[5] potion

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Philomène était malade. Depuis dix jours, clouée au lit à l'infirmerie, elle ne semblait pouvoir se remettre et condamnait son acolyte à errer seule dans les couloirs frais du château, en ce mois de décembre 1843.

C'était donc en proie à un ennui terrible que, en silence, Antigone se glissait dans la salle de potion. Avec le début de l'hiver s'était abattu un froid monstrueux sur le château, et la vieille salle de classe n'y échappait pas. Une température polaire frigorifiait l'ensemble des élèves et chaque jour Mr Chefron, l'infirmier, était un peu plus débordé.

Miss Russo, leur professeur, s'affairait entre ses chaudrons et ses mouchoirs, le nez rouge au point d'en saigner. Ses longues boucles blondes, d'habitude rassemblées en une belle natte soignée, paraissaient sales et emmêlés, ramenés sur le haut de sa tête en un chignon approximatif. Le peu d'élèves restant s'était regroupé sur les tables du centre, emmitouflés dans leurs capes, écharpes et gants.

- Aujourd'hui, nous ferons un cours simple. Nous reprendrons notre travail de hier. Ceux qui s'en sont bien sortis, aidez ceux qui ont eu du mal. Bredouilla la jeune femme entre deux éternuements. Mettez-vous par deux, prenez un chaudron, et allez chercher les ingrédients.

Après quelques secondes d'hésitation, c'est l'élégant Appolon qui se dirigea vers la solitaire Antigone. Les yeux pétillants de malice, rajustant ses lunettes dorées sur son nez, il adressa à la jeune femme un sourire en coin discret, avant de s'asseoir à côté d'elle.

- Mademoiselle Antigone Black. La salua-t-il, en sortant sa plume. Je suis Apollon. Un P, deux L.

- Appelez-moi Antigone, je vous en prie. Et tutoyez moi. Lui sourie-r-elle, surprise de sentir ses joues rougir en l'entendant prononcer "mademoiselle" suivi de son prénom.

- Comme tu le souhaites. Répondis-t-il, avant de se mettre au travail.

Leur besogne terminée, les deux jeunes gens sortirent ensemble de la classe de Miss Russo, riant au éclat en repensant à cet idiot de Perrez qui avait renversé son chaudron d'eau bouillante sur l'enseignante.

D'un commun accord, ils avaient décidé de se rendre à l'infirmerie, où Philomène les y attendait avec impatience.

Les yeux vitreux et le regard fatiguée, leur amie semblait pourtant rayonner de joie à la vue de ses deux camarades. Le simple fait de leur rapide visite paraissait avoir apaiser tout ses maux.

ANTIGONE [HP fiction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant