- C'est incroyable comment elle te ressemble, mon pote...

- T'as vu... et pourtant elle est quand même super belle...

Guillaume lance un regard blasé à son meilleur ami qui, visiblement, ne semble pas être au courant qu'il y a certaines personnes qu'il ne laisse pas indifférent.

- Arrête de dire de la m...de dire n'importe quoi... Elle est tellement mignonne, et je dis pas ça parce que c'est ta gosse...

- Tu veux la prendre ?

- T'es sûr ?

- Bah oui, bien sûr, tu vas pas ne pas la prendre dans tes bras de toute sa vie, si ?

Touché. Pour une fois, c'est à Orel de souligner la naïveté de Gringe et non l'inverse comme... pratiquement tout le temps. Ce dernier se sent un peu con mais le sourire bienveillant de son ami le rassure et il lui tend la petite fille pour qu'il la prenne dans ses bras. Avec toute la douceur et l'attention dont il est capable, Guillaume l'accueil tout contre lui tout en s'essayant avec Orel sur le canapé. C'est ce moment là que Vivianne choisit pour revenir de la cuisine avec une tasse de thé pour l'un et de café pour l'autre.

- Alors Guillaume, dit-elle d'une voix douce, comment se passent les présentations ?

- Bien, très bien...

Tout comme Orel la première fois qu'il est venu lui rendre visite, Gringe ne quitte pas des yeux la petite fille qui lui a déjà volé son coeur.

- C'est plutôt atypique de vouloir élever un enfant entre amis, si je peux me permettre.

Guillaume relève les yeux et peut lire dans ceux de son interlocutrice que sa question n'a rien de malveillant. Il lui sourit, tout en caressant les cheveux légèrement bouclés de Naomi.

- J'me voyais pas laisser Orel se débrouiller tout seul, quand on est potes, c'est pour le meilleur et pour le pire... Et ça va pas être facile mais j'pense que ça va être génial de l'avoir avec nous.

Le rouge monte aux joues d'Orel qui pose sa main sur celle de Guillaume pour la serrer doucement, le remerciant de sa loyauté en silence. Ce petit geste somme toute innocent n'échappe pas aux yeux de Vivianne qui arbore un petit sourire taquin. Elle n'est pas dupe, n'importe qui connaissant un minimum Aurélien et Guillaume est capable de deviner l'évolution si évidente de leur amitié, même si eux en sont incapables, pour le moment.

Alors qu'elle regarde sa montre, Vivianne déclare qu'il est l'heure de la sieste de Naomi et comme à chaque fois qu'il vient la voir, Aurélien sent son coeur se serrer à l'idée de devoir laisser sa fille. Mais il s'arme de patience car c'est à la fin de la semaine qu'elle arrive, et il est impossible de dire lequel des deux amis est le plus impatient. Le plus jeune annonce qu'il va aller lui lire une histoire pour l'endormir, moment privilégié qu'il aime déjà partager avec elle et c'est avec regret que Guillaume voit son ami lui prendre la petite fille des bras. Il l'embrasse, son regard en dit long sur ce qu'il éprouve et c'est attendrit qu'il observe Aurélien s'éloigner avec Naomi.

- Aurélien me raconte souvent à quel point vous êtes là pour lui.

- C'est vrai ?

- Oh oui... Au départ je dois vous avouer que je pensais que vous étiez son petit-ami... dit-elle en riant avant de reprendre, la façon dont il parle de vous et la façon dont vous l'avez soutenu, je me suis méprise...

Guillaume esquisse un petit sourire gêné, si elle savait... Enfin, elle doit sûrement le savoir, vu les oeillades complices qu'elle lui lance.

- Non, y a rien entre Orel et moi, c'est... on est juste amis, très amis. C'est tout. Enfin, c'est pas tout, on à tellement été là l'un pour l'autre, on à traversé tellement de trucs tous les deux que, bah... ça rapproche... un peu.

- Un peu, appuie t-elle.

- Oui, enfin... un peu beaucoup. Je serai toujours là pour lui et je sais que l'inverse est réciproque...

Le jeune homme ne sait masquer la gêne qu'il ressent lorsqu'il parle d'Orel et ses joues se teintent doucement de rouge.

- Il m'a dit que vous travailliez dans le cinéma ? Vous êtes réalisateur ?

- Ah ah, non, je travaille dans un cinéma. Je déchire les tickets à l'entrée, quoi.

- Ca vous plaît ?

- Bah... j'ai fait pire, on va dire, dit-il, esquissant un petit sourire timide en portant la tasse de café à ses lèvres.

- Et comment vivez vous l'arrivée de Naomi dans vos vies ? Vous avez l'air au moins autant impliqué qu'Aurélien !

- Ouais bah... je vous l'ai dit, c'est mon pote mais s'il fait n'importe quoi, j'suis là pour lui faire comprendre et lui pareil. Donc quand il à commencé à dire qu'il était pas fait pour être père et que ça sous-entendait de laisser une petite fille qui vient de perdre sa mère et qui n'a pas d'autre famille aller dans un foyer ou j'sais pas quoi, j'ai pas pu le laisser faire. Surtout que... j'suis persuadé qu'il va être génial, il l'est déjà. Mais sinon, moi je suis plus qu'heureux... et encore plus de le vivre avec Orel...

Cette dernière phrase n'était peut-être pas des plus nécessaires mais foutu pour foutu, tant qu'Orel n'avait jamais vent de ses sentiments, ce n'était pas si grave que ça.

- Je suis sûre que cette petite sera très heureuse avec vous deux. Et je l'ai déjà dit à Aurélien, mais vous savez que vous pouvez l'un et l'autre m'appeler si vous avez des questions, des craintes ou quoi ou qu'est-ce, d'accord ? Il n'y a pas de question bête en terme de parentalité, surtout quand ça vous tombe dessus sans prévenir !

- Orel à déjà acheté pas mal de bouquins, donc... mais merci, vraiment.

- Donc tout est prêt chez vous ?

- Oui, tout... sourit-il.

Ces derniers jours ont été intenses pour les deux garçons entre la construction de meubles, la réorganisation de l'appart, le ménage qu'ils ont mis trois jours à faire entièrement par manque total d'organisation. Si on lui avait dit qu'un jour il allait devoir faire de la place (i.e virer les bières) dans son frigo pour pouvoir y ranger des tonnes de petits pots à la carottes... Petits pots que lui et Aurélien trouvent particulièrement délicieux et qu'il faudrait qu'ils arrêtent de s'en empiffrer quand la petite sera là.

- Comment vous allez vous organiser, comme vous travaillez tous les deux ?

- On y a bien réfléchi, Orel en a parlé à son patron qui s'est montré assez compréhensif donc il lui laisse tous les jours normaux pour les gens qui viennent d'avoir un enfant et à l'issu de ça, bah le père d'Orel est à la retraite et du coup il va venir s'en occuper et puis si ça convient à Orel, eh bien on la mettra à la crèche.

- Et vous, ça vous convient ?

- Euh... J'sais pas, c'est lui le père, pas moi... Donc je fais comme il veut.

- Je suis sûre qu'Aurélien sera ravi d'avoir vos conseils, n'hésitez pas à lui en parler, il est assez ouvert comme garçon, mais je ne vous apprends rien...!

- Ouais, c'est vrai, il est top...

C'est ce moment précis que choisis Aurélien pour rentrer de nouveau dans le salon, le coeur lourd d'avoir laissé sa fille. Guillaume se leva et le couva du regard, se retenant de le prendre dans ses bras. Il n'aimait pas le voir arboré cette petite mine triste et déçue qu'il avait lorsqu'il rentrait des visites. Le plus jeune leur adressa à tous les deux un petit sourire et Guillaume lui prit discrètement la main pour la serrer dans la sienne. 

NaomiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant