à détacher les yeux d'une pareille beauté ? C'est impossible de ne pas regarder une si belle créature. Ta beauté est celle d'un ange, ta douceur est celle d'une biche, ta gentillesse est celle de Dieu. Tu ressembles à une déesse.Elle rougit de plus bel sans savoir quoi répondre. Sans m'en rendre compte, elle s'est rapprochée de moi. Je continue de la regarder. Elle est trop parfaite. J'ai peur que ce ne soit qu'une illusion, j'ai peur de cligner des yeux et de ne plus la voir. Et elle tourne la tête vers moi. Nos visages sont tellement proches l'un de l'autre, il est si facile de l'embrasser. Mais je suis subjugué par sa beauté hypnotisante. Elle aussi est immobile. Puis j'avance légèrement la tête et ses lèvres délicates entrent en contact avec les miennes. Elles sont si douces, si chaudes, avec un léger goût sucré. Mais déjà, elle s'éloigne. Elle se relève et me dit qu'il faut rentrer maintenant. Elle est encore plus rouge que sa chevelure. Je tente de me lever et elle vient m'aider. Je m'appuie contre elle pour être le plus prêt possible d'elle. Sa délicieuse odeur de pomme me monte au nez et je l'aime encore plus.
-Au fait, comment vous appelez-vous, Mademoiselle ?
-Madame ! Répondit-elle presque sèchement.
-Madame ?
-Alice.
-Quel joli prénom. Aussi beau que celle qui le porte.Elle ne répond pas. Elle se contente d'avancer. Pendant le trajet, je garde mes yeux rivés sur elle et je trébuche sur chaque obstacle. Je sais qu'elle m'aime mais elle ne veut pas l'avouer, par peur de son mari. Il avait une arme à la main, braqué sur le supposé amant de sa femme, prêt à faire feu. Qui sait ce qu'il est capable de faire s'il apprend qu'Alice prend du plaisir dans les bras d'un autre homme. Je la comprends et respecte sa décision. Et nous voilà déjà arrivés à l'auberge. Son mari nous accueille bras ouverts :
-Notre héros régional est de retour !
-Ou-oui. Me revoilà.Il vient à côté de moi et m'aide à marcher comme le faisait Alice sur le chemin. À eux deux, ils parviennent à me remettre sur mon lit. Ensuite, son mari repart je ne sais où. J'en profite pour embrasser Alice. Nous finissons rapidement sous les draps. Là, elle en profite pour me dire que son mari, Arnaud, n'est pas aussi doux, gentil et aimant qu'il en a l'air. Comme preuve, elle me montre une trace bleue-violette sur son bras. Ça date de la semaine dernière. Arnaud nous tuerait tous les deux s'il nous trouvait dans le lit. Et justement, le voilà qui rentre.
-Alice, tu es en haut ? Tout va bien ? Je nous ai ramené du pain pour ce soir.L'intéressée se rhabille en vitesse tandis que son mari monte lourdement les marches d'escalier, sa jambe de bois produisant un bruit sourd sur chaque marche. Quant il ouvre la porte, Alice est penchée au dessus de moi, sa mai sur mon front.
-Il a encore un peu de fièvre, mais son état s'améliore.
-Bien, j'ai hâte qu'il soit remis sur pieds pour repartir à la guerre. On a besoin de plus d'hommes comme lui.Alice rougit un peu et acquiesce en silence. Les deux repartent, toujours en silence. Je crois que je suis amoureux. Elle est tellement parfaite. Le seul point noir, c'est son mari. Il est extrêmement jaloux et tout aussi violent. Il faudrait l'éliminer. Le tuer. Le faire disparaître.
Alice revient peu de temps après, couverte de bleus, la lèvre inférieure ouverte et un œil au beurre noir. Sans explication, je sais ce qu'il s'est passé. Arnaud la bat. Elle s'approche de moi et commence à pleurer silencieusement. Je n'aime pas quand des larmes coulent sur un visage aussi angélique.
-Le rouge de ton visage met bien en valeur tes yeux verts mais je préfère quand c'est ton sourire qui vient enjoliver ce visage si doux et si harmonieux.Elle sourit à la remarque et se penche sur mon ventre pour changer mes bandages. Toutes les deux minutes, elle replace ses cheveux derrière ses oreilles. Je la sens gênée mais je n'ose rien dire tant elle est concentrée sur son travail. Je lève juste la main pour lui caresser doucement le bras. Elle frissonne sous ma caresse. Mais déjà, elle quitte la chambre. Je me retrouve donc seul avec mes pensées et son parfum délicat flottant dans l’air.
Chaque jour, elle revient prendre soin de moi. Chaque jour, elle se contrôle pour éviter de finir sous les draps et couverte de bleus. Chaque jour, sa tristesse est un peu plus grande que la veille. Mais j’ai donné ma parole : plus de débordement. Et moi qui ne supporte pas quant un homme frappe une femme, je suis obligé de me contrôler pour ne pas le tuer. De toutes façons, c’est la seule chose que je puisse faire. Dans mon état actuel, je suis incapable de tuer Arnaud. Et même si je le pouvais, je ne le ferai pas. Que se passera-t-il si je le tuais ? Je serai emprisonné. Et si je ne le suis pas, que se passera-t-il avec Alice ? Quel avenir a-t-elle avec moi ? Moi qui a déjà du mal à subvenir à mes besoins. Je l’aime, de tout mon cœur, mais parfois, il faut savoir lâcher prise. Je prends conscience de ça le jour où je rentre chez moi. Je quitte l’auberge, triste que cette folle aventure prenne fin aussi rapidement, et inquiet pour Alice à cause de son mari. Une fois de retour chez moi, je me couche sur mon duvet de fortune. Je remarque alors que la corde avec laquelle j’ai tenté de me pendre avant la guerre est toujours là, accrochée au pont et pendante dans le vide. Sachant que personne ne regrettera ma mort, je passe ma tête dans la boucle et serre le nœud. Le rocher sur lequel je m’appuis vacille et roule dans la rivière. Plouf. La corde me brûle le cou mais je ne me débat pas. J’ignore la douleur et m’amuse à balancer mes jambes dans le vide. Petit à petit, l’oxygène se fait rare dans mon cerveau, et je perds peu à peu mes sens, en commençant par le toucher. Ma vision se brouille. Mes oreilles commencent à siffler, mais je crois entendre la corde céder doucement sous mon poids. Merde, je crois qu’elle est pourrie. Je ne vois plus rien. Je n’entends plus rien. Je ne sens plus mes doigts, ni mes pieds. Mon cou ne me brûle plus. Je crois que je suis mort.
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Le Survivant
Historical Fiction1914, la guerre éclate dans le nord de la France. Les allemands répliquent. Un jeune français pas très patriote est envoyé à Verdun. Grâce à lui, le cours de la guerre va changer en faveur de la France. Mais on étouffe son exploit, de peur que ses...