Aujourd'hui c'est dîner chez Camilla. On est dimanche, c'est la fin d'une longue semaine et je suis crevée et aussi très inquiète : ces semaines je ne suis retournée à l'hôpital une seule fois pour une petite prise de sang. Mais mardi prochain j'ai le droit à ma toute première chimio. Et je ne veux pas être peureuse mais j'ai peur. Très peur
On a tous une peur. Il y a les peurs normales : la mort, l'oubli qu'a peu près tous le monde possède et les plus personnels : les araignées, les aiguilles, les endroits clos.
Moi j'avais développée une peur vraiment, vraiment étrange.
Préparez vous.La peur des légumes.
Bon vous avez fini de rire ?
Alors attention, ce n'est pas que je prenais mes jambes à mon cou à chaque fois que j'apercevais un poireau... c'est juste que... j'avais peur de les goûter. Je ne voulais pas en manger. C'est incroyable j'avais peur que le goût ne me plaise pas.
Mes parents disaient que ça passerait mais... même si j'ai finie par réussir à avaler des carottes et des épinards la plupart des végétaux ne sont clairement pas mes amies (dur quand on sait que j'ai perdu plus de 10 kilos en 6 mois, sans en avaler aucun)Mais je ne peux pas comparer la peur des légumes à celle de la mort. Je n'ai pas peur de ne plus être sur cette terre, mais de la douleur.Lorsque je me cogne le petit doigt contre la porte, je vois déjà ma vue défilée devant mes yeux alors imaginez...
Je chasse mes pensées ce soir je profite et j'aurai tout lundi et mardi matin pour paniquer. Ce soir je vais m'amuser avec ma meilleure amie, car j'ai l'horrible impression que depuis que les cours ont repris, elle est un peu distante. Mais elle adore les commentaires du genre : « c'est toi la meilleure amie de la fille qui a un cancer ? T'es tellement gentille ! » , « franchement chapeau, ce que tu fais pour ton amie »
Que fait elle pour moi ? Elle n'a pas le remède miracle contre cette fichue tumeur dans son sac à main à ce que je sache ?
Je commence sérieusement à remettre en cause le proverbe « Loin des yeux, loin du cœur »
Malgré tout je suis décidée, ce soir je lui dit pour le collier. Tant pis si cela créera un froid entre nous, j'ai besoin de savoir si oui ou non elle m'a menti.
Je ne lui en voudrai pas. Elle était avec lui à cette époque là, et quand une personne est amoureuse, la jalousie, quand bien même on sait que c'est mal, nous rend fous. Je peux comprendre.
Je porte un t shirt bleu marine qui contraste joliment avec le fameux collier et un jean un peu trop grand pour moi, alors que je l'ai achetée il y a quelques semaines. J'ai encore perdue du poids. À l'hôpital le médecin m'a appris que quand bien même, ma perte de poids peut être due à ma maladie, il avait conseillé à mon père d'être vigilant sur ce que je mange. Alors maintenant il me soupçonne d'une rechute ? Je ne suis plus autant torturée dans mon esprit que je ne l'étais avant, j'ai grandi et compris que la beauté et partout et qu'il n'existe pas de définition de celle-ci. On a tous nos propres critères et on ne peut pas essayer de plaire à tout le monde car c'est impossible.Mon père m'attend dans la voiture. Il est descendu il y a dix minutes en me suppliant de me dépêcher. En sortant en courant je bouscule Charlie, rentrant chez lui.
- Hey, doucement, tu charges comme un taureau tu vas bien ?
Il est rouge. Il porte un sweat et un jean et porte un sac, il doit revenir de son cours de danse.
Je lui jette un regard noir. Merci pour la comparaison !- A la couleur de tes joues, c'est justifié.
Il rougit encore plus. C'est hilarant !
- Désolé. Ce n'était pas très drôle non ?
- C'était vexant.
- Oh mince ! Tu m'en vois désolé.
- Tu te répètes.
- Excuse moi. Où vas-tu ?
- Chez Camilla.
- Oh.
- Et oui.
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Let's walk to the stars
RomanceRosie, 16 ans et diagnostiquée d'une tumeur au cerveau. A l'âge ou le monde s'ouvre à vous Rosie commence à lui faire ses adieux. Elle n'a aucune chance, à quoi bon espérer ? Elle rejoindra bientôt sa mère et sa sœur Rosie quitte donc la France pou...