12. Périls et embarras

152 21 239
                                    

Avec lenteur, Louis ouvrit ses yeux et mit du temps à comprendre où il était .
Des éclats de voix le sortirent du brouillard et il se remémora tout. Il se redressa à l'aide de ses coudes et regarda hébété Marie qui se dressait devant son frère et lui barrait la route, pour l'empêcher de l'achever.
William, scandalisé,  faisait de grands gestes et lançait des oeillades meurtrières au pauvre Sénonais qui se retenait de régurgiter. L'Anglais n'y était pas allé avec le dos de la cuillère, c'était le moins qu'on puisse dire !

La jouvencelle essoufflée, qui tentait de cacher sa poitrine à moitié découverte, avec ses mains, criait encore plus fort pour couvrir la voix du roux.

— Ce n'est point ce que tu crois, Will !

— Je crois ce que je vois ! En l'occurrence, ce pétoule, était en train de te prendre ta virginité ! Tu as vu dans quel état tu es ?! Je vais lui régler son compte ! J'aurais dû le faire depuis longtemps, d'ailleurs !

Il fit un pas en avant mais Marie le repoussa vivement. Elle n'avait pas l'intention de le laisser faire.

— Non ! Ne t'approche pas !

—Écarte-toi, nom de Dieu ! Tu as perdu la raison ? Comment oses-tu le défendre ?!

Comme il s'était rapproché d'elle , il sentit son haleine qui empestait  l'alcool à plein nez.

— Il t'a forcée à boire ?! Mais il est vraiment fol dingo ce type !

— Raaahhh ! Mais tu n'y es point du tout ! J'ai bu de mon propre chef.

— Plaît-il ?

— Oui, mon cher !

— Tu étais consentante? interrogea William d'une voix suraiguë.

— Oui ! Enfin...c'est-à-dire que ...

Un bruit de verre qui se casse, l'empêcha de poursuivre.

Elle se retourna, les sens en alerte.
Louis, toujours par terre, qui reprenait peu à peu ses esprits, plissa ses yeux bleus l'affût. Quant à William, il sortit sa dague de son fourreau.

— Qu'est-ce que c'était ? demanda-t-il. Marie, reste bien derrière.

Celle-ci obéit pendant que le roux commença à marcher dans l'allée centrale à pas de loup, et balaya la salle du regard. Il ne vit pas une masse se fauliler comme un rat d'égout entre les tonneaux, a contrario de Louis. Encore un peu nauséeux , il remarqua malgré tout,  un bout de tissu, certainement une capuche, qui dépassait des barriques et s'approchait dangereusement de William, qui avait le dos tourné.

Le Sénonais se releva en faisant appel à toute la force du monde et courut après le frère de Marie, sous le regard interloqué de celle-ci, qui perdit momentanément l'usage de la parole en le voyant faire.
Le fils du seigneur Montgomery se retourna, au moment même, où Louis bondit sur lui pour le plaquer au sol.
Il était temps, car l'instant  après, une lame fendit l'air et vola précisément au dessus de leur tête.
William pâlit en comprenant qu'il l'avait échappé belle et se dépêcha de se redresser, suivi de Louis, pour terrasser celui qui avait tenté de l'assassiner. Les deux jeunes hommes encerclèrent très vite le tueur, totalement  masqué. On ne voyait rien de l'homme, à part ses yeux marrons, il  avait pris soin de camoufler tout signe distinctif .

En partant dans l'ivresseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant