Fausse Note

Chapitre 4 - « Bon mariage toi et ta play 3 »

« Ma clique manie les armes autrement, tu meurs par elle
Tout c'qu'on voit dans ce monde, la deuxième fois c'est plus pareil
On a fait couler les larmes, on n'était pas préparé »

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Hakim Akrour,

- T'es passé au studio ce matin ? Hugz nous à fait écouter une prof archi lourde hier on attend plus que ton accord pour poser dessus avec le S.

L'importance que l'on accorde au fait de choisir nos productions tous ensemble est primordiale au sein du groupe pour que tout se passe au mieux. Je suis saucé de voir qu'encore une fois ils attendent ma validation pour commencer les choses sérieuses, ça me conforte dans l'idée que ce sont des vrais frères et pas de simples amis, même si ça fait bien des années que j'en doute plus.

Je jette un coup d'œil au Grec affalé sur mon canapé en croquant dans ma tartine de pain grillé.

- J'irai cette aprem si j'ai un peu de temps khoya.

Je m'avachis à côté du brun portant son éternelle casquette SZR rose et un sweat noir également à l'effigie de son label.

- Lance une partie de call of, lui demandais-je

Aussitôt dit aussitôt fait et nous voilà partis pour une matinée de geekage intensif. Bien sûr comme d'habitude je l'ai humilié, j'avoue que je ne comprends pas vraiment pourquoi ils continuent tous de se frotter à moi alors qu'ils savent pertinemment que dans ce domaine c'est moi qui est le dessus et de loin. Pareil pour tout ce qui concerne la tise d'ailleurs, je suis le daron de la maison. Chacun son domaine les khos, eh ouais le fennec on peut pas être un génie des mots tah Maupassant et gagner à la play h24.

- Frère t'es trop chaud sérieux, je vais finir par croire que tu vas te marier avec ta play, plaisante Ken

Mon reuf choisit ce moment pour débarquer, il pue le Jack Daniels à vingt mètres. Depuis qu'il est plus avec sa meuf c'est devenu une vraie baltringue j'ai juré, il passe des soirées entières à se bourrer la gueule et il réapparaît le lendemain comme un cadavre. Si vous saviez à quel point j'ai envie de le défoncer quand il se laisse aller comme ça. En plus vu que nos darons sont plus là je suis obligé de veiller sur ses côtes, or de questions qu'un de nous deux finissent au placard. Yemma se ferait trop de soucis, on a pas le droit de lui faire ça après tout ce qu'elle nous a donné. J'ai déjà évité un petit séjour là-bas de peu il y a une semaine donc c'est pas le moment qu'Idriss se mette à faire des conneries.

Je grogne une insulte inaudible à son insu quand il s'approche pour saluer et Ken en prenant la peine de m'éviter.

Je préfère garder toute la haine que j'ai en moi pour ne pas la déverser sur mon frère et m'en servir dans mes écrits, je kiffe quand mes textes sont bien bresson et reflètent comme il faut ma personnalité. Je souffle un bon coup avant de me lever et de disparaître.

Je vagabonde sans but précis dans les rues du 15ème arrondissement de Paris qui est bondé de monde en ce samedi pluvieux. L'air frais glace mes joues et les gouttes de pluie gèlent mes mains pendant tous le trajet. Je finis par m'arrêter dans un parc où squatte les gamins de quartier, je me rappelle qu'on venait tout le temps là avec Idriss et Ken quand on était plus jeunes, c'était notre point de rendez vous, en bas du hlm numéro 4 où nous résidions mon frère et moi avec notre grand mère.

Je me cale sur une barrière et je sors mon bigo sur lequel je vais écrire mon texte. J'envoie un message à hugz en lui demandant de m'envoyer la prod par mail, flemme de me trimballer jusqu'au stud.
J'essaye toujours d'écrire sur papier comme à l'ancienne pour ne pas perdre ce côté plus authentique du rap mais aujourd'hui je n'ai rien d'autre sous la main que mon tel alors on fera avec, puis ça m'arrive quand même régulièrement de gratter sur ce dernier alors ce n'est pas ça qui va vraiment me perturber. J'ai une multitude de couplet dans l'onglet « note » qui attendent d'être posés mais qui ne correspondent pas vraiment à l'ambiance du S-crew, je les garde pour mon projet pro avec fram' qui verra peut-être le jour un de ces quatre.