Chapitre XI

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Omniscient.

Le même décor, la même atmosphère "cozy", les mêmes chaises hautes occupées, le même élégant et âgé barman, les mêmes musiciens, la même qualité plaisante des mots qui les entouraient.

Deux choses étaient différents de la fois passée.

Les revêtements des deux amants des arts, et les boissons.

Peut-être même leurs regards, qui essayaient en vain de réprimer ce scintillement dû à la présence de l'autre.

Peut être... Aussi... la distance qui séparaient leurs genoux. La distance qui séparaient leur âme?

Un rire, déclenchant le sourire de l'autre, des regards complices empreints d'une tendresse timide à peine réprimée. Cette scène avait sa place et semblait appartenir à un espace limité d'un cadre en or gravé, tel un tableau appartenant au siècle d'or de l'art et du lyrisme.

_Dites-moi, vous adonisez-vous ainsi toujours, où est-ce seulement pour le travail?

_Muguetez-vous ainsi toutes les femmes? Dites moi vous-même, vous qui savez que j'étudie à l'université Hanji, répondit la jeune femme d'un ton calme, un sourire sournois, un regard testeur.

Il laissa échapper un soupir de capitulation et gloussa légèrement.

_Une erreur monumentale.

_Il semblerait, oui.

_Ecoutez, je comprendrais si vous ne vouliez pl..-

_L'ai-je dis? Blézimarda-t-elle (couper la parole), question rhétorique.

_C'est tout en mon honneur, alors, répondit-il, un brin soulagé.

_D'ailleurs, cela me laisse agréablement surprise qu'il y ait quelqu'un comme vous là-bas. Prenez garde à ne pas vous laisser atteindre par... La déficience neuronale de cet endroit. Cette université rend les gens idiots et stupides.

_Je ne peux qu'être d'accord.

_Ca me rappelle que je ne peux vous faire complètement confiance.

_Pourquoi cela? demanda-t-il, surpris.

_Je ne fais pas confiance aux gens qui font bonne impression à la première rencontre. Cela cache des vérités et défauts de la personne, dit-elle, le narguant.

Il se retint de rire, la fixant, ses yeux plissés.

Elle adorait ses yeux.

_Vous souvenez vous? Gloussa-t-il. Il y a de cela un mois, je pense, vous vous êtes faite bousculée par quelqu'un qui sortit précipitamment, sans excuses, et vous juriez tel un chauffard, sans grâce. C'était moi.

_Oh le salopa-AHEM! Vous auriez dû faire attention, très cher... Dit-elle avec un rictus déplaisant, ne digérant toujours pas cette bousculade qui lui valu un talon cassé.

_Je suis extrêmement désolé. Ce jour-là, j'avais une urgence. Me faites-vous confiance, maintenant?

_Oh, plus que nécéssaire, répondit-elle, ironie dans sa voix.

_Sarcasme, quand tu nous tiens, murmura-t-il, un sourire moqueur, déclenchant le rire de sa compagne. Oh je vois, c'est donc cet humour que vous favorisez.

_Dites-moi, maintenant. Je me doute que vous ne voulez pas que je devine qui vous êtes, n'est-ce pas? Mais pourriez-vous me dire au moins, si on s'est déjà adressé la parole?

_Oui.

_Comptez-vous un jour me dire qui êtes-vous?

_Vous posez beaucoup de questions, Mlle Lee, dit-il, un sourire malicieux sur le visage, les yeux pétillants.

_Ce n'est pas juste. Vous me connaissez, alors que moi j'ignore complètement qui vous êtes.

_Je vous le dirais, le jour où j'aurais estimé que vous avez jugé correctement ma valeur à travers mes yeux et mes paroles.

_Mais ce sera trop loooong... Dit-elle en boudant, resortant sa lèvre inférieur humide et colorée d'un rouge sombre.

_Aaah... Mlle May, je vous conseille de ne pas faire cela, dit-il d'une voix basse et profonde, tout en croisant élégamment ses jambes

Pour la première fois, May ne comprit pas ce sous-entendu flagrant.

_N'agissez pas en innocente, s'il vous plaît, cela ne fait qu'amplifier l'effet. N'oubliez pas que je suis un homme, laissez-moi rester courtois et gentleman.

Elle écarquilla les yeux, sans voix.

_Ca alors... On peut dire que vous m'avez pris de court, balbutia-t-elle, légèrement nerveuse.

_Un simple rappel, je présume, rien de menaçant, plaisanta-t-il, un sourire joueur.

Il regarda fixement ses yeux, couleur miel, se laissant absorber par sa douce torpeur. 

_Le saviez-vous? Mes yeux ont rencontrés beaucoup de regards, mais ils n'arrivent à se perdre que dans les votres...murmura-t-il, admirant les yeux de la jeune femme, sa joue soutenue par la paume de sa main.

_Je me disais justement que vous aviez de beaux yeux, le genre à ce perdre dedans, et je suppose que c'est également mon cas.

Il rit.

_On dit souvent que j'ai des beaux yeux, mais une bouche pleine de mensonges, dit-elle en buvant son alcool.

_Oh dear, ça ne marchera pas avec moi. Car vos yeux sont honnêtes, trop honnêtes, honnêtes à en devenir insolants. Ils vont toujours me dire la vérité, même si votre bouche aussi joliment perfide soit-elle dit un mensonge. Parce que vos yeux sont les fenêtres donnant sur votre âme.

_Votre façon de parler est agréable et originale, je dirais même artistique.

_Tant que cela siert à vos oreilles, j'en suis heureux.

Elle sourit tout en sortant un cigare, le maintenant élégamment entre son index et son majeur.

_Vous fumez, dit-il, en la regardant de ses yeux surpris.

_Je vais vous dire un secret. En général, je ne fume que des Marlboro, les moins chers de préférence. Voyez-vous, ce que j'ai entre mes doigts n'est qu'une offrande, dit-elle, un air malicieux sur le visage.

_Offrande? A croire que vous êtes endormie dans votre cercueil...

_N'est-ce pas le cas de tout les fumeurs? Je suis morte de l'intérieur, cela revient au-même. 

_Ainsi, je suis aussi mort? Nous autres fumons car nous avons des problèmes intrépides, et nous espérons qu'un jour, ceux-ci disparaissent en même temps que la fumée sournoise qui nous brûle les entrailles, dit-il, en s'emparant du cigare de la jeune femme pour inspirer une bouffée, puis lui rendit.

_Que de vérité dans vos paroles sages. Devrions-nous un jour, songer d'arrêter toute cette folie qui ne fait que nous détruire? Je ne pense pas, car tout les plaisirs dans cette vie, destinés à être des péchés, sont voués à nous faire du mal, et sont punis par le Seigneur. Quel intérêt à vivre longtemps sans avoir vécu une vie qui en vaut la peine? D'ailleurs, je ne me vois guère vieillir...

_Vous me semblez être un mélange entre un impertinent ange effronté et un doux démon apaisant.

Elle rit, se plaisant à ses mots.

_Vous parlez tel un poète...

Il sourit d'un air espiègle.

_Je suis sûr que vous vieillirez à merveille. Je prierais donc le bon dieu qu'il nous rende la raison, et qu'il nous guide sur la voix de la sagesse, qu'on en finisse avec ces maux futiles.

_Ce qu'il se passera, se passera, avec ou sans notre consentement. Faisons ce qu'il nous parait donc juste, et vivons pleinement cette vie misérable dictée par le vice de l'avarice et la gourmandise.

Ils trinquèrent, un bruit de cristal résonnèrent en leurs oreilles, tel une promesse écrite et témoignée par les étoiles.

-I Will Always Find My Way Back To You- [K.Taehyung]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant