AU PÉRIL DE MA MORT

B I E N V E N U E

          Le livre que vous tenez entre vos mains n'aurait pas pu être mieux ailleurs. Je peux même vous assurer que vous étiez destinés à le connaître. Oui, vous l'auriez vu. Vous l'auriez lu. Tôt ou tard. Les choses sont ainsi et n'auraient pas pu être différentes.

          Cependant, j'aperçois vos minois sceptiques. J'avoue que cela me fait sourire à chaque fois. En effet, j'agis parmi vous depuis des siècles, il serait donc parfaitement incongru de douter de ma parole. Et, quand bien même vous refermeriez ce bouquin, jurant contre la notion de destin, je sourirais toujours autant, intriguée par ces influx nerveux rebelles qui se plaisent à vous commander ce genre de réactions tout à fait sottes et typiquement humaines.

          Oui. Ce petit amas de chair, de neurones et de liquides qui constitue votre être est constamment emporté par une multitude de sensations, de sentiments complémentaires et contradictoires. Votre existence n'est que doute et remise en question. Vous regrettez tout, en tout temps. Je ne cache pas que j'apprécie particulièrement cela. J'admire avec fascination vos cœurs indécis vaciller entre deux eaux.

          C'est pourquoi, trop souvent, j'interviens. Vous m'y contraignez, êtres débiles, incapables de prendre les bonnes décisions. Oui, je vous guide à travers les ténèbres de vos vies. Vos ancêtres ont toutefois voulu se passer de moi et ont vu leurs royaumes et murailles s'effondrer. Sans moi, vos vies ne seraient que cendres et souvenirs. Alors, cessez de lutter.

Aimez. Ce livre, votre vie, les membres de votre parentés, votre chiot...

Aimez. Simplement.

Rhéane.