EPISODE 4: POST-MORTEM

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Hélène rentra, embrassa Alison et se dirigea directement dans sa chambre, située à l'extrémité du salon. Elle ne remarqua pas Janel. Alison alla la border et partit se coucher sans diner. L'appartement était silencieux. Depuis le retour de Janel, Hélène ne parlait plus beaucoup.

Le lendemain à la cantine, Alison et Janel était assise face à face. Cinq filles de leur classe se joignirent à elles.

-Salut les filles, dit Wendy.
-Wesh, répondit Janel, sure d'elle.

Malika était là. Janel la fixait étrangement: "Alors c'est elle qui a énervé ma Alison?" se dit-elle.

-T'es Malika, toi, non? Demanda t-elle.

-Oui, c'est moi.

-T'as pas des excuses à faire?

Le comportement de Janel était hautin, ce qui surpris Alison. Ce n'était pas dans son habitude. Elle jouait la comédie.

-Heu, si, désolée, je t'ai jugé trop vite.
-Je m'en fiche, c'est à Alison que tu dois des excuses. Tu l'as énervé.

Malika était stupéfaite. Elle s'excusa immédiatement auprès d'Alison. Janel lui mettait vraiment la pression. Malika était rondelette, ses cheveux bruns était toujours en pagaille. Elle n'arrêtait pas de les recoiffer.

-Je m'en fiche aussi Malika, répondit Alison.

Janel lui lança un regard dans lequel elle pouvait lire : "Allez! C'est le moment de te faire des amies!"

-Mais je t'en veux pas, s'empressa t-elle de rajouter.
-Okay, cool alors. Répondit Malika.

-Brefons, coupa Wendy, les miss, vous faîtes partie d'une association?
-Non, pourquoi?
-Vous devriez, pouffa t-elle.
-Qu'est ce que tu veux dire? Demanda Alison.
-Bah, jsais pas, vous devez pas avoir beaucoup de ressource non? Vu comment vous vous habillez...

Alison avait deux tenues, une paire de jeans usées, une jupe grise et deux t-shirts GoSport, tandis que Janel avait trois joggings du même modèle, noires et slims, et quelques débardeurs.

-Si vous avez besoin de thune, y a l'assistante sociale, elle peut faire quelque chose pour vous.

Wendy prit une expression qui agaçait Janel. C'était le genre de fille qu'elle détestait le plus. Superficielle et maquillée quotidiennement comme pour aller à un shooting sponsorisé par Séphora. Elle avait de long cheveux bouclé châtain clair. Elle était petite de taille et avait une grosse poitrine qu'elle avait encore plus mise en valeur grâce à un décolleté plongeant. Janel pris son plateau et s'en alla soudainement, laissant Alison toute seule avec les "autres".

-Wahou, elle est susceptible ta sœur!
-C'est pas ma sœur, répondit Alison sèchement.
-C'est quoi alors? Vous avez le même nom de famille et vous vivez ensemble!
-On est née post-mortem, nos mamans ont eu un accident, elles ont accouché mortes, ils ont décidé qu'on était sœurs, voilà.

Les filles étaient sceptiques, le ton d'Alison n'allait pas avec ce qu'elle racontait. Elle n'éprouvait aucune émotion.

-Et vos mamans elles se connaissaient ?
-J'en sais rien, peut-être, on n'a aucune idée de qui elles étaient. On a été envoyée en France à deux ans.
-Vous êtes nées où?
-Au Liban, il parait.. mais on est pas libanaise.
-Quoi? Tu te fiches de nous, personnellement, j'y crois pas à ton histoire toute faîte, rétorqua Wendy.
-Comme tu veux.

Alison n''insista pas, son esprit était occupé par Janel. Elle était énervée. Janel l'avait laissé tomber. De plus, elle avait sécher tout le reste de la journée. Alison se forçait à rester avec Malika, Wendy et les autres, qui la regardaient comme un ovni. Alison éprouvait une profonde haine envers ces filles mais s'efforçait d'avoir l'air paisible. " Je dois faire semblant, c'est ce qu'on a dit. " Mais elle se rendit compte qu'elle n'avait plus aucune motivation, elle avait besoin de soutien, celui de Janel. Elle décida de rentrer chez elle avant le dernier cours.

Quelques heures plus tôt, dans une cabine téléphonique, Janel composa un numéro qu'elle connaissait par cœur:

-C'est qui? Répondit une voix rauque.
-Le corbeau.
-De retour! Que me vaut cet appel?
-L'argent qu'on me doit, c'est toi qui l'a, j'en ai besoin.
-Déjà? Bon, tes désirs sont des ordres, je t'envoie combien?
-Tout.
-Hm, c'est sérieux...Je prépare ça, tu sais où le récupérer. Janel, en fait, t'as réfléchie au "poste" dont je t'avais parlé?
-Non, mais ne m'en parles plus.

Lorsque Alison rentra vers seize heures, ni Janel ni Hélène n'étaient là. Elle alla dans sa chambre, et vit, sur le lit deux-places qu'elles partageait avec Janel, cinq sacs. Elle s'empressa d'aller les ouvrir. Dans le premier, il y avait un jeans Diesel, le deuxième contenait un sac noir Kors, dans le troisième il y avait des bottes Ugg, et dans le quatrième, une demi-douzaine de hauts Zara. Le dernier sac était plus petit que les autres, elle y trouva le dernier Iphone.

-Alors ça te plait?

Alison sursauta, elle n'avait pas entendu rentrer Janel.

-C'est toi qui a ramené tout sa?
-Oui, rien que pour toi, lui sourit t-elle.
-Mais comment tu as fais? Ça vaut au moins 1000 euros tout sa!
-Rien est impossible quand on aime, rit t-elle.
-T'as braqué une banque ou quoi?
-Ahaha, laisse tomber je t'ai dis. C'est un cadeau de moi à toi, t'en fais pas pour le reste.
-Tu me dis jamais rien! Si tu les as volé, j'en veux pas!
-J'ai rien volé du tout, on me devait de l'argent, je l'ai utilisé pour toi, pour te faire plaisir, et avec ce nouveau look, tu seras plus facilement intégrée.
-Y a des choses plus importantes que mon look, tu crois pas?
-Non,je crois pas, mais dis toujours!

Janel était au bord du fou rire.

-Le loyer, par exemple! Hélène a des soucis financiers en ce moment, si elle arrive plus à payer pour nous, on retourne au foyer, c'est ça que tu veux?
-Plutôt mourir.
-Janel!
-Ça te plait alors, ce que je t'ai apporté?
-Toi alors! Tu peux pas être sérieuse deux secondes!

Alison, furieuse, voulut sortir de la chambre, mais Janel l'en empêcha. Elle se mit devant elle et lui bloqua le passage. Son regard était froid et son sourire ironique avait disparu.

-Je t'ai posé une question, non ?!

SALAMANGREYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant