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                        J'arrive assez vite, personne n'est réveillé. Je reprend ma place au pied de l'arbre dans l'herbe, mes écouteurs dans les oreilles. Ceux qui sont restés pendant la nuit se réveillent un à un. Je dis bonjour à Emily, elle s'assoit à côté de moi, je lui prête un de mes écouteurs et je pose ma tête sur son épaule. On s'est toujours comprises en un seule regard mais je ne pense pas qu'elle est compris mon regard "je-n'ai-absolument-aucuns-problèmes-de-santé-mes-parents-m'ont-drogués-parce-que-je-suis-associable-et-mon-vrai-nom-est-Linda-Eaton-parce-que-mon-père-qui-s'appelle-d'ailleurs-Tobias-est-le-frère-de-Marcus-Eaton-et-au-fait-notre-meilleur-ami-est-amoureux-de-moi-et-on-a-passé-la-nuit-à-se-peloter." En tout cas elle comprend que je n'ai pas envie de parler mais que j'ai besoin de sa présence.

Au bout d'un certains moment quand les autres se sont éloignés pour manger je me laisse aller à pleurer comme je ne l'ai jamais fait. Seulement 10 minutes. Pas plus de 10 minutes, si non ça se verra sur l'estrade. 10 minutes de faiblesse me suffiront. Alors je pleure le plus fort que je peux pendant ces 10 minutes. Je sais qu'on m'entend. Je m'étouffe dans mes sanglots. Une petite voix dans ma tête me rappelle que c'est impolie, que je me repose sur Emily, que je vais mouiller son haut, que ça doit lui faire mal de me voir pleurer. Non. Ce sont mes 10 minutes ou je pense à ma douleur pas à celle des autres. Plus un son ne sort de ma bouche quand une horloge invisible sonne la fin des 10 minutes dans ma tête. J'essuie mes larmes, Emily me passe un mouchoir et je fait de mon mieux pour me calmer. Je vais devoir lui fournir une explication. Mais je n'en ai pas. Je ne peux pas lui dire la vérité.

"-Tu vas partir hein, chuchote t-elle."

J'ai un moment d'hésitation. Elle doit prendre ça pour un oui car elle me serre dans ses bras comme elle l'a toujours fait auparavant mais en même temps ça à l'air différent. Quand elle se détache de moi, ses yeux luisant me conforte dans le fait que je ne peux pas tout lui dire. Elle est trop pure, elle ne pourrait pas l'encaisser, elle ne connait pas la trahison, elle voit le monde autrement. Je ne peux pas casser tout ça. Je décide donc de lui annoncer peut-être la seule bonne nouvelle du jour.

"-J'ai appris ce matin que je n'étais plus malade.

-Mais c'et géniale ça ! dis-t-elle avec un énorme sourire. Tu vas pouvoir aller là où tu veux sans te soucier de ton traitement ! Et je n'aurais pas à m'inquiéter pour toi quand tu partiras. Parce que tu seras heureuse pour toujours et tu auras trouvé ta place."

J'hoche la tête et je la prend dans mes bras,  je n'avais pas du tout pensé au fait que je ne pourrait peut-être pas prendre mes médicaments si je partais. Mais Emily, elle, y avait pensé, elle s'en été inquiété et elle avait pensé à mon potentiel départ, contrairement à ce que j'avais cru savoir... Une fraternelle parfaite. Je dois me détacher d'elle pour la laisser partir se préparer, on doit s'en aller dans 30 minutes.

Zach me rejoins 5 minutes après.

"-Ça va mieux ? Mêmes les Altruistes t'ont entendu pleurer."

Trop tôt pour citer les Altruistes.

"-J'ai parlé à mes parents. Ils m'ont annoncé que je n'étais plus malade."

Il me félicite lui aussi mais n'ajoute rien. Il s'assoit à côté de moi. J'essaye de garder une distance de sécurité.

"-Eh, t'as pas besoin de me fuir. J'ai compris que tu ne m'aimes pas, mais on est quand même amis non ?

-...Oui. Je...Désolée.

-C'est pas grave va. Taches de ne pas te remettre à pleurer, tes yeux vont être encore plus gonflés. Tiens ça va aider."

Il sort le sachet d'infusion qu'il a dans sa tasse et me le pose sur l'œil droit.

Fraternelle ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant