[ Dura Lex | Sed Lex ]

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Avril 1986

Une atmosphère brumeuse régnait sur Prypiat en cette journée d'avril. Eurydice s'était levée tôt, sans broncher et avait suivit son père dans l'impressionnant dédale qu'offrait la ville. Aujourd'hui c'était leur premier jour de travail à la centrale de Tchernobyl. Son père irait travailler au réacteur numéro cinq, celui en construction, pendant qu'Eurydice s'occuperait des petites tâches qu'ils incombait aux employés de basses catégories du réacteur trois.
Ce jour là ne fut pas vraiment palpitant au contraire de ce qu'avait pu penser la jeune fille en se levant. La commandante passa une ou deux fois dans les lieux pour savoir comment les choses se passaient. Une bonne humeur ambiante régnait, Eurydice avait essayé de discuter avec ses collègues mais la tâche s'avérait plus qu'ardue quand on ne parlait pas un mot d'Ukrainien, langue que tout le monde utilisait pour les commodités visiblement.

Ivan était de bonne humeur ce soir là en rentrant du travail ce qui n'était pas le cas de sa fille. Cette dernière avait trouvé le travail plus qu'éreintant et se demandait comment elle allait faire les prochains jours pour le supporter. Par ailleurs, elle soupçonnait la commandante de se réjouir secrètement de la torturer.

"Il n'y a pas beaucoup d'animation ici" lui avait elle dit en haussant les épaules d'un air las.

Eurydice s'arrêta une nouvelle fois devant la grande roue et sourit, elle était complètement assemblée maintenant. Elle tapota sa poche, il lui restait deux pièces de cinq roubles soviétiques, assez pour faire deux tours, un seul si sa soeur acceptait de l'accompagner.

25 avril 1986

"Allez Svania, viens faire un tour de manège avec moi, c'est ma seule après midi de repos et encore, j'ai du supplier la Commandante pour qu'elle me l'accorde.."

"Non, figures toi que t'es pas la seule à bosser, madame je suis la meilleure."

Eurydice soupira en comprenant l'allusion de sa soeur. Deux jours auparavant, cette dernière avait trouvé un travail qui consistait, entre autre, à aider les infirmières du coin. Mais l'endroit était tellement paisible que Svania se tournait les pouces toute la journée.

"Je t'en prie..."

"Non."

"Svania c'est votre anniversaire, aère toi un peu la tête, allez vous amuser toutes les deux. Ce n'est pas comme si tu avait un travail qui t'attendait en ce moment !" Ivan émit un petit rire en ébouriffant les cheveux de sa fille.

Elle se dérida un peu et fini par acquiescer et suivre Eurydice.

"Il y'aura peut-être des gens sympas" Déclara Eurydice tendit qu'elle sautillait dans les allées de la petite fête foraine.

"Parles pour toi, moi, j'ai déjà un copain et figures toi que je ne compte pas le tromper !"

"Comme si lui se gênait.." Eurydice n'avait pas parlé très fort, mais assez cependant pour que Svania comprenne ce qu'elle disait.

Le visage de cette dernière se ferma et ses yeux s'assombrirent.

"Désolée.." Marmonna subitement Eurydice en lui posant une main sur l'épaule.

"J'ai pas besoin de ta pitié.." Elle délogea la main d'Eurydice d'un violent coup d'épaule et s'éloigna.

Lorsqu'Eurydice rentra chez elle, il était un peu plus de vingt trois heures. Elle alluma la radio et se laissa tomber mollement dans le fauteuil le plus proche. Un calme léger régnait. Ses parents étaient sortit prendre un verre à la lisière de la ville et Svania était introuvable. Elle sentit ses yeux la picoter ses paupières se fermer d'elles mêmes.

Crimson WineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant