Retour dans le passé - Partie 2

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On dit souvent que plus qu'on attend pour régler une situation, plus celle-ci sera difficile à régler. Fatima et moi nous étions dans une impasse. Mais, Il fallait décider. Fatima n'était pas en mesure de le faire encore moins de choisir la bonne issue. Elle avait en face d'elle deux sorties. Si elle choisit la première : elle perdra la personne qu'elle aime, elle ira se marier avec une personne dont elle n'est pas amoureuse et ne désobéira pas à sa famille. Par contre, si elle choisit la seconde sortie, elle restera avec la personne dont elle est amoureuse, elle n'ira pas se marier avec une personne dont elle n'aime pas. Mais va désobéir à sa famille. Moi non plus je ne savais plus quoi faire, mais fallait que je décide, fallait que je prenne une décision. Car on dit souvent que plus qu'on attend pour régler une situation, plus celle-ci sera difficile à régler.

Je prends le mouchoir et j'essuies les larmes de Fatima. Juste pour parfumer l'air je lui lance une petite pique en lui disant : « Même en pleurant tu es toute belle ». Elle me répond par un petit sourire. Sans nul doute le dernier sourire de ma belle que je verrais. Puis je lui dis : « Toi et moi Fatima, on avait des objectifs communs : fonder notre famille et vivre pour l'éternité. Nous partagions ce rêve depuis plus de 2 ans presque. On a vécu des moments de bonheurs, des moments de disputes comme chaque couple normal. Mais ont été toujours armé par mon désir, ton désir, notre désir. Mais on dirait que ce désir ne sera pas exaucé. » Soudain, mes larmes se mettent à couler, j'avais plus la force de parler, mais je me disais au fond de moi : « qu'il faut que je fasse quelque chose... il faut que je fasse quelque chose ». C'est en ce moment que j'ai su qu'il faut que j'assume.

J'attrapa sa main et je lui dis : « suis-moi, nous allons parler avec tes parents. On va tout leur expliquer ». Elle me suit, on marche, les mains réunies, tout le quartier nous regardait. Mais, on ignorait totalement ce qui nous attendait là-bas.

Arrivé chez elle devant la porte de sa demeure, avant même d'entrer, une voix cria depuis le balcon de la maison : « Ne franchit pas la porte ! Si tu ne veux pas de problème. » Je me redresse et à ma grande surprise c'était sa mère. Je ne savais plus quoi faire, Fatima aussi. C'était comme si on nous avait coupé nos jambes. Folle de rage, sa mère est descendue des escaliers et est venue vers moi, puis me dit : « Laisse ma fille tranquille, elle ne sera pas ta femme aujourd'hui et elle ne sera pas ta femme demain, ni après-demain. Oublie-la et laisse-la vivre. Elle se marie avec quelqu'un de sa famille et qui est beaucoup plus riche que toi. » Waw, ça été un coup dur pour nous, surtout pour moi. Je n'avais jamais reçu une humiliation de cette taille durant toute ma vie. C'est vrai qu'à l'époque j'étais qu'un simple étudiant. Et en plus je ne suis pas né dans une famille de riche. Je vivais seul avec ma mère. Celle-ci vendait des légumes au marché et le peu qu'elle avait, c'était pour se nourrir elle et moi ou payer le logement. Mais je me contentais tout simple de ce qu'on avait et je me suis toujours fixé un objectif dans ma vie : nous faire sortir de là. Les paroles de la mère de Fatima m'ont beaucoup touché. Je n'ai jamais entendu des paroles aussi blessantes durant toute mon existence.

Après m'avoir parler, elle se retourna vers sa fille et lui dit : « Si je te vois ne serait-ce encore une fois avec cet homme, je coupe tout lien qui m'unissait à toi pour le restant de ma vie. » Ne sachant plus quoi faire, Fatima courue à vive allure dans sa chambre tout en pleurant de chaudes larmes. Moi de mon côté j'ai pris la direction du chemin de retour. Rentrant chez moi, les paroles de la mère de Fatima font un bourdonnement dans ma tête. C'était une très grande humiliation, surtout devant tout le quartier. J'avais perdu le goût de la vie. C'est comme si j'étais en train de mourir. Je me considérais déjà comme un cadavre ambulant. Car pour moi j'étais déjà mort, on m'a volé ma vie, mon âme, celle que j'aimais.

Après quelques minutes de marche, des minutes qui ressemblaient à des heures pour moi, je suis enfin arrivé chez moi. J'entre directement dans ma chambre et ma grande surprise je vois le mouchoir en coton de Fatima sur mon lit. Elle l'avait oublié là-bas. C'est qui me restait comme souvenir. A part celles que j'avaient dans ma tête : les moments que nous partagions ensemble, le jour où l'on s'est rencontré, le jour où elle m'a dit oui, son beau sourire, ses yeux et sa belle voix. Bref, tout défilait dans ma tête. J'ai pris le mouchoir entre mes mains et je commençai à pleurer comme un enfant. Je pleurais jusqu'à ce que ma mère, qui revenait du marché, m'entende.

Elle entra dans ma chambre et la première question qu'elle me posa c'est : « Pourquoi pleures-tu mon fils ? » Je continu toujours de pleurer car je n'avais même pas les mots pour m'exprimer. Elle s'assoit donc sur lit, me prend dans ses bras et me repose encore la même question. Cette fois-ci après un instant, je décide de répondre tout en pleurant. Je lui ai expliqué tout ce qui s'est passé. Avant même de terminer ses larmes se sont mises à couler. Car elle ressentait le chagrin que j'avais. Elle est ma mère certes, mais toute personne qui me voyais dans cette situation ne pourra guère résister.

Maman, m'écouta jusqu'à la fin, elle essuie mes larmes et dit en pleurant : « Tu sais ce qui fait la beauté de la vie, mon fils ? C'est le fait d'avancer, de se réveiller chaque jour, de marcher chaque instant, sans savoir qui on va rencontrer. Dans quelle situation nous serons demain. On planifie, on se fixe des objectifs sans savoir si nous allons les accomplir ou non. Mais quoi qu'il advienne, l'essentiel c'est d'essayer. Car si on essaie on aura au moins une chance d'accomplir nos objectifs. Et de réussir si cela marche. Par contre, si on échoue ce n'est pas grave, car au moins on y tira une leçon. Il faut juste donner quelque chose à la vie et à coup sûr la vie te rendra quelque chose. » Elle y ajoute : « Toi et Fatima vous avez vécu une bonne aventure mais hélas que cela s'est terminée de cette façon. C'est n'est pas toi qui a voulu cela, encore moins elle. Mais c'est ça la vie, on ne s'est jamais ce que l'avenir nous réserve. Peu importe la situation dans laquelle tu es. Peu importe les difficultés que tu rencontres. Peu importe ce que l'avenir te présente demain. Ne baisse jamais les bras, crois en toi. Sache dans ta tête que celui qui est capable de redonner la vie après la mort est capable de te faire sortir du trou quelque soi sa profondeur. Malgré que ce sera très difficile d'oublier Fatima, mais essaie juste et tu le feras. Je te demande juste de te ressaisir, de continuer ta vie et tu seras grand un jour !» Elle se leva et se dirigea vers la cuisine pour préparer le diner.

Ma mère est tout pour moi. Je vois en elle une femme battante, une femme unique en son genre. Depuis que mon père nous a quitté, ma mère a toujours été là pour moi. Elle a tout sacrifié pour moi pour me mettre dans de bonnes conditions. Elle se levait tôt le matin à l'heure où certains hommes même étaient en train de dormir et elle se coucher tardivement. C'est grâce à elle que je me suis remis en cause ce jour-là où on ma séparait de Fatima. Je me suis dit que je ferais tout pour oublier Fatima. Je me suis séparé avec toutes les affaires qu'elle m'avait offertes. Certes tout au début c'était très difficile voire même impossible mais il y'a eu un moment ou c'était comme si on a retiré Fatima et tous ceux qui allaient avec elle de mon cerveau et j'ignorais que ma vie allait la replacer sur mon chemin. Et c'est avec cette retrouvaille avec Fatima que j'ai découverts le pourquoi.

Après ma séparation avec Fatima, j'avais plus goût aux relations amoureuses. Bien sûr jusqu'à ce que j'aie rencontré Mame Diarra, ma femme actuelle. Mais bien avant cela, je me suis juste concentré sur l'essentiel : Sortir ma mère de cette situation difficile. Et c'est cet objectif-là qui m'a permis d'avoir ce que j'ai aujourd'hui à 35 ans. Des villas où ma mère et ma famille sont dans de bonne conditions, être à la tête d'une grande entreprise. Et conduire une « Range Rover ». Qui nous faisait rêver Fatima et moi quelques années en arrière.

Oui, Fatima mon passé. Comme elle me l'a rappelé d'ailleurs lorsque nous étions dans ma voiture. Où l'air de tristesse et de désolation règne toujours.

Elle (... en souriant) : « Félicitation, ton rêve est devenu réalité tu conduis maintenant une range rover. » Et je lui réponds d'un notre ton : « Oui, après que le nôtre s'est brisé ». Ce n'est pas parce qu'elle est allée vivre avec un autre homme ou mon amour pour elle s'est transformé en haine. Mais juste à cet instant-là, ma vie a perdu son équilibre en une fraction de seconde. Je fais face à un énorme problème : le retour de mon passé. J'étais perdu, je ne savais plus quoi faire. Et je ne savais pas pourquoi Fatima insistait pour me parler ? Mais le pire dans tout ça c'est que j'ignorais qu'un autre problème aussi délicat m'attendait. Comme on le dit souvent, un problème peut toujours en cacher un autre. Ce second risque de faire beaucoup plus de dégâts que le premier et mieux d'anéantir ma vie.

.... A SUIVRE

Une chronique de EL HADJI BABACAR SENE

P.S: La suite sera disponible demain soir IN SHA ALLAH. Abonnez-vous pour ne rien rater 😉.

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