Les marguerites étaient jolies et sentaient bon le sable chaud et les fleurs champêtres.
Au fond, un peu plus loin, Damien pédalait sur son tricycle jaune, fredonnant, sans vraiment s'en rendre compte, un air bien connu des scarabées. Il y était question de sous-marin et de jaune, encore.
Hector, chat noir, marchait au bord à droite d'un chemin caillouteux, un baluchon jeté sur l'épaule gauche et un ukulélé en bandoulière.
Il portait aussi un chapeau de paille mouillée, qui lui donnait un air de petite prairie après l'orage.
Il sifflotait un air connu des fans de Sixto Rodriguez.
Il se dit aussi que s'il devait pédaler sur un tricycle jaune, là, tout de suite, il ressemblerait surement à une espèce de gros bourdon "rock'n'roll".
Ou pas.
Peut-être juste à un chat noir sur un tricycle jaune, finalement.
Mouais. Moue dubitative.
Hector aperçut, encore un peu plus loin, une souche d'arbre, posée là, à l'ombre d'autres arbres, qui eux avaient continué à pousser.
Et au milieu, un vieux chêne centenaire, planté là et âgé d'au moins deux mille deux cents ans.
L'endroit idéal.
Hector se posa là.
Il se libéra de ses chaînes invisibles, qui le retenait, et de son baluchon.
Il saisit son ukulélé et entama un morceau qui commençait comme ça :
" There's a lady who's sure all that glitters is gold " (Il y a une femme qui est certaine que tout ce qui brille est or)
et puis qui continuait comme ça :
" And she's buying a stairway to heaven " (Et elle achète un escalier menant au paradis)
" When she gets there she knows, if the stores are all closed " (Et lorsqu'elle y est, elle sait si les comptoirs sont fermés)
" With a word she can get what she came for " (Un mot lui suffira pour avoir ce pourquoi elle est venue)
" Ooh, ooh, and she's buying a stairway to heaven " (Ooh, ooh, et elle achète un escalier menant au paradis)
Et la lumière du monde s'éteignit. Brutalement. Sans prévenir personne ou qui que ce soit d'autre.
Les cœurs de tous se mirent à pleurer du sang et les yeux de toutes se mirent à saigner des larmes.
Et puis, une étoile s'alluma tout là-haut dans le coin du monde, à gauche en sortant.
Plus qu'une étoile en fait, quelqu'un venait d'éclairer le seuil du Paradis qui venait de s'ouvrir sous les yeux d'Hector.
Une silhouette, comme celle d'une sorte de vieux magicien barbu, se découpa sur ce fond de lumière blanche. Elle s'appuyait sur un long bâton, bout de bois tordu et noueux.
A la vue d'Hector, l'apparition divine se gratta la barbe, qu'elle avait plutôt longue, visiblement préoccupée et contrariée.
- Non, non, non et non ! dit-elle calmement mais navrée.
- Tu ne peux pas faire ce genre de chose... Tu ne peux pas faire cela, comme ça, de manière innocente comme si de rien n'était... Faut-il donc je te rappelle que tu es un chat noir ?
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Hector. Chat(s) Noir.
Short StoryLes sept vies et les sept morts tragiques et rocambolesques d'Hector, chat noir et magique.