Petite proserie

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I. Thomas


C'était un amour étrange, point né de rêve de tendresse ni de galanterie, mais de désir et de complices révélations. Grand et faible à la fois, l'on sait bien qu'on a toujours besoin d'un plus petit que soit. Et c'est bien le grand qui compris son besoin premier, alors que le petit papillonnait ailleurs, gardant en mémoire la sauvagerie et l'effrayante douceur dont était à la fois capable le nounours au grand coeur.

"Aime-moi, je ne te décevrai pas" finit par dire le plus grand, rajoutant à sa tirade, une déclaration enfiévrée; il n'était plus uniquement guidé par le désir, et ce depuis longtemps. L'aveu fit mouche en un très court moment, conduisant dans ses bras sa guimauve brûlante, qui tout en n'étant plus vierge semblait innocente. L'innocence et la gentillesse, voilà ce qui éclata l'armure du grand.

Aimant, aimé, ses rêves comblés autant que ses fantasmes, il ne se lassa point de l'éternelle naïveté, adorant mais sans réellement l'avouer toute la douceur dont son ange pouvait faire preuve. Ils se comblaient mutuellement, et sans avoir à se le dire, partageaient le meilleur comme le pire et se rapprochaient encore. Oui, le voilà, le véritable Amour, celui où l'on partage et l'on connaît, sans avoir à rien dire autrement que par les yeux...



II. Damien


Au premier regard, je suis tombé transi, et quand dans mes bras tu t'es blotti, quelque chose en moi s'est brisé. Immédiatement reconstruit, j'ai voulu prendre soin de toi, et t'offrir cette boule palpitante, mais plus j'essayais et plus tu fuyais, comme effrayé que l'on tienne à toi. Hélas pour ta conscience, je n'ai jamais abandonné, conscient qu'au fond de toi je t'avais perturbé. Mais les refus et les esquives continuaient.

Tu préfèrais te concentrer sur ce que tu avais, tout bancal qu'il soit, plutôt que d'accepter le réconfort que je pouvais t'apporter. Et tandis que tu rentrais dans ton monde, le mien se resserrait sur mon coeur, me laissant froid et malheureux. Le temps fut long pour te prouver tous les avantages que tu aurais si tu te laissais un tant soit peu aller à vivre et à aimer. Seul, je n'aurais pas réussi, il a fallu que d'autres nous mêlent.

Une fois à l'écoute de ton coeur plus que de ta raison, dans mes bras tu es retombé; mais cette fois tu m'entrainas avec toi dans cette chute vertigineuse, qui se conclut par une remontée au septième ciel. Pour toi je suis prêt à tout, te décrocher la Lune, même surmonter mes peurs, tant que tu es avec moi. Et tout ce que tu désires, moi, réussite, ou qu'importe un autre enjeu, je te promets de te l'offrir, ô mon bel amoureux.

Délires oniriquesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant