Une histoire sans fin

7. La dispute.

Octobre 2021

Le lendemain matin, je me réveille avec les premiers rayons du soleil qui filtrent à travers mes rideaux. Je grimace, je sens ma tête encore lourde de la veille. J'ouvre péniblement les yeux, et je le vois : James, en train de dormir, sa tête posée sur ma poitrine, son bras protecteur m'enlaçant, pour ne pas me laisser partir. Je souris malgré moi à cette vision, attendrie. Je passe une main dans ses cheveux toujours extrêmement courts mais doux.

Je sens ses jambes remuer légèrement pour s'emmêler autour des miennes. Il détourne la tête pour embrasser la première chose qu'il voit au réveil : mon sein recouvert par ma nuisette. Puis, il remonte ses baisers jusqu'à mon cou. Il finit par s'allonger sur moi et poser son front contre le mien. Je le laisse s'insinuer entre mes jambes et l'enlace, posant mes mains dans le bas de son dos. A ce contact, il frissonne.

Je lui vole un rapide baiser, et soutiens son regard. Il a les yeux rouges de fatigue. Aucun de nous n'ose parler, profitant de ce rare moment d'intimité. Ses pupilles ne dégagent plus la colère de la veille, mais uniquement de la tendresse, voire du soulagement. Jamais je ne pourrais te laisser.

— Je te fais un café? murmure-t-il, comme si rien ne s'était passé la veille.

— Oui, s'il te plait.

Je décide de ne pas revenir sur ce sujet tout de suite. Il dépose un baiser sur mon front, puis mon nez et enfin mes lèvres avant de se lever. Il enfile son jean de la veille et se dirige vers la cuisine, pour préparer le petit déjeuner. Je reste quelques minutes dans mon lit, réfléchissant aux événements de la veille.

Il y a quelque chose en toi que je n'arriverais jamais à comprendre. Tu es deux personnes différentes, à la fois. Tu sais être cet homme que j'aime par-dessus tout, prévenant, aimant et tendre. Mais tu sais être aussi cet homme froid, colérique et ignorant que je déteste. Il y a cette chose dont tu ne veux jamais parler. Ton passé te hante, et resurgit à des moments improbables pour nous détruire.

Je m'assois au bord de mon lit, me prenant la tête entre mes mains. Je ne sais pas combien de temps je tiendrais, avec tes deux personnalités contraires.

Finalement, je me lève, chassant mes pensées obscures de mon esprit embrumé. J'enfile une robe de chambre légère, serrant la ceinture autour de ma taille, et suis la douce odeur du café qui se dégage de la cuisine. Je me surprends à l'observer, en train de servir la boisson chaude ainsi que deux verres de jus d'orange. Il prépare également des œufs brouillés, typiquement écossais comme petit déjeuner et parfait pour débuter le week-end. Je viens l'enlacer par derrière, sans bruit. Il caresse mon bras qui entoure sa taille. Je dépose un nouveau baiser sur son épaule nue.

— Ça sent bon !

Je le relâche et m'installe à la table de cuisine. Il me rejoint avec des assiettes contenant les œufs brouillés ainsi que du saumon fumé. Nous déjeunons ainsi en silence, nous échangeant uniquement des banalités autour de la météo, et des sujets d'actualités.

Soudain, je suis interpellée par l'écran de mon téléphone qui s'allume. Je m'excuse rapidement auprès de James, et regarde le nom du destinataire, et l'intitulé du message. C'est Erin, ma meilleure amie. Je souris automatiquement en voyant son nom s'afficher.

Elle travaille comme conservatrice dans la réserve nationale du Masai Mara, au sud-ouest du Kenya. Cette réserve naturelle permet de protéger de nombreux animaux tels que des éléphants, des lions, des zèbres ou encore des gnous. Tous les trois à six mois, elle revient en Écosse pendant quelques jours. Cette fois, elle est partie huit mois. C'est la première fois qu'elle s'en va aussi longtemps. Je sais qu'elle reste de plus en plus là-bas, ayant rencontré son fiancé actuel, Dave Droski. C'est un soigneur russe de la réserve. Ils se sont connus peu de temps après l'arrivée d'Erin au Kenya. C'est pour cet homme qu'elle a de plus en plus de mal à le quitter pour revenir en Ecosse. En effet, au bout de six ans de relation ils envisagent le mariage et d'avoir des enfants, tout en restant au Kenya, au grand dam des parents d'Erin, qui voudraient qu'elle revienne en Ecosse.