Chapitre 15 : Bas les masques

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Élie

Ce matin, encore, mon père a pris le soin d'injecter une dose inhumaine de sédatif dans ma perfusion. Perfusion que je m'efforce de vider avec soin dans les toilettes dès que son pick-up disparaît entre les grands arbres qui bordent la forêt. 

Joyce ne tarde pas à venir me chercher, pile à l'heure comme convenu. Je dois avouer que je ne placer pas une confiance aveugle en cette dame, en vue de l'amitié qu'elle entretient avec mon père. Mais elle a tenu sa promesse, alors il n'y a plus raison de douter.

J'enfile un hoodie long à capuche gris foncé, un jean droit noir et ma paire de Docs bordeaux adoré, que j'ai nettoyé avec une certaine application. J'égalise et raccourcis légèrement ma frange en constatant que mes racines blondes commence à pointer le bout de leur nez. Je n'ai ni le temps ni le matériel pour les teindre en noir. Pour cacher ces mèches opportunes, j'opte pour une demi-queue haute, rien de très excentrique, mais ça fait le job.

En sortant, je vois ma moto sous sa bâche et ça me manque. Je ressens un petit pincement au cœur face à l'engin laissé à l'abandon, mais il faut bien faire des sacrifices pour obtenir ce que l'on veut. 
Je rejoins la voiture qui m'attend et constate que Joyce n'est pas seule en montant à l'arrière. Un garçon, que je devine sans trop de difficulté être Will, est assis à l'avant et perd son sourire en me voyant. Bizarre. 

- Salut Elizabeth, me sourit Joyce en faisant marche arrière. Je te présente Will, mon fils. Will, c'est la jeune fille dont je te parlais, la fille de Jim. 

- Je crois qu'on s'est déjà vu, tu es un ami de Max ? Contente de te rencontrer, dis-je de façon amicale devant ce garçon qui ne semble pas disposer à l'être. 

Il me lance un regard surpris dans le rétroviseur et en le croisant, j'aperçois une certaine peur briller dans le bleu de ses yeux. Il se détourne rapidement de moi et fixe la route face à lui, le teint livide comme s'il venait de voir un fantôme. A-t-il peur de moi ? Pourquoi ?  Je ne lui ferais pas de mal, jamais. 

- Oui, à la cafétéria et Max n'est pas vraiment une amie. C'est juste une connaissance de Lucas et Dustin, murmure-t-il d'une voix monotone et distante.

- Vous avez une amie en commun ? Qui l'aurait cru, c'est sympas tout ça, s'enthousiasme Joyce en manœuvrant sa voiture en fin de vie sur la route terreuse de forêt, ne prêtant aucune attention à la tension qui règne dans l'habitacle. 
Oh ! Demain, c'est Halloween, Will et ses amis vont se déguiser en  Ghostbusters. En quoi vas-tu te déguiser ?

C'est demain ? Moi qui pensais que c'était aujourd'hui, n'avoir eu aucun contact extérieur pendant quatre jours m'ai un peu fait perdre la notion du temps. Tant pis, ce n'est que partie remise. Je vais avoir 16 ans et je n'ai jamais fait la chasse aux sucreries, ni jamais participé à aucune de ces fêtes sordides et commerciales. Je pense aussi être trop vieille pour ce genre de choses maintenant si on y croit les codes de cette société. Mais bon, il n'y a pas d'âge pour s'amuser selon moi, et il faut bien une première fois à tout.

- Aucune idée, je suis déjà un personnage atypique donc un déguisement n'est peut-être pas utile, avoué-je en regardant par la fenêtre. 

Pour une raison que je ne saurais pas expliquer, mes mots on arracher un bref sourire au jeune garçon qui s'était transformer en statue de marbre. Il s'efforce de le cacher derrière sa main, mais c'est trop tard, je l'ai vu. 

- Je te ferais un gâteau, reprend Joyce en allumant la radio, toujours un sourire bien accroché aux lèvres. 

Prise de court et surprise, j'essaye de protester à cette idée. Ce n'est pas nécessaire, et même, je ne saurais pas comment la remercier. La musique, mise beaucoup trop forte de façon à en anticiper ma réaction me coupe littéralement la parole. 
Cette femme est un ange, ce n'est pas possible d'être si bienveillante avec une personne qu'on ne connait que depuis quelques jours. 

𝙎𝙏𝙍𝘼𝙉𝙂𝙀 𝙎𝙏𝙍𝘼𝙉𝙂𝙀𝙍 {𝘽𝙞𝙡𝙡𝙮.𝙃||𝙎𝙏}   Où les histoires vivent. Découvrez maintenant