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J U I N  2 0 2 0
O M N I S C I E N T

— Chapitre 3 : grand-père.

Alerte, un sujet très sensible.  à l'heure où j'écris ces mots, je suis encore très touchée par ce qui est arrivé.

J'ai perdu mon grand-père il y a... Wow, seize ans de cela. Oui, j'avais seulement six ans, et de savoir que peu à peu mes souvenirs à ses côtés s'estompent, ça me donne le cafard.

Quand il était décédé je ne me rendais pas bien compte de l'impact que ça a pu avoir dans ma vie.

Je n'avais que six ans, après tout. Mais à présent, alors que mes proches ont fait le deuil, moi, je ressens encore ce manque.

Je suis juste déçue de ne pas avoir pu être avec lui plus longtemps, lui qui rêvait justement d'avoir une petite fille.

D'une banale crise cardiaque me diriez-vous. Je me suis toujours demandée ce qu'il se passait quand la mort nous emportait. Mon grand-père l'a su mais n'a pas pu me raconter son expérience.

Je suis française à la base; j'habite à Liverpool depuis maintenant quatre longues années. Voir mes proches me rappelaient son visage, ses mimiques. Des images qui restent gravées dans ma tête malgré les années qui passent. Je ne peux pas me permettre de l'oublier, je me l'interdis.

Je sais que je n'étais pas la petite fille modèle, et nombreuses sont les anecdotes à mon sujet. Mon père, ma grand-mère, que j'aime plus que tout au monde, me racontaient que je n'arrivais jamais à trouver le sommeil, ils étaient obligés de me faire faire un tour en voiture pour que je parvienne à fermer l'œil.

Ou encore que je suis née le jour du sacre de la France, en 1998. Combo pour mes proches. Ils voyaient leur équipe nationale gagner une compétition majeure pour la première fois ; selon mon grand-père, un ange est tombé du ciel le 12 juillet 1998.

C'était moi.

Mais pourquoi a-t-il quitté ce monde si tôt ? S'il savait à quel point j'avais besoin de lui lors de mon adolescence, mais il n'était pas là. S'il savait à quel point je l'aimais, et que même avec peu de souvenirs, je l'aimerai toujours.

Je l'appelais tard la nuit quand mes parents se disputaient, je lui demandais de venir me chercher, de me sauver de ce cauchemar éveillé, mais il n'est jamais venu.

J'aurais tellement voulu qu'il me voit grandir, qu'il me voit réussir, qu'il me dise qu'il était fier de moi, une fois mon bac en poche, que l'on se raconte des idioties.

J'aurais tellement souhaité  lui dire je t'aime une dernière fois, que jamais je ne l'oublierai, qu'il comptait pour moi.

Pourquoi je n'ai pas pu le lui dire putain ?  Il habitait à deux heures de mon domicile, je me vois encore lui dire que j'avais hâte au prochain week-end pour le voir.

Pourquoi il m'a abandonné, il m'a laissé seule, face à mon avenir, j'aurais aimé avoir de ses conseils pour espérer prendre les bonnes décisions.

Il ne m'a pas laissé le temps de lui raconter toutes mes péripéties, qu'elles soient drôles ou non, durant l'école primaire.

Si seulement je pouvais le voir maintenant, qu'une seule minute même, lui dire que je sans lui je n'étais que l'ombre de moi-même, qu'il me manque et que j'ai tellement besoin de lui et de rien d'autres, je l'aimais plus que ma propre vie, alors que je n'avais que six ans à son départ.

Je ne peux même plus regarder ma mère droit dans les yeux, tant elle me fait penser à lui, elle a hérité de son sourire, de ses fossettes, mais pas de son cœur. Si seulement ma mère avait pu être comme lui, si parfaite, mais impossible.

Je me souviens de la chanson lors de son enterrement.

Une chanson française, d'ailleurs, ça me fait bizarre d'écrire quelque chose en français dans ce carnet.

"Sous le vent - Garou & Céline Dion."

Cette chanson qui me détruit, moi qui étant petite la chantait à tue-tête dans mon salon, mais à présent, dès que je l'entends, mes larmes coulent sans que je m'en aperçoive.

Il faut que je me fasse à l'idée qu'il ne reviendra pas, mais dans mes rêves je l'entends m'appeler, je dois le rejoindre, et je le rejoindrai un jour, quand mon heure sera venue.

À moins que je ne chamboule ceci en quittant ce monde prématurément. À voir, je garde cette idée dans un coin de ma tête.-

Trent sentit une boule se former dans son ventre, il avait peur. Pourquoi l'histoire de cette jeune femme semblait similaire à la sienne ?

Il secoua la tête et écouta la chanson préalablement écrite par cette même femme. Il trouva la traduction anglaise et ne put s'empêcher de retenir ses larmes en écoutant les paroles.

Il tourna la page pour commencer le chapitre, mais en vain. Il n'y en avait plus.

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-trenteseptkm

carnet» TRENT ALEXANDER-ARNOLDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant