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                                          Une fois dans un renfoncement pas loin de la cafétéria je rentre tout de suite dans le cœur du sujet:

"-Je suis blessée. Je ne peux pas aller à l'infirmerie. Je ne sais pas si c'est très grave. On m'a frappé au niveau du ventre et des côtes à plusieurs reprises...

-"On" ?

-Peu importe..."

Je soulève le bas de mon t-shirt pour lui montrer mes bleus. Il se met à mon niveau et examine mes bleus. Il tâte mes côtes en regardant ma réaction.

"-Ça va aller. Un bandage bien serré autour de la taille et du froid sur les hématomes ça partira en une semaine.

-Très bien...Merci.

-Ne me remercie pas. C'est mon travail d'entraîneur.

-Mouais...Un "merci" ça fait pas de mal."

Il hoche la tête et s'en va. J'active un petit minuteur dans ma tête d'une trentaine de secondes pour sortir du renfoncement et retourner dans la cafétéria. Je joue avec un cailloux sur le sol en attendant. C'est bien gentil de la part de Quatre de m'avoir dit comment me soigner mais il aurait peut-être fallu me dire comment me procurer ces bandages.

J'entends un bruit de chaussures. En quelques secondes,  je cherche une position naturelle et une bonne raison d'être ici. Je me détend en voyant que ça n'est qu'Eric.

"-Qu'est ce que tu fais là ?

-Rien, dis-je innocemment.

-Tu étais avec Quatre ?

-De quoi tu parles..."

Il attrape mon bras et me tire vers lui.

"-Je l'ai vu venir d'ici et je sais que c'est un cul de sac... Arrêtes de mentir.

-Oui et alors. Je n'ai pas le droit de discuter avec Quatre ?

-J'espère que tu n'as rien dis à propos de...

-A propos de quoi ? 

-...De rien."

Il lâche mon bras, passe ses deux mains sur son visage et soupire.

"-Laisse tomber, dit -il en se retournant.

-Attends !"

Sans réfléchir j'attrape son bras. Il retire son poignet de ma prise dans un sursaut, comme si je l'avais brûlé, et enfonce ses mains dans ses poches.

"-Quoi ?

-Je...Tu sais où je pourrais trouver des bandages ? "

Sans que j'ai le temps de réagir il pose sa main à plat sur mon ventre. Mon corps se tend sous la fraîcheur de ses doigts. Il secoue la tête et me pousse à le suivre sans dire un mot. Il sort les clés de sa poche et ouvre la porte. L'uniformité de son appartement me frappe encore une fois. Tout a une place et rien ne dépasse. Je ne comprend pas comment il ne ressent pas ce sentiment de flemme de laisser ses chaussures devant la porte et poser ses clés n'importe où. C'est comme si il était automatisé, il se déplace comme un chat, décidé. Il ne laisse pas cet aspect de lui se voir en dehors de chez lui.

"-Qu'est-ce que tu fais ?

-Je vais chercher des bandages, qu'est-ce que tu crois que je fais ? Ne reste pas dans mon chemin."

Je secoue la tête et m'assoie sur une chaise pas très loin de moi. Il ouvre une porte, j'entend des bruits de placard et il revient avec une petite mallette blanche avec une croix rouge sur le dessus. Il l'ouvre et en sort plusieurs rouleaux de bandage de différentes tailles.

Fraternelle ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant