Louis se figea en sentant Marie se tordre sous lui.
La jeune femme tentait de se retenir mais c'était peine perdue. Elle pinçait ses lèvres et se mordait la langue mais à un moment elle n'y tint pu et partit dans un fou rire incontrôlable tout en gesticulant dans la crasse. Elle s'en fichait. Tout ça était trop pour elle. Trop d'émotions d'un coup.Après avoir tergiversé tout le reste de la journée, elle avait été soulagée un bref instant (très bref) de constater que le chevalier n'était pas mort pour ensuite se sentir humiliée comme jamais. La situation était tellement incongrue qu'elle se demandait si tout ça était bien réel ou alors si elle était en plein délire. Quoi qu'il soit, elle relâchait toute cette pression dans un rire salvateur. Ça faisait trop de bien.
Le Sénonais, de son côté, se dit qu'elle avait soudainement perdu le peu de raison qu'il lui restait. Son inquiétude se transforma vite en énervement quand il capta qu'elle se moquait tout simplement de lui, en le pointant du doigt.
Il était plus que outré et pour la faire taire, fit la seule chose qui lui passa par la tête.Il emprisonna les lèvres de l'Anglaise en l'embrassant.
C'est peu le dire que, la jeune femme resta coite devant cet assaut et se laissa entraîner par un maelström de sentiments contradictoires.
Chamboulée par ce baiser dénoué de toute tendresse au départ, il se transforma au fur et à mesure en quelque chose de beaucoup plus doux et sensuel. Marie perdit complètement pied, tout comme Louis, pris à son propre jeu. Il fut gagné par l'euphorie et accentua la pression pour s'insinuer encore plus profondément en elle , trouvant la bouche de cette femme très agréable. Un désir sourd se réveilla en lui.
Marie ne sut si c'était à cause de l'odeur nauséabonde de la porcherie ou en entendant le grognement de plaisir de Louis mais elle eut un éclair de lucidité et realisa ce qu'il était en train d'arriver. Pour reprendre le contrôle, elle le mordit en bonne et due forme. En poussant un juron, le chevalier s'écarta d'elle et se releva pour la toiser méchamment. Il était mortifié d'avoir céder à cette pécheresse. Elle se leva à son tour et soutint son regard.
— Beurk ! Un vrai goût de fiel* ! sortit-elle.
Piqué au vif, Louis ne put s'empêcher de répondre à cette provocation.
— Tais-toi, femme ! Tu n'es qu'une engeance du Diable. Même pas capable d'embrasser correctement ! Que Dieu me pardonne mais ton défunt époux ne rate vraiment rien...
— Je vous conchie !* Vous n'êtes...
— Kaoc'h* alors ! Mais qu'est-ce qu'il se passe ?
Un juron breton interrompirent les deux ennemis. Il pivotèrent et virent le chevalier de Kentel en train de les regarder, les yeux écarquillés.
— Mais dans quel état vous êtes ?! Ça puire *!Vous vous êtes roulés dans la boue ou quoi ?
Louis prit les devants pour couper court à toute hypothèse.
— Ce n'est rien Malo. Damoiselle Marie est un peu malhabile et est tombée dans la boue. Je l'ai aidée à se remettre sur pied. Je me suis juste sali, c'est tout
Marie le fusilla du regard. Quel menteur celui-là !
— Ce qu'à oublié de préciser, messire Louis, c'est qu'en me relevant, il s'est pris les pieds lui-même dans un pauvre pourceau et s'est cassé la figure. Bien, cela étant dit, messires, il se fait tard. Je vais vous laisser à vos occupations.
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En partant dans l'ivresse
RomanceRomance historique Aquitaine, 1453 La bataille de Castillon est remportée par l'armée de la couronne française, mettant fin à plus de trois siècles d'occupation anglaise. Charles VII, roi de France, unifie son territoire mais les fidèles au royaume...