Nous vivons pour mourir

40 9 0
                                    

Nous vivons pour mourir. C'est avec cette devise que nous nous réveillons tous les jours, dans ce laboratoire scientifique parmi d'autres expériences. Pour une personne normale, cette devise consisterai à naître, puis à mourir près de quatre-vingts années plus tard. Mais je fréquente peu d'individus de la sorte. Notre vie à nous ne se résume certainement qu'à une longueur de vie de vingt ans tout au plus. Et encore, je suis optimiste.

Cobaye. C'est ça, ma vie. Chaque seconde que je passe, ce mot résonne dans ma tête pour me rappeler que mon existence n'est que fictive. Que je n'ai ni amis, ni véritable famille, seulement des cobayes, comme moi. Je n'ai jamais connu l'amour, le chagrin, la peur. Toutes ces émotions qui paraissent si importantes dans l'environnement d'une adolescente de mon âge ne m'atteignent pas.

— Comment te sens-tu, December ? Me demande une scientifique accompagné d'un sourire.

— Ça va.

Je sens l'aiguille sortir de mon bras. Je la suis des yeux sans émotions. Je suis dans l'obligation de suivre un régime depuis mon plus jeune âge ; qui comprend une séance où les scientifiques nous implantent de l'antidote dans le sang de façon trimestrielle afin que notre corps reste immunisé jusqu'au jour fatidique.

Jour que nous avons enfin dépassé d'une semaine.

Nous en entendions parler quotidiennement depuis que nous sommes dans la capacité de prononcer une syllabe. C'était le processus le plus important, celui qui va tout compromettre.

Cela fait sept jours que nous avons tous, mes onze camarades et moi, l'huscose dans notre organisme. J'aurais trouvé ça effrayant il y a quelques années, mais aujourd'hui ça ne me fait plus grand chose.

Nous savons que nos chances de survivre sont minimes. Cela dépend du mois de notre naissance, évidemment. Mais ce sont des chiffres confidentiels qui sont interdits de nous être transmit.

Mes yeux dérivent vers Charlie, le visage fermé. C'est ce scientifique qui est derrière tout cela. C'est cet homme qui a tenu à ce que l'on ne nous communique pas les pourcentages de chance que l'on survivent. Il a pour discours que si nous serions au courant, cela pourrait nous démotiver comme minimiser la situation délicate dans laquelle nous nous trouvons.

Je le dévisage alors qu'il est concentré sur le flacon contenant mon sang, qui se trouve à présent entre ses gros doigts.

Son visage à les expressions les plus durs que je n'ai jamais vues. Cette bouche qui forme un trait parfaitement droit ne m'a jamais offert une courbe.

Il nous a adopté dans le but d'agrandir la science. C'est un homme dur, impassible et sans pitié.

Il tient seulement à nous faire passer lui même les tests psychologiques et physiques une fois tous les trois mois pour surveiller de près notre santé mentale. De temps en temps, il arrive qu'il soit présent lors de nos prises de sang hebdomadaires, comme aujourd'hui.

Cet homme est le plus assidu dans son travail de tout le laboratoire. Nous sommes entourés d'experts, c'est certain et ils sont tous très sérieux, mais Monsieur Charlie à atteint un stade au dessus. Il vit de ça, il ne parle que de ça et ne pense qu'à ça.

C'est lui-même qui a choisi nos prénoms : January, February, March, April, May, June, July, September, October, November, et moi-même, December. Et c'est bien la preuve que nous sommes que de simple objets à ses yeux. Dire que cela nous blesse n'est pas vrai. Dans mon cas, ça fait bien longtemps que je l'ai compris.

A sa place, une dizaine de scientifique s'occupent de nous comme il le faut. Ça ne vaut pas des parents digne de ce nom, mais en soit, ils les remplacent parfaitement.

DecemberOù les histoires vivent. Découvrez maintenant