CHAPITRE 5

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  Les jours se ressemblaient de plus en plus, la tristesse du début d'hiver, les couleurs froides, le vent qui fouette le visage, les doigts gelés, les maladies, les décès. L'âme en peine, le plus grand se sentait mal, les nouvelles allaient vite dans cette petite ville. Valentin ne comprenait pas pourquoi son voisin de classe avait fait une telle bêtise. Enfin si, il comprenait, il comprenait aussi qu'il n'avait pas été là pour lui, qu'il n'avait pas été là quand le plus petit en avait eu vraiment besoin. Il sortit du lycée pour la pause matinale, il prépara alors son habituel joint qu'il prennait pour supporter l'absence du plus petit. Une nausée vint prendre place au fond de sa gorge. L'idée de ne pas avoir été là pour l'autre Valentin, il avait appris son prénom au moment où le directeur était venu les voir pour leur dire que Valentin Halter n'allait pas être présent en cours pour un temps indéterminé mais certainement très long ou définitif. Il s'en voulait tellement de ne pas avoir été là. De ne pas lui avoir montré qu'il tenait à lui, qu'il éprouvait quelque chose pour lui. Et maintenant il allait tout les soirs a l'hôpital lui dire a quel point il est désolé de l'aimer mais de ne pas avoir eu le courage de lui dire plutôt et chaque soir il se sentait un peu plus bête se souvenant trop tardivement que son bien aimé était sourd avant son accident et donc même s'il a fait un tentative de suicide qui a pratiquement fonctionné il y a peu de chance qu'il l'entende. Mais un espoir perdurait. Même s'il commençait à s'effacer au fil des jours. Ce soir là c'est le cœur battant encore plus fort que d'habitude que Valentin passa la porte de l'hôpital, il avait reçu un message du meilleur ami de Valentin, Théo, qui lui disait que le plus petit n'allait pas bien, enfin d'après les diagnostics des médecins. Il avait alors quitté la salle 206 de manière précipité sous le regard des élèves perplexe et celui du professeur exaspéré de son comportement. Il avait croisé Jordan et Maxime avant de partir leur expliquant qu'il devait partir au plus vite, le premier compris tout de suite de quoi il s'agissait mais le second ne compris pas vraiment le pourquoi du comment. Valentin n'en pouvait plus de courir malgré sa bonne condition physique il était à bout de souffle et l'hôpital était encore loin. Une douleur dans les jambes, un souffle court, mais la joie d'être enfin arrivé a destination. Il connaissait très bien l'emplacement de la chambre de plus petit. Il y alla mais hésita avant d'entrer. Une main sur la poignée. Il tomba sur Théo le visage en larme.

- Théo ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Val'. Je suis désolé.

  Un monde qui s'effondre, il poussa Théo et tomba sur Valentin, sur le même lit blanc que d'habitude. Mais une chose avait changé. Plus de machine. Il n'y avait plus le bip incessant du rythme cardiaque du plus petit Valentin, une larme coula sur la joue déjà très rouge du bouclé. Puis se fut un torrent de larmes, il n'arrivait plus à s'arrêter, le visage du plus petit avait l'air figé dans le temps, les lèvres légèrement plus bleu que la légère couleur rosé qu'elles avaient avant, son teint était plus blanc.

  Il était mort. Depuis une heure. Son âme avait préféré partir, ne supportant plus la douleur causé par les actes, les brimades, les rires, le temps et les mots. Plus aucune raison de rester en vie. Il est parti comme il est venu en pleurant. Mais cette fois c'était bien la dernière fois.

  La main tremblante, Valentin saisit celle du plus petit. Elle était glacé. Une autre mains vint remettre une mèche de cheveux sur le front du défunt. Il était beau. Mort, mais incroyablement beau. Une autre larme coula sur ses joues déjà humide. Théo qui assistait a toute la scène arriva a sentir les sentiments du bouclé pour son ami, son meilleur ami. Il aurait tellement aimé que ce dernier voit ça. Non pas un homme a moitié détruit mais un homme qui l'aime, malgré le fait qu'il soit différent.

- Valentin, arrête de pleurer. Il est parti c'est ce qui était le mieux pour lui. Il était pas bien, il était très mal. C'est pas la première TS qu'il fait. Mais c'est la première qu'il réussi.
- Arrête s'il te plaît je veux pas y croire, il peut pas avoir fait ça. Putain il est pas possible ce gosse. Mec je l'aimais, je m'en suis juste rendu compte trop tard. Je suis trop con, si j'avais été là pour lui il aurait jamais fait une connerie pareille.
- Avec des si on refait le monde. Désolé Valentin on ferait mieux d'y aller ses parents ne vont pas tarder.

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