5. Ruelle

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Jeudi 20 janvier 2011
08h01
(Deux jours plus tard)

Hier, Oli et moi ne nous sommes pas appelés. Je lui ai envoyé un seul message, qui n'a pas reçu de réponse. Je ne sais même pas s'il l'a lu. Je suis allé en cours, j'ai testé un autre chemin pour y arriver. Mon nouveau trajet n'est pas si terrible que ça, je dois passer dans quelques ruelles et devant un bar tabac mais il me fait gagner un peu de temps pour arriver jusqu'au lycée.

Comme chaque matin, je me lève et m'habille puis sors sans prendre de petit déjeuner. La routine s'installe peu à peu, tuant mes rêves. Sur le chemin du lycée, je décide d'envoyer un message à mon père.

Moi :
Salut papa, comment tu vas ?
Ça se passe bien à la maison ?
Et Oli, il va bien ?
Il est comment en ce moment ?

Ça fait peut-être beaucoup de questions... mais je dois savoir.
J'arrive devant le lycée et y entre en présentant ma carte comme à mon habitude. En arrivant en classe, les rires des gens s'évanouissent et tout le monde me regarde. Je baisse les yeux, n'aimant pas le fait d'être au centre de l'attention, puis vais m'assoir à ma place. Je pose mon sac sur le sol et sors ma trousse. Je tends le bras pour la poser mais stoppe mon mouvement à quelques centimètres de la table. Les connards...
Sur la table sont écrites des insultes me visant. « Morveux » « le squelette de la salle de SVT c ramener jusque ici », « retourne dans le sud sal fantôme ».
Je relève les yeux et regarde un à un chacun et chacune de mes camarades. Sofiane et Alexandre ne sont pas là. Des rires mesquins se font entendre, le sourire fier de certains me donnent envie de vomir. Comment peut-on être aussi méchant envers quelqu'un qu'on ne connaît même pas ?
Je tourne la tête de gauche à droite en soupirant puis sors mes affaires. Je passe ma matinée à me demander comment je pourrais faire pour effacer les insultes puis me résigne. De toute façon ils les réécriront.

La journée passe très lentement. J'hésite à aller parler à la fille rousse mais me résigne, avec mon allure je dois faire peur.
À midi, je demande à un surveillant si on peut rentrer chez soi pour manger mais apparement non, on doit rester...
Je vais alors à la cantine et prend un plateau pour le remplir. Les gens affluent autour de moi, une fille manque de me faire tomber en passant en vitesse devant moi. Je m'assois et commence à manger lorsque mon téléphone vibre.

Papa :
Salut Florian.
Tout se passe bien..
Olivio est tres joyeux
Besos

Olivio est très joyeux ? Vraiment ? Il n'a répondu qu'à la moitié des questions.. Je soupire en rangeant mon téléphone puis mange et vais déposer mon plateau à la sortie du self. En sortant, je croise Elena. Elle est avec son groupe d'amies. Je lui souris et lui murmure « bonjour » en passant à côté d'elle, elle me répond par un petit signe de main.

L'après-midi, j'ai quatre heures de cours. J'écris des textes sur mon cahier pour faire passer le temps.
La sonnerie représente une libération pour moi. Lorsqu'elle retentit je range mes affaires en vitesse et sort. Il est dix huit heures, et il fait deja nuit. L'air est humide, et les feuilles tombées sur le sol collent aux chaussures. On est une des dernières classes à sortir. L'habitude me fait mettre mes écouteurs et mets le son au minimum pour rentrer. Je prends le nouveau chemin et emprunte les ruelles mal éclairées. Je marche les yeux fixés sur le sol quand un bruit me fait relever la tête.
Trois hommes en poussent un autre, il tombe au sol. Je baisse la tête et fourre mes mains dans mes poches pour saisir mon téléphone. Je continue d'avancer et arrive à quelques mètres d'eux. Ils continuent de frapper l'homme au sol. L'un des trois se tourne vers moi en entendant le bruit de mes pas, ce qui me fait me figer.
- TU VEUX QUOI ! TRACE TA ROUTE !
Je rassemble le peu de courage que j'ai et lui répond :
- Arrêtez, laissez-le !
Ils éclatent de rire face à ma voix tremblotante, puis partent. Je regarde l'homme à terre, il se tient le ventre et a les joues rouges.
- Ça... ça va ?
- Franchement y'a mieux..
Je tends la main et l'aide à se relever. Il me remercie d'un signe de tête et se met à partir.
- Attends ! Tu t'appelles comment ?
Il me répond sans se retourner :
- Matthieu !
- Et tu veux pas aller à l'hôpital ?!
- Non merci !
J'essaie de mémoriser sa silhouette et les couleurs de la veste qu'il porte en le regardant partir. Quelle journée...

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Chapitre court mais intensif :)
Love <3
[24/09/19]

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