"L'absence ni le temps ne sont rien quand on aime."
Alfred de Musset💞
Debout sur le bas côté de la route, ses valises derrière elle, une main posée sur sa hanche dans un geste de fatigue, Jeanne se trouvait tout juste à la sortie de la frontière qui séparait le Rwanda de la ville de Bukavu , qu'elle avait franchi un moment plus tôt. Elle exsudait la fatigue par tous les pores de sa peau. Il n'y avait qu'a voir la posture qu'elle avait adoptée.
Après d'interminables heures de vol avec nombreux escales et changement d'appareil avec les formalités y relatives et les liasses de documents qu'elle avait du remplir à la frontière rwandaise pour pouvoir entrer en R. D. Congo, elle était sur le point de s'écrouler de fatigue. Et cerise sur le gâteau, cela faisait plus d'une heure qu'elle était debout sur le bas côté de la route et il n'y avait toujours aucun taxi en vue. Ses jambes ne la portaient plus et elle pressentait que si elle ne trouvait pas de taxi dans les dix minutes à venir, elle n'aurait aucune honte à s'asseoir à même le sol.
Elle en était à cette réflexion lorsqu'un taxi s'arrêta devant elle ... Enfin !
Elle fit connaître au chauffeur de celui-ci sa destination et il lui indiqua le montant de la course , exorbitant qu'elle accepta sans rechigner trop heureuse de s'en aller. Il ouvrit ensuite le capot du véhicule et l'aida à y entasser ses bagages. Elle s'installa ensuite sur la banquette arrière et la voiture démarra en une secousse qui lui rappela que par ici les routes n'étaient pas dans le meilleur état possible ... Bienvenue au pays, pensa-t-elle avec une pointe d'ironie.
Le parcours menant à Kalambo en provenance de la frontière avec le Rwanda était le meilleur moyen d'admirer la ville et ce qu'elle était devenue depuis toutes ces années et elle profita donc pour l'admirer. La ville en soit n'avait pas changé à quelques détails près. Durant le parcours ils passèrent devant le petit marché de Nguba qui était exactement comme dans son souvenir, elle reconnut même un des marchands de légumes, toujours aussi petit et insalubre - mais moins insalubre comparé aux autres marchés de la ville dont il était le plus petit. Celui-ci se situait en diagonal du Collège Alfajiri, son Alma mater, c'était ici que ses amis et elles avaient suivis leur cursus scolaire, ici qu'ils s'étaient rencontrés , ici qu'ils étaient devenus amis, ici qu'ils s'étaient... séparés. Cette immense bâtisse datant de l'époque coloniale était un véritable musée à souvenirs. Et elle fut donc ébranlée de le revoir toujours aussi grandiose et majestueux, se dressant tel un souverain sur son trône en regardant de haut le reste de la ville qu'il surplombant. Ces bâtiments étaient un tel chef-d'oeuvre architectural qu'il aurait été impossible de les reproduire, même pour le plus chevronné des architectes.
Le trajet se poursuivit et elle découvrit que certains anciens bâtiments n'existaient plus ayant été remplacé par d'autres de construction plus récentes. Il était clair que le respect des mesures de l'urbanisme était toujours un concept qui échappait à la population locale mais il y avait cependant une nette amélioration depuis son départ pour l'université.
Au bout d'une longue heure en voiture , après avoir traversé toute la ville d'un bout à l'autre, ils étaient arrivés à destination. Elle se fit à nouveau aider pour ses bagages et rémunéra conséquemment le chauffeur qui ne tarda pas à s'en aller.
Après s'être fait ouvert la grille d'entrée par la sentinelle, elle remonta l'interminable allée qui menait à la villa.Lorsqu'elle aperçut au bout de l'allée la scandaleusement magnifique et immense villa de Faustin et Dorcas , elle exulta littéralement de joie , comme le peuple d'Israël lorsqu'il avait finalement atteint la terre promise après la longue et périlleuse traversée du désert. Elle hâta alors ses pas et atteignît enfin les marches du perron qu'elle grimpa du mieux qu'elle put, compte tenu de ses lourds bagages , une grosse valise , une de taille moyenne et un vanity case assorti. Elle enfonça la sonnette , ayant atteint la grande porte d'entrée de chêne massif à double battant et attendit.
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Histoires inachevées
RomanceC'est la fin de l'année. Tandis que le soleil disparaît derrière les montagnes vertigineuses de Bukavu ; huit filles et trente garçons , tous aussi beaux et élegants , jeunes et dynamiques , rêveurs et impatients , joyeux et enthousiastes , achèvent...