28 octobre 2021, 23h45.
-Cible repérée. Demande de confirmation de la mise à exécution du plan.
Dans le bureau du président de la république, à l'Elysée, la Macron Squad était au grand complet. Le président lui-même, bien-sûr, mais aussi le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin, le président de l'Assemblée Richard Ferrand, le ministre du logement Julien Denormandie ainsi que divers conseillers spéciaux, dont Alexis Kohler, que seul Macron semblait encore supporter. L'atmosphère était pesante.
-J'espère que tu as conscience qu'on joue tous notre peau, Emmanuel, souffla le vieux Ferrand, inquiet.
-Mise à exécution confirmée, fit Macron d'un air grave en s'adressant au téléphone en haut-parleur sur son bureau.
-Reçu 5 sur 5, terminé.
Quelques heures plus tôt, l'ambiance était pourtant bien moins solennelle dans ce même bureau. En fin d'après-midi, Macron recevait son ancien homme de main, Alexandre Benalla. Leurs relations s'étaient considérablement dégradées depuis que ce dernier avait « accidentellement » révélé des informations concernant les relations extra-conjugales de Brigitte Macron. En retour, cela faisait maintenant plusieurs mois que la macronie s'attelait à descendre ce pauvre Benalla, en le faisant passer, au choix, pour un alcoolique, un drogué ou un mythomane.
-Alexandre, comment vas-tu ?
-C'est à toi qu'il faut demander ça, Manu !
Benalla n'avait pas tout à fait tord. Macron était au plus bas dans les sondages, à moins de 6 mois des élections présidentielles, et le retrait de Sarkozy semblait d'avantage profiter au RN qu'à lui. Mais ce n'était pas le sujet, alors le président se contenta de sourire.
Les deux hommes s'étaient entretenus longuement. Benalla avait proféré des menaces à Macron par téléphone, il y a deux jours. Il menaçait de "tout révéler". Mais "tout révèler", le président ne comprenait pas exactement ce que cela signifiait, alors il l'avait invité pour éclaircir la situation.
-Ne fais pas l'innocent, Emmanuel. Tu sais très bien de quoi je parle.
-J'aime quand les choses sont dites, Alexandre. Clairement. De quoi me parles-tu ? Tu me parles du financement de la campagne de 2017 ? De l'affaire Fillon, du fait qu'on ai acheté la juge ?
-De Zineb Redouane.
Macron se raidit.
-J'ai toutes les preuves, poursuivit Benalla. La mort de cette femme n'est pas accident, on le sait. C'est les flics qui l'ont tué. Le parquet Marseille est mouillé, le numéro 2 était présent le jour de sa mort, il a participé à la falsification de la scène de crime, on le sait tous. C'est même nous qui avons étouffé l'affaire.
-C'est irresponsable Alexandre, c'est indigne de ta part ! Jeter l'opprobre sur les forces de l'ordre, sur nous ?
Au vu de la mine inexpressive de son interlocuteur, le président comprit qu'il n'allait pas réussir à le faire céder aussi facilement.
-Qu'es-ce que tu veux ? demanda Macron, un peu désemparé.
-Je veux rejoindre ta garde rapprochée. Retrouver ma place, comme avant.
-En me menaçant ? Ah, good job Alexandre, well done ! Tu sais comment t'y prendre, toi !
Benalla ne releva pas l'ironie.
-En amassant toutes les preuves de la responsabilité de l'état dans ce dossier, répondit-il, je démontre une fois de plus, je crois, mes talents d'investigation. Ils te seront utiles une fois que je serai à nouveau à tes côtés.
Il tendit un dossier à Macron, qui le feuilleta. Les preuves étaient évidentes, ce qui agaça encore plus le président. Il savait qu'avec les récentes mobilisations contre les violences policières, de telles révélations auraient l'effet d'une bombe auprès de l'opinion publique.
-Tu crois m'effrayer ? lâcha Emmanuel. Tu crois me faire peur avec tes méthodes de racaille ? Tu t'attaques à bien trop gros Alexandre. Bien trop gros. Va te faire foutre.
Les yeux de Benalla se remplirent de déception. Il arracha le dossier des mains de son ancien boss et se leva.
- Tu es mort, Manu. C'est finit pour toi. Mediapart sort l'article dans une semaine, grand max'. J'appelle Plenel ce soir. C'est terminé, Manu.
Quelques heures plus tard donc, aux alentours de minuit moins dix, Benalla se décidait enfin à appeler Plenel. Il se faisait un peu tard, mais Alexandre avait déjà été en contact avec Edwy et ce dernier lui avait bien dit de l'appeler à n'importe quelle heure s'il avait la moindre révélation à faire sur Macron.
-Emmanuel veut la guerre, il l'aura.
Benalla attrapa sa fiole et s'enfila une énième gorgée d'alcool, lui qui n'en buvait d'ordinaire pas une goute. L'humiliation qu'il avait subi de la part de celui qu'il avait tant aimé était dure à encaisser. Il était au fond du trou, avachi sur le siège conducteur de sa voiture, garé sur le quai de Clichy, au bord de la Seine, là où il aimait se poser pour réfléchir.
Au même moment, cinq hommes surgirent. Même encagoulés, Benalla les avait reconnu. Il eu à peine le temps de réagir que l'un des hommes masqués avait déjà ouvert sa portière et le maintenait par le col contre son siège. Le deuxième s'empara du fameux dossier compromettant, posé sur le siège passager. Il desserra le frein à main au passage et glissa un flacon de gélules sur le tableau de bord.
-Lâchez moi ! Lâch...
L'un de ses deux agresseurs n'eut rien d'autre à faire que de presser ses deux doigts dans le cou Benalla, qui s'écroula en avant. Simple et efficace : technique russe, un classique. Les deux hommes s'extirpèrent du véhicule et en claquèrent les portières. La voiture dévala le quai avant de finir sa course dans la Seine, et de couler, Alexandre à son bord.
-Cible éliminée, monsieur le président, souffla l'un des membres du commando resté en retrait. Et on a le dossier.
-Bravo messieurs, répondit Macron.
Dans le bureau présidentiel, Ferrand affichait une mine horrifiée. Kohler, lui, avait la gaule.
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LE JEU DU POUVOIR
General FictionSeptembre 2021. La campagne présidentielle est à peine lancée que les coups bas et les crasses sont déjà de mise. À travers cette politique fiction en plusieurs parties, suivez les trajectoires de ces femmes et de ces hommes qui n'ont désormais plus...