Ciel tourna le regard vers Sebastian. Vers ses yeux enflammés par les bougies. Se sentant consumé de l'intérieur, il se croyait fondre face à son regard.
Sebastian plaça sa main sur la joue de Ciel. Celui ci sursauta et s'en échappa. Il regretta aussitôt. Il ne s'y attendait justement pas.
-Il me doit d'être plus doux envers vous. Vous êtes si traumatisé, mon jeune maître.
Suis-je dans un rêve ? Suis en train de rêver ? Serais-ce le fruit de mon imagination ? M'a-t-il réellement touché la joue ? M'a-t-il réellement appelé « mon jeune maître » ?
Ciel plaça sa main sur sa propre joue, choqué.
-Bocchan. J'aimerais vous dire...
Et il fut coupé par Elizabeth, apprenant à Ciel que le bal allait s'ouvrir à l'instant.
Toujours là dans les mauvais moments, celle là.
Tout le monde étaient rassemblés dans la salle de bal. Aloïs et Ciel faisaient leur entrée. C'est ainsi que la musique fut jouée, et que la danse débuta. Ciel plaça une main sur la taille d'Alois, et celui ci plaça la sienne sur son épaule. Ils commencèrent à danser, Aloïs fixa les yeux de Ciel, semblant vouloir y plonger. Son rêve se réalisa : danser avec son beau Ciel Phantomhive. Cela valait tout les cadeaux d'anniversaire au monde. Ciel appliqua à merveille l'apprentissage rigoureux de son majordome. Celui ci le constata, malgré sa jalousie fortement présente. Quand la danse fut terminée, Aloïs embrassa Ciel sur la joue devant les regards ébahis des spectateurs. Ils furent tout deux généreusement acclamé par ceux ci.
-Et bien voilà, tu n'es tout de même pas mort, hein.
-La ferme, Aloïs.
Bon, n'empêche qu'il était très proche de moi, et j'ai pu remarqué à quel point son visage était joli.
Je peux le détester autant que je veux, il reste néanmoins extrêmement attirant. Ça ne m'étonne même pas que tout les hommes qu'il souhaite tombent sous son charme.[...]
En vue du long trajet entre la maison Phantomhive et celle Trancy, Ciel était amené à coucher sur place.
En arrivant dans ses appartements, il pouvait remarquer à quel point la décoration était toute au goût d'Alois. Pour le coup, il ne manquait plus que sa présence pour que l'atmosphère « Aloïs » serait à son comble.
Sebastian posa le couvre chef de Ciel ainsi que sa canne dans la grande armoire.
Il n'avait pas terminé sa phrase. Cela me tracasse beaucoup. Mais d'un autre côté je n'ose pas le relancer et lui poser la question. Je n'ose même pas le regarder dans les yeux de honte, honte qu'il m'ai vu toucher l'autre fou. Mais je me dis qu'il fait la même chose de son côté, qu'il couchait avec d'autres personnes, d'autres hommes. Ai-je touché Aloïs afin de rendre jaloux Sebastian ? Afin de lui montrer qu'il peut y avoir autre que lui dans ma vie ?
Je n'en sais rien, je ne me comprends même plus.-Voulez-vous prendre un bain, jeune maître ?
-Demain matin sera préférable.
Cette journée m'a parut si longue et si accablante. J'ai une envie de solitude, tout à coup. Malgré qu'elle me terrifie, j'ai eu tellement l'habitude de coexister avec elle qu'une once de compagnie me devient fatiguante.
Ciel tomba presque sur son lit à baldaquin. Sebastian le prit par le bras.
-Bocchan, vous ne tenez même plus debout.
-Tu es très perspicace. Ironisa Ciel.
-Vous devez faire une crise d'hypoglycémie, je m'en vais chercher du sucre.
-Non, non, ce n'est rien de cela. Je me sens juste extrêmement fatigué. Aide-moi à me relever et déshabille moi.
Sebastian le prit par la main et le releva. C'était une des rares fois où les deux se tenaient la main. Ciel y sentit comme une décharge électrique tant le frisson était fort.
Lorsque Ciel était fatigué, il en devenait extrêmement irritable.
Cette situation me donne envie de couler une marre de larmes.
Sebastian dévêti machinalement les vêtements de Ciel.
-Sois plus doux, Sebastian.
Sebastian ignora Ciel, et continua à le déshabiller machinalement.
J'ai l'impression qui veut être distant avec moi. Pensa Ciel. Qu'est ce qu'il lui prends ?
-M'as-tu entendu, Sebastian ?
-Je vous ai parfaitement entendu, jeune maître. Je veux juste m'assurer que vous soyez déshabillé le plus vite possible afin que vous rejoignez votre lit.
-Non mais... Aïe ! Plus vite ne veut pas dire plus fort ! Tu me fais mal, là !
-Excusez-moi, jeune maître. Vous devez vous renforcer.
Mais j'hallucine !
Ciel gifla Sebastian.
-Tu es d'un culot ! Je t'interdis de t'adresser à moi de la sorte ! N'oublies pas qui je suis.
-Un jour, vous me demandez d'être le plus honnête possible, et un autre, vous me demandez de taire la vérité. Veuillez au moins savoir ce que vous voulez.
Pour la première fois, Sebastian avait fait taire Ciel. Il n'avait pas tord, en effet. Ciel n'osait pas parler. Il était fautif.
-Je... Pardonne-moi, Sebastian...
Il plaça sa main sur la joue de son majordome.
-Je suis désolé. Je suis une enflure, j'en suis conscient. Je n'ai pas réfléchi avant d'avoir parlé et agit. Pardonne-moi...
Ciel s'effondra. Cette gifle, c'était comme si que c'était lui qu'il l'avait reçue. Par cette phrase qu'avait prononcé Sebastian, tout lui était retombé dessus : La fatigue, la peur, la jalousie, la non-estime de soi, le manque, la haine.
Une haine envers soi-même.
Une haine envers son comportement, ses sentiments, son apparence, son impuissance,
Son être.
Il ne savait que faire. Il ne savait que dire. Il ne savait que penser. Tout était troublé. D'un côté, le fait d'être odieux envers celui qu'il aimait était paradoxal, en le rendant jaloux, en le traitant de moins que rien. D'un autre côté, cette méchanceté émanant de lui avait sens : car être bon avec son bourreau est aussi paradoxal.
Voilà son dilemme : Être bon avec son bourreau ou bien être mauvais avec celui qu'il aimait.
Sebastian le prit directement dans ses bras, puis le serra très fort.
-Ne dites pas cela, bocchan.
Ciel sentait que cette situation était insupportable. Elle devenait d'autant plus insupportable de jour en jour. Qu'importe ses titres de noblesses, qu'importe son état d'esprit voulant être le plus froid possible, qu'importe sa vengeance, qu'importe son pacte, Ciel était avant tout un être humain, même s'il voulait enfuir son humanité au plus profond de lui même. Il se devait de vider son intérieur, il se devait d'évacuer toutes ces choses en lui, ces pensées le tourmentant. Cela jouait sur sa vie.
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Une braise glacée.
FanfictionDeux destins étroitement liés. Ciel Phantomhive, celui à l'œil glacial d'une froideur sans pareille, reflétant son état d'esprit inégalablement sûr et fier, et son majordomme Sebastian Michaelis, le démon au sourire angéliquement odieux et au regar...